terme de Manufacture, ce mot signifie préparer ou disposer sur une machine faite exprès, les fils de la chaîne d'une étoffe, d'une toile, d'une futaine, d'un basin, etc. pour la mettre en état d'être montée sur le métier, afin de la tisser en faisant passer à-travers avec la navette le fil de la trame : après que la chaîne d'une étoffe de laine a été ourdie, on la colle, et on la fait sécher, sans quoi il serait difficîle de la pouvoir bien travailler. (D.J.)

OURDIR UNE CORDE, terme de Corderie, qui signifie disposer le long de la corderie autant de fils qu'il en faut pour former la corde qu'on se propose de faire, et leur donner une longueur et une tension égale.

Quand le cordier a étendu un nombre suffisant de fils, il les divise en autant de parties, qu'il veut que sa corde ait de cordons ; il fait un nœud au bout de chacun de ces faisceaux pour réunir tous les fils qui les composent, puis il divise chaque faisceau en deux pour passer dans le milieu l'extrémité des manivelles, où il les assujettit par le moyen d'une clavette. Voyez l'article CORDERIE.

OURDIR, terme de Maçons ; les maçons disent ourdir un mur, pour signifier qu'ils y mettent le premier enduit ; ainsi ourdir en terme de maçon, c'est faire un grossier enduit avec de la chaux ou du plâtre sur un mur de moèllon, par-dessus lequel on en met un autre fin qu'on unit proprement avec la truelle. (D.J.)

OURDIR A LA TRINGLE, terme de Nattier en paille ; c'est bâtir et arrêter les cordons de la natte sur les clous de deux grosses et longues pièces de bois que les Nattiers nomment des tringles.

