S. m. (Chapelier) est une espèce d'étoffe de laine, ou de laine et de poil, qui n'est ni croisée ni tissue, mais qui tire toute sa consistance de ce qu'elle a été travaillée et foulée avec de la lie et de la colle, et ensuite façonnée dans un moule par le moyen du feu et de l'eau.

Le poil de castor, de chameau et de lapin, la laine des agneaux et des moutons, sont les matières qui entrent communément dans la composition du feutre, et les différentes sortes de chapeaux sont les ouvrages à quoi on l'emploie.

Le feutre qu'on destine pour un chapeau, étant suffisamment foulé et préparé, on le réduit en une pièce qui est à-peu-près de la figure d'un large entonnoir ; dans cet état on le met en forme, et on en fait un chapeau. Voyez CHAPEAU.

FEUTRE, (Chimie et Pharmacie) c'est un morceau de drap de flanelle ou d'étamine, et quelquefois de coton, que l'on employait beaucoup autrefois en guise de filtre, avant l'usage du papier gris. Il y a toute apparence que ce mot n'a passé au drap et à la flanelle, que parce qu'ils ont été substitués à l'étoffe de poils foulés, qu'on nomme feutre (voyez CHAPEAU) : car Ménage dérive ce mot de philtrum, qui, chez les auteurs de la basse latinité, signifie l'étoffe en question, et vient de l'allemand filt, qui a la même signification, selon du Cange, lequel ajoute qu'elle a été nommée aussi filtrus, filtra, pheltrum, philtrum et viltrum. On se sert encore de feutres ou blanchets dans quelques opérations. Ils prennent différentes formes, selon l'usage auquel on veut les appliquer. Ils sont carrés quand ils doivent aller sur le carrelet : voyez ce mot ; en lanière, quand on veut leur faire faire l'office d'un syphon. Voyez LANGUETTE. Enfin la chausse ou la manche d'Hippocrate, n'est elle-même qu'un feutre en capuchon. Voyez FILTRATION. Article de M. DE VILLIERS.

FEUTRE, terme de Draperie. Voyez l'article LAINE (manufacture en).

FEUTRE. Les Potiers d'étain appellent ainsi des morceaux de vieux chapeaux, qui leur servent à manier les moules chauds, lorsqu'ils jettent dedans, soit pour les former, soit pour les ouvrir et dépouiller les pièces jetées toutes chaudes, crainte de se bruler. Ils appellent aussi feutre un morceau de la forme du chapeau, coupé comme une bande, qu'ils mettent dans les pots en-dedans dans l'endroit où ils les soudent. Voyez FONDRE L'ETAIN et SOUDER LES POTS D'ETAIN.

FEUTRES, terme de Papeterie ; ce sont des morceaux de revesche, ou autre étoffe de laine, sur lesquels des ouvriers, qui travaillent dans les manufactures de papier, mettent les feuilles de papier au sortir du moule, à mesure qu'on les fabrique. On les appelle aussi flotres. Voyez PAPIER, et les Planches de Papeterie.