v. act. (Spectacle) pour prendre la place, ou pour tenir la place, terme d'Opéra. Les premiers acteurs sont doublés par les seconds, et ceux-ci par les troisiemes ; en sorte que, quelqu'accident qui arrive, l'opéra de Paris est toujours représenté.

Les acteurs en sous-ordre ne paraissent guère que dans ces occasions, c'est-à-dire que ceux qui auraient le plus de besoin d'exercer leur talent pour le développer, sont précisément ceux qui sont les plus aisifs ; c'est pourtant par le travail, par l'exemple, par l'exercice, qu'il est possible de former des acteurs. En supposant quelque talent dans les sujets, il faudrait donc 1°. les forcer au travail, leur offrir perpétuellement les modèles qu'ils doivent suivre, et les exercer pour les rompre au théâtre : 2°. tirer un avantage de ce nombre d'acteurs, presque toujours inutiles, pour l'embellissement réel du spectacle.

Les chœurs sont toujours sans action sur le théâtre ; et le moyen de procurer le plus grand plaisir au spectateur, serait de les faire agir suivant les choses qu'ils chantent. Voyez CHOEURS. Mais l'expédient sur et d'embellir le spectacle, et de donner du mouvement aux chœurs, est de mettre à leur tête, et en-avant, tous les doubles hommes et femmes. Plus rompus à l'action que la multitude des choristes, il serait aisé de leur faire faire les mouvements nécessaires. Les chœurs les suivraient comme une compagnie de soldats suit les mouvements de ses officiers.

Ces acteurs se rompraient eux-mêmes chaque jour davantage à l'action, et présents forcément à la représentation, ils auraient sans cesse devant les yeux les modèles sur lesquels ils peuvent se former. Leurs habits plus distingués que ceux des chœurs, ajouteraient à la magnificence du spectacle, et cet ordre rendrait toutes les belles idées qu'on veut peindre, lorsque les chœurs se rassemblent sur le théâtre. Les difficultés à vaincre sur cette partie, doivent être bien faibles à côté de l'autorité, du désir de l'embellissement du spectacle, et du besoin qu'on a toujours de former des sujets. Voyez DOUBLE, SPECTACLE. (B)

DOUBLER. L'action de doubler, en terme militaire, c'est lorsque de deux rangs ou de deux files de soldats l'on n'en fait qu'une. Voyez RANG et FILE.

Quand le commandement dit, doublez vos rangs, alors les second, quatrième et sixième rangs doivent marcher dans le premier, le troisième, et le cinquième ; de manière que de six rangs on n'en fait que trois, en laissant les intervalles doubles de ce qu'ils étaient auparavant. Il en Ve autrement quand on double les demi-files, parce qu'alors trois rangs demeurent, et les trois autres viennent les doubler, c'est-à-dire que le premier, le second, et le troisième sont doublés par le quatrième, le cinquième, et le sixième ; ou au contraire.

Doublez vos files : à ces mots chaque fîle doit marcher à celle qui la suit immédiatement sur la droite ou sur la gauche, selon le commandement ; auquel cas des six rangs l'on en fait douze, c'est-à-dire qu'alors les soldats sont à douze de profondeur, la distance entre les files étant double de ce qu'elle était auparavant. Chambers. (Q)

DOUBLER LES FILES ; c'est, dans l'art militaire, doubler le nombre des soldats de chaque fîle : pour cela on fait entrer chaque fîle de la droite dans celle qui est immédiatement à sa gauche, ou chaque fîle de la gauche dans celle qui la précède immédiatement à droite. (Q)

DOUBLER LES RANGS, c'est, dans l'art militaire, faire entrer les soldats du second rang dans le premier rang, ceux du quatrième dans le troisième, et ainsi de suite, si les troupes sont rangées sur six ou huit rangs. (Q)

DOUBLER UN VAISSEAU, (Marine) c'est lui donner un doublage ou revêtement de planches. Voyez SOUFFLER. (Z)

DOUBLER UN CAP ou UNE POINTE, PARER UN CAP, (Marine) c'est passer au-delà de ce cap et le laisser derrière. (Z)

DOUBLER, c'est, en terme de Blondier, l'action d'assembler un ou plusieurs fils de soie, pour n'en faire qu'un seul. On se sert pour cela d'un doublet et d'un rouet. Voyez DOUBLETS. On observera en doublant, de ne point tordre les fils, ce qui rendrait les filets ronds, et les toilés ne seraient pas aplatis comme ils doivent être.

DOUBLER, en terme de Cirier, c'est assembler plusieurs brins de coton en les tournant sur un tour, pour en faire des meches. Voyez TOUR.

DOUBLER ou DOUBLER LARGE, en termes de Manège, c'est tourner son cheval vers la moitié du manège, et le conduire droit à l'autre muraille sans changer de main. Doubler étroit, c'est tourner son cheval en lui faisant décrire un carré à un coin du manège, ou aux quatre coins. Doubler les reins, est un saut que le cheval fait en voutant son dos.

DOUBLER, (Relieure.) les Relieurs appellent doubler le carton en-dedans, lorsqu'ayant relié un livre en marroquin, ils garnissent le dedans du carton d'un marroquin de la même couleur, ou d'une couleur différente.

* DOUBLER, (Manufact. en soie.) c'est accoupler deux ou plusieurs brins de soie.