ou PYLES, (Littérature) passage à jamais célèbre, de soixante pas de largeur, séparant la Phocide de la Thessalie. Divers lacs, outre la mer de Locride et le mont Oeta, embarrassaient cette espèce de défilé, qu'on nommait la clé de la Grèce. Xerxès dépeupla ses états pour le passer ; son armée immense mit à sec le fleuve Lissus, en y abreuvant ses chevaux : que produisirent tous ses efforts ?

Trais cent Grecs retranchés au pas des Thermopyles,

Rendirent en un jour ses efforts inutiles ;

Et les Athéniens aimèrent mieux cent fois

Abandonner leurs murs, que de subir ses lais.

Dans la suite des temps, les Phocéens voulant à leur tour avoir une barrière de facîle garde contre les Thessaliens, bâtirent une muraille aux Thermopyles ; unique voie qui conduisait de Thessalie en Phocide. Les ouvertures laissées dans cette muraille, pour ne pas entièrement boucher le chemin, s'appelèrent , portes ; à quoi quelques bains chauds d'alentour firent ajouter , chaudes ; et de ces mots se fit celui de Thermopyles.

Quoiqu'on donnât communément soixante pas de largeur à ce passage, il y avait des endroits où une voiture pouvait à peine passer : ce qui a fait qu'Hérodote, l. VII. c. clxvj. a appelé ce détroit . Il ajoute que la montagne qui forme le passage des Thermopyles, du côté de l'occident, est inaccessible et très-escarpée, et que la mer inonde une partie du chemin, du côté de l'orient.

C'est près de ce défilé qu'on faisait en certains jours les assemblées de toutes la Grèce : elle y tenait deux foires, et les Amphyctions leurs congrès. Tout le monde sait que LÉonidas, premier de ce nom, roi des Lacédémoniens, de la famille des Agides, défendit avec trois cent hommes seulement, le passage des Thermopyles, contre une armée effroyable de Perses, conduite par leur roi Xerxès. Cette multitude n'ébranla point le courage de LÉonidas, et quelqu'un lui ayant dit que le soleil serait obscurci des flèches des Perses : tant-mieux, reprit-il, nous combattrons à l'ombre. Il fut tué avec tous les siens, à cette journée mémorable, sur laquelle Simonide fit quatre beaux vers grecs, dont voici le sens :

Thermopyles soyez à jamais célébrées !

Vous servez de tombe et d'autel

A ces braves guerriers, dont les ombres sacrées

Ont tiré de leur chute un triomphe immortel.

L'épitaphe gravée sur leur tombe, aux Thermopyles mêmes, portait ces mots : " Passant, Ve dire à Sparte, que nous sommes morts pour obéir à ses saintes lois ". Malheur à celui qui n'admire pas la beauté de cette épitaphe ! il n'est fait que pour goûter les inscriptions des places Vendôme et des Victoires. (D.J.)