S. m. (Grammaire) jugement incertain d'une action, en conséquence duquel nous craignons qu'elle ne soit mauvaise, et nous hésitons à la faire. Les gens à scrupule sont insupportables à eux-mêmes et aux autres ; ils se tourmentent sans-cesse, et s'offensent de tout. Ce vice est la suite du peu de lumières, du peu de sens, de la pusillanimité, de l'ignorance, et d'une fausse opinion de la religion et de Dieu.

Si l'on était plus éclairé, on verrait distinctement le parti qu'il y aurait à prendre ; si l'on avait plus de courage, on ne balancerait pas à agir ; si l'on avait de Dieu l'idée d'un être miséricordieux et bienfaisant, on se reposerait tranquillement sur le témoignage de sa conscience, fortement persuadé que cette voix de Dieu qui parle au-dedans de nous, ne peut jamais être en contradiction avec la même voix de Dieu, soit qu'elle se fasse entendre dans les livres saints, soit qu'elle s'adresse à nous par la bouche des prophêtes, des saints, des anges mêmes.

Il y a des scrupules de toute espèce ; on n'en est pas seulement tourmenté en morale, il y en a dans les sciences et dans les arts. Un géomètre scrupuleux s'impose la nécessité de démontrer des propositions dont l'évidence frappe tout homme qui entend les termes ; je ne sais à quoi servent ces démonstrations, dont chaque proposition prise séparément, n'est ni plus ni moins claire que l'énoncé du théorème ou du problême, et dont l'ensemble l'est moins, par la seule raison que pour être saisi, il suppose quelque contention d'esprit, que l'énoncé ne demande pas ?

Un écrivain scrupuleux, modifie presque toutes ses propositions, il craint toujours de nier ou d'affirmer trop généralement, et il écrit froidement ; il n'est jamais content, s'il n'a rencontré l'expression et le tour de phrase le plus propre à la chose qu'il énonce ; il ne se permet aucune inversion forte, aucune expression hardie ; il nivelle tout, et tout devient sous son niveau égal et plat.

SCRUPULE, s. m. (Histoire et Commerce) était le plus petit des poids dont se servaient les anciens. C'était chez les Romains la vingt-quatrième partie d'une once, ou la troisième partie d'une dragme. Voyez ONCE, etc.

Scrupule est encore un poids qui contient la troisième partie d'une dragme, ou qui pese 20 grains. Voyez GRAIN.

Chez les Orfèvres le scrupule est de 24 grains. Voyez POIDS.

SCRUPULE, en Chronologie. Le scrupule chaldéen est la 1/1080 partie d'une heure : les Hébreux l'appellent hélakim. Les Juifs, les Arabes, et plusieurs autres peuples de l'orient en font un grand usage dans la supputation du temps.

SCRUPULES en Astronomie, Scrupules éclipsés, c'est la partie du diamètre de la lune qui entre dans l'ombre ; pour exprimer cette partie, on se sert de la même mesure que l'on emploie à déterminer le diamètre apparent de la lune. Voyez DOIGT.

Scrupules de la demi-durée, c'est un arc de l'orbite de la lune, que le centre de cette planète décrit depuis le commencement de l'éclipse jusqu'à son milieu. Voyez ECLIPSE.

Scrupules d'immersion ou d'incidence, c'est un arc de l'orbite de la lune que son centre décrit depuis le commencement de l'éclipse jusqu'au temps où son centre tombe dans l'ombre. Voyez IMMERSION.

Scrupules d'émersion, est un arc de l'orbite de la lune, que son centre décrit depuis le premier instant de l'émersion du limbe de la lune jusqu'à la fin de l'éclipse. Voyez EMERSION. Wolf et Chambers. (O)

SCRUPULE CHALDAIQUE, (Calendrier) c'est la 1080e. partie d'une heure, dont les Juifs, les Arabes et autres peuples orientaux se servent dans le calcul de leur calendrier, et qu'ils appellent hélakim. Dix-huit de ces scrupules font une minute ordinaire. Ainsi il est aisé de changer les minutes en scrupules chaldaiques, et ceux-ci en minutes. On compte 240 de ces scrupules dans un quart d'heure. (D.J.)