OURDIR, (Rubanier) est l'action d'assembler une quantité plus ou moins considérable de brins de soie pour en former un tout qui composera la chaîne telle qu'elle sait. Nous supposerons dans tout cet article une pièce ourdie à seize rochets pour nous fixer à une idée déterminée, ce que nous dirons relativement à cette quantité devant s'entendre de toute autre ; outre que c'est la façon la plus ordinaire, surtout pour le ruban, que nous envisagerons spécialement dans cette explication : je suppose même que ce ruban est à vingt portées, qui formeront six cent quarante brins de soie dont cette chaîne sera composée ; expliquons tout ceci séparément. Les rochets sont placés dans les broches de la banque, ces banques varient quant à la forme chez plusieurs ouvriers, mais reviennent toutes à un même but ; les rochets sont placés, dis-je, à cette banque, huit d'un côté et huit de l'autre, de façon qu'il y ait sept déroulements en-dessus et en-dessous, et cela pour la facilité de l'encroix, et alternativement depuis le premier rochet jusqu'au dernier ; ce qui étant fait, l'ourdisseur prend les seize bouts de soie qu'il noue ensemble, et en les ouvrant à-peu-près en égale quantité, il fixe ce nœud sur la cheville du moulin qui est en-haut, puis il encraise par deux brins. Voyez ENCROIX. Il décharge ses doigts qui sont le pouce et l'index de la main droite, de ces seize brins de soie ainsi encraisés sur deux autres chevilles qui avoisinent celle dont on vient de parler ; puis au moyen de la manivelle du banc à ourdir sur lequel il est assis qu'il tourne de droite à gauche, l'ourdissoir tourne dans le même sens et les soies par la descente continuelle et mesurée du blin, voyez BLIN, s'arrangent sur le moulin et prennent la figure spirale que le blin leur impose, étant parvenu à la longueur qu'il veut donner à la pièce (& qui se connait par la quantité de tours de la spirale, puisque sachant ce qu'un tour contient, on saura ce qu'une quantité en doit contenir) il arrête et encraise par portée à cet endroit, ce qui se fait en prenant à la fois les seize brins, et les passant dessus puis dessous les chevilles de l'encroix d'en-bas, et revenant sur ses pas de manière qu'il passe ces seize brins dessus puis dessous les mêmes chevilles ; il remonte en tournant la manivelle en sens contraire, c'est-à-dire, qu'il tourne à présent de gauche à droite ; il remonte jusqu'en haut où étant arrivé, il encraise de nouveau par deux brins comme la première fais, et voilà ce qu'on appelle portée ; on voit que par cette opération il y a trente-deux brins sur l'ourdissoir, c'est ce qui constitue une portée, et que pour faire une pièce de vingt portées, il faut vingt descentes et vingt remontées, ce qui formera les six cent quarante brins requis, en multipliant trente-deux par vingt. Si l'on voulait qu'il y eut une demi-portée avec un nombre de portées complete s, on comprend assez que pour lors, il ne faudrait qu'arrêter au bas de la dernière descente : pour savoir si on a le nombre de portées que l'on souhaite, on les peut compter sur l'encroix d'en bas, en amenant la totalité auprès des boutons des chevilles de l'encroix, et les repoussant une à une dans le fond, ce qui se fait aisément, puisque chaque demi-portée se distingue de sa voisine, parce qu'ayant été encraisée en totalité, c'est-à-dire, les seize brins à la fais, et tournée dessus une cheville puis sous l'autre, ensuite sur cette dernière et sous la première, comme il a été déjà dit dans cet article, ce sont les doigts index des deux mains qui font cette opération en les amenant un peu à soi ; ils attirent un peu en-devant toutes les portées, on lâche l'un ou l'autre de ces deux doigts, mais non pas tous deux à la fois ; il se détache par ce moyen une demi-portée qui est reçue sur le doigt mitoyen de la main vacante qui s'introduit entr'elle et toutes les autres, puis donnant le même mouvement avec l'index de cette même main, l'autre demi-portée est de même reçue sur le mitoyen de l'autre main. Voilà donc ces deux doigts introduits entre une portée entière et la totalité des autres, cette portée est poussée au fond des chevilles par le dos de ces deux doigts, et ainsi des autres jusqu'au bout. Lorsqu'on veut ourdir de plusieurs couleurs à côté les unes des autres pour faire du ruban rayé, il n'y a pour cela qu'à changer les seize rochets de la première et y en substituer un autre nombre de différente couleur, et cela pour autant de portées que l'on voudra, puis reprendre encore les premiers ou même d'autres encore de différentes couleurs, prenant garde d'observer l'égalité des couleurs dans les distances des rayeures, c'est-à-dire qu'il y ait pareille quantité d'une couleur à un bord qu'à l'autre, le contraire étant dérangerait la symétrie, à-moins qu'on ne voulut faire du ruban appelé boiteux, voyez BOITEUX. Pour les ouvrages nuancés, c'est-à-dire dont la couleur Ve en diminuant par gradation, il ne s'agit que de mettre à la banque les deux rochets de la couleur la plus foncée de celle que l'on traite, par exemple, la couleur de rose ; les deux rochets seront presque de couleur de cerise ou au moins de couleur de rose foncée ; les deux autres rochets seront de couleur de rose tant soit peu plus clair, les deux suivants encore un peu plus clair que les derniers et toujours de même, jusqu'à deux rochets qui se trouveront être de couleur