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Catégorie parente: Arts & métiers
Catégorie : Ciseleur
v. act. (Ciseleur) c'est l'art d'enjoliver le fer ou l'acier, etc. en lui donnant une façon qui consiste à le tailler ou graver, puis à remplir les raies qu'on y fait d'un fil d'or ou d'argent. C'est une espèce de mosaïque : aussi les Italiens lui donnent-ils le même nom tausia, qu'à la marqueterie. Cette sorte de travail a pris son nom de la ville de Damas, où il s'est fait quantité de beaux ouvrages dans ce genre, aussi-bien qu'en plusieurs autres endroits du Levant. Les anciens s'y sont beaucoup appliqués. C'est un assemblage de filets d'or ou d'argent, dont on fait des ouvrages plats ou des bas reliefs sur du fer. Les ornements dont on les enrichit sont arabesques, moresques, ou grotesques. Voyez ces mots à leurs articles. Il se trouve encore des anneaux antiques d'acier avec des figures et des feuillages travaillés de cette manière, et qui sont parfaitement beaux. Mais dans ces derniers temps on a fait des corps de cuirasse, des casques damasquinés, enrichis de moresques et d'arabesques d'or, et même des étriers, des harnais de chevaux, des masses de fer, des poignées, et des gardes d'épées, et une infinité d'autres choses d'un travail très-exquis. Depuis qu'on a commencé à faire en France de ces sortes d'ouvrages (c'est sous le règne d'Henri IV.), on peut dire qu'on a surpassé ceux qui s'en sont mêlés auparavant. Cursinet fourbisseur à Paris, qui est mort il y a environ cent ans, a fait des ouvrages incomparables dans cette sorte de travail, tant pour le dessein que pour la belle manière d'appliquer son or et de ciseler par-dessus.

Quand on veut damasquiner sur le fer, on le met au feu pour lui donner le passe violet, qui est ce qu'on appelle couleur d'eau ; puis on dessine légèrement dessus ce qu'on veut figurer, et on le taille avec un couteau à tailler de petites limes ; ensuite avec un fil d'or ou d'argent fort délié, on suit le dessein, et on remplit de ce fil les endroits qu'on a marqués pour former quelques figures, le faisant entrer dans les hachures avec un petit outil qu'on nomme ciseau ; et avec un matoir on amatit l'or. Voyez MATOIR.

Si l'on veut donner du relief à quelques figures, on met l'or et l'argent plus épais, et avec des ciselets on forme dessus ce qu'on veut.

Mais quand avec la damasquinure on veut mêler un travail de rapport d'or ou d'argent, alors on grave le fer profondément en-dessous et à queue d'aronde, puis avec le marteau et le ciselet on fait entrer l'or dans la gravure ; après en avoir taillé le fond en forme de lime très-déliée afin que l'or y entre, et y demeure plus fortement attaché.

Cet or s'emploie aussi par filets, et on le tourne et manie comme en damasquinant suivant le dessein qu'on a gravé sur le fer.

Il faut avoir attention que les filets d'or soient plus gros que le creux qu'on a gravé, afin qu'ils y entrent par force avec le marteau. Quand l'or ou l'argent est bien appliqué, on forme les figures dessus, soit avec les burins ou ciselets, soit par estampes avec des poinçons gravés de fleurons, ou autres objets qui servent à imprimer ou estamper ce que l'on veut. Voyez CISELURE, et la figure 14. du Ciseleur-Damasquineur, qui représente une plaque de métal sur laquelle est une feuille taillée et damasquinée en partie.

Cet article est tiré du dict. du Com. qui l'a emprunté du dictionnaire des principes de l'Architecture, Peinture, et Sculpture. Nous n'y avons rien changé, parce qu'il nous a paru contenir ce qu'il y avait d'essentiel à remarquer sur cet art, plus difficîle à pratiquer qu'à entendre.




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