v. a. (Manufacture) ce terme est d'un assez grand usage dans les manufactures et les communautés des arts et métiers.

Les tapissiers piquent des matelats, des couvertures ou courtepointes, des chantournés et des dedans et doublures de lits. Ils piquent aussi des matelats d'espace en espace avec une longue aiguille de fer, de la ficelle et des flocons de coton, pour les dresser et arrêter la laine entre les toiles ; ils piquent d'autres matelats avec de la soie et sur des desseins donnés par les dessinateurs pour leur servir d'ornement.

Les Tailleurs pour femmes piquent des corps de jupe et des corsets entre de la baleine pour les affermir.

Les Ceinturiers piquent des baudriers et ceinturons avec de la soie, de l'or et de l'argent pour les enrichir, etc.

Les faiseuses de bonnets les piquent, en y faisant avec l'aiguille plusieurs petits points carrés en oeil de perdrix ou autrement.

PIQUER, Ve act. (Charp. et Maçon.) piquer en Charpenterie, c'est marquer une pièce de bois, pour la tailler et la façonner. Piquer en Maçonnerie, c'est rustiquer le parement ou les lits d'une pierre, c'est-à-dire que piquer signifie en fait de moilon le tailler grossièrement ; on emploie le moilon piqué de la sorte aux voutes de caves, aux puits et aux murs de clôture. Piquer signifie aussi faire sur les matériaux destinés à la construction extérieure des bâtiments, les petits points ou creux nécessaires pour leur servir d'ornement ; on pique de cette manière la pierre de taille, le grès et le moilon particulièrement pour l'ordre toscan. (D.J.)

PIQUER, terme de Bourrelier, etc. qui signifie faire avec du fil blanc une espèce de broderie sur différentes parties de harnais de chevaux de carosse. Ils se servent pour cela d'une alène plus fine que les autres, qu'ils appellent alène à piquer, et passent dans les trous du fil de Cologne en plusieurs doubles qu'ils frottent de cire.

PIQUER, en terme de Cordonnier, c'est faire des rangs de points tout-autour de la première semelle d'un soulier. (D.J.)

PIQUER LA BOTTE, (même métier) c'est coudre avec du fil blanc le tour des talons couverts.

PIQUER, terme de Découpeur, c'est enlever avec un fer quelque partie d'une étoffe, et y faire une quantité de petites mouchetures. On pique de cette manière les satins, les taffetas, les draps et les cuirs, particulièrement ceux qui sont parfumés, et dont on fait quelques ouvrages pour l'usage des dames, tels que sont des corps de jupe et de souliers. (D.J.)

PIQUER, en terme d'Epinglier, c'est percer les papiers à distances égales et en plusieurs endroits pour y attacher les épingles ; ce qui se fait avec un poinçon qui a autant de pointes, c'est-à-dire vingt-cinq, que l'on veut percer de trous : le papier est ployé en carrés doubles que l'outil perce à-la-fais. Voyez les fig. et les Pl. de l'Epinglier ; ce poinçon s'appelle quarteron.

PIQUER, Ve act. terme de Manège, c'est donner de l'éperon au cheval pour le faire aller plus vite, courir ou galoper.

PIQUER DES DEUX, (Maréchallerie) c'est la même chose qu'appuyer. Voyez APPUYER.

PIQUER UN CHEVAL, en terme de Maréchal, c'est le blesser avec un clou en le ferrant.

On appelle selle à piquer une selle à troussequin, dans laquelle on est tellement engagé qu'on peut soutenir les secousses que donnent les sauteurs, lorsqu'on les pique avec le poinçon. Voyez POINÇON.

PIQUER, en terme de Pâtissier, c'est faire de petits trous sur une pièce pour lui donner plus belle apparence.

PIQUER, en terme de Piqueur de tabatière, c'est percer avec une aiguille la pièce pour la garnir ensuite de clous d'or, d'argent, etc. Voyez AIGUILLE et GARNIR.

PIQUER les cartons, (Relieur) c'est faire trois trous en triangle vis-à-vis chaque nerf ou ficelle auxquelles le livre est cousu. On pique avec un poinçon proportionné selon la grosseur des ficelles. On dit piquer le carton.

PIQUER la viande, (Rotisseur) ce mot signifie la larder proprement, et la couvrir entièrement de petits lardons ou morceaux de lard, conduits également avec la lardoire.

PIQUER, (Serrurerie) c'est tracer les places où doivent être posées les pièces et garnitures d'une serrure.

PIQUER, n'est autre chose en terme de Sucrerie, que de démonceler à coups de pique, voyez PIQUE, les matières trop mastiquées dans le bac à sucre. Voyez BAC A SUCRE.

PIQUER, (même Manufacture) est une opération par laquelle on fait des trous dans toute l'étendue de la terre et qui en traversent toute l'épaisseur. Plus on fait de ces trous, plus la terre se nettoie aisément.

PIQUER une futaille, (Tonnelier) se dit de la petite ouverture que le tonnelier, le marchand de vin, ou le cabaretier y font avec le foret, pour essayer et goûter le vin, soit pour le vendre, soit pour le mettre en perce. (D.J.)