de chair, étant encraisés deux à deux, comme il a été dit plus haut ; ces différentes nuances se trouveront distinguées chacune à leur place dans le fil de l'encroix. Après que la pièce quelle qu'elle soit a été ainsi ourdie ; il est question de se préparer pour l'ôter de dessus l'ourdissoir, voici comme il faut s'y prendre pour y parvenir ; il faut commencer par passer le bout d'un fil (pendant que l'on tient l'autre dans la main), à-travers le premier vide que laissent entr'elles les soies sur les chevilles de l'encroix, puis ramenant ce bout de fil par-devant, après qu'il a passé par le second vide des mêmes chevilles ; ce bout est noué avec celui qui était resté dans la main, ce nœud doit être exactement fait pour n'être point sujet à se dénouer ou à se casser, ce qui perdrait totalement tout ce qui vient d'être fait, puisque le tout se confondrait pêle-mêle, et deviendrait impossible à débrouiller ; ce fil conserve les soies dans le même arrangement où elles étaient sur les chevilles de l'encroix, il doit être un peu long ; cette longueur lui est nécessaire pour pouvoir débrouiller chaque brin qui est à présent composé de deux (puisqu'il a été ainsi encraisé) pour le pouvoir passer dans les lisses et ensuite dans le peigne chacun à sa place et dans l'ordre de l'ourdissage. Ce qui vient d'être fait à l'encroix d'enhaut doit être fait aussi à l'encroix d'en-bas, où l'on a encraisé par demi-portée, ce qui distinguera encore chaque portée pour pouvoir être mise chacune à part dans les dents de l'escalette, lorsqu'il s'agira de ployer la pièce en large pour la mettre sur le métier, voyez PLOYOIR ; ce bout de fil est d'une telle conséquence, qu'il y a quantité d'ourdisseurs qui encraisent par deux, en-bas comme en-haut, afin que si par malheur un des deux fils d'encroix venait à se rompre, on put avoir recours à l'autre en retournant la pièce, étant surs de recouvrer cet encroix à l'autre bout, précaution louable et qui devrait être généralement suivie ; étant assuré par ce moyen de la solidité de ces encroix, il faut ôter cette pièce de dessus l'ourdissoir ; si les deux encroix sont encraisés par deux, il n'importera par lequel bout commencer ; mais si l'un était par portée, il faudrait commencer par l'autre, c'est-à-dire par celui qui est encraisé par deux, afin que le bout encraisé par portées se trouvât sur le billot où le tout Ve être mis, et qui se trouvera par ce moyen dessus lorsqu'il faudra plier la pièce en large ; ce bout quel qu'il soit par lequel on veut commencer, est dépassé de dessus les chevilles de l'encroix, et passé au moyen de plusieurs tours qu'on lui fait faire à l'entour du billot, dont on tient les deux bouts dans les deux paumes des mains, en le faisant tourner entr'elles par le moyen des pouces qui posent sur les bords ; il tourne de dedans en-dehors, en enroulant avec lui la pièce contenue sur l'ourdissoir ; mais cet ourdissoir libre déroulera trop vite et fera relever trop lâche, il y a plusieurs moyens pour obvier à cet inconvénient ; premièrement, lorsque l'ourdissoir a un plancher ; après avoir dépassé la corde de dessus la grande poulie d'en-bas, on attache au moyen d'un petit clou qui est sur le bord de cette poulie, une boite remplie de ferrailles ou de pierres, laquelle boite s'appelle charrette ; cette charge qui est à plat sur le plancher dont on parle, et qu'il faut que l'ourdissoir fasse tourner avec lui le fait aller doucement, et il ne cede que conséquemment au tirage du billot ; si ce plancher n'y était pas, ainsi qu'à beaucoup d'ourdissoirs où il manque, il faut en ce cas approcher le pied gauche et le poser de façon qu'il puisse recevoir sur le bout l'extrémité de chaque aîle du moulin, on est maître par-là de diriger le mouvement de ce moulin, ou même de l'arrêter tout à fait lorsqu'il est nécessaire. J'ai parlé plus haut du banc à ourdir, il y a beaucoup d'ourdissoirs où cette partie manque, pour éviter, disent ceux qui n'en veulent pas, l'embarras qu'il cause n'y ayant jamais trop de place pour tout ce métier ; pour lors il faut y suppléer en faisant tourner ce moulin par l'impulsion de la main gauche contre l'aîle du moulin où elle le rencontre ; il suffit d'une chaise pour être assis auprès de l'ourdissoir, il y en a même qui se tiennent debout, chacun fait à sa façon : quelquefois l'ourdissoir devient rude à tourner, ce qui nuit à l'ourdissage, surtout si ce sont des soies extrêmement fines ; on y remédie en faisant sortir le moulin de sa situation suffisamment pour découvrir la petite crapaudine qui lui sert de centre, et y mettre de l'huile, puis le moulin est remis en son lieu et tourne avec plus de douceur : j'ai dit dans cet article, que les rochets étaient mis à la banque alternativement en sens contraire, c'est-à-dire que le déroulement se fait en-dessus et en-dessous alternativement, voici à quoi je destine cet usage ; lorsqu'il s'agira d'encraiser par deux, les deux brins qui doivent être encraisés ensemble se seront plus approchés par la différence de leur mouvement ; en sorte que l'ourdisseur les trouvera sous ses doigts presque comme il les lui faut pour les encraiser ; il doit être encore dit ici, qu'il faut que l'ourdisseur ait presque toujours les yeux sur la banque, pour être en état de renouer sur le champ les brins qui viennent à casser, ce qu'il aperçoit par la cessation du mouvement du rochet.

OURDIR, (Soierie) c'est distribuer la quantité de fils qui doivent former la chaîne sur l'ourdissoir.

Pour cet effet, on prend les quarante fils qui composent la cantre, et après les avoir fait passer chacun dans une boule de verre, attachée au-dessus de chaque rochet sur lequel la soie est devidée, on noue tous ces fils ensemble ; ensuite on les met sur une première cheville qui est à une traverse au haut de l'ourdissoir ; après quoi on les enverge par l'insertion des doigts, voyez ENVERGER. Envergées, on les place sur deux autres chevilles à quelque distance de la première, puis on passe tous les fils ensemble sur une tringle de fer bien polie, la moitié de ces mêmes fils étant séparée par une autre tringle également polie. Les deux tringles de fer étant attachées au plot de l'ourdissoir qui, au moyen d'une mortaise carrée et de la grandeur d'un des quatre montants qui sont arrêtés en-haut et en-bas des deux croisées, dont celle d'en-bas ayant une crapaudine de cuivre dans le milieu où entre le tourillon de l'arbre de l'ourdissoir, leur donne la liberté de tourner, a la liberté de monter et de descendre. A la croisée d'en-haut est passée une broche de fer, sur laquelle s'enroule et déroule une corde de boyau, passée sur une poulie du plot, et arrêtée à un tourniquet posé perpendiculairement à la poulie du plot.

Quand l'ouvrier met l'ourdissoir en mouvement, la corde qui se déroule laisse descendre le plot ; ce plot conduit tous les fils qu'il tient arrêtés entre deux poulies, de même que par la tringle supérieure, jusqu'à ce que le nombre de tours qui indique la quantité d'aunes qu'on veut ourdir soit complet.

Quand on a le nombre de tours désiré, on prend la demi-portée avec la main droite, et la passant sur une cheville, on la fait passer dessous une seconde, et la ramenant par le dessus, on la passe ensuite dessous la première ; de manière que la demi-portée ou la brassée placée alternativement dessus et dessous les deux chevilles, forme une espèce d'envergeure pour les portées seulement ; ce qui donne la facilité de les compter.

Quand cette opération est faite, on fait tourner l'ourdissoir en sens contraire ; de manière que la corde du plot s'enroule et le fait monter jusqu'à l'endroit d'où il était descendu. Alors on enverge de nouveau, fil par fil, et l'on mêle les fils envergés sur les chevilles où ont été posés les premiers ; et faisant passer la brassée sur la première, on enverge de nouveau, on descend comme la première fois et on remonte de même, jusqu'à ce que la quantité de portées qui doivent former la chaîne soient ourdies.

La pièce ourdie, on passe des envergeures en-bas et en-haut ; celle d'en-bas servant à séparer les portées pour les mettre au rateau, quand on plie la pièce sur l'ensuple de dessus. L'envergeure d'en-haut sert à prendre les fils de suite et de la même façon qu'ils ont été ourdis ; pour tendre la pièce on la remonte.

Les envergeures passées et arrêtées, on tire les chevilles d'en-bas, et on lève la pièce en chaînette, et pour lors on lui donne le nom de chaîne. Voyez l'article CHAINE et OURDISSAGE.

OURDIR, terme de Vannier, signifie tourner et placer l'osier autour d'un moule, pour commencer à monter l'ouvrage.