(Belles lettres) l'art ou la manière de construire des vers : ce mot signifie aussi le ton et la cadence des vers. Voyez VERS.

On entend ordinairement par versification ce que le poète fait par son travail, par art et par règle, plutôt que par son invention, par génie et par enthousiasme. La matière de la versification consiste en syllabes longues et breves, et dans les pieds que composent ces syllabes. Sa forme est l'arrangement de ces pieds en vers corrects, nombreux et harmonieux. Mais ce n'est encore là que le mérite d'un simple traducteur, ou d'un homme qui aurait mis en vers la guerre de Catilina écrite par Salluste ; on ne lui donnerait pas pour cela le nom de poète. Voyez POETE, CADENCE, QUANTITE, RYTHME, etc.

C'est donc avec raison qu'on distingue ces simples matières d'avec la haute poésie, et qu'on les appelle versification. Voyez POESIE.

En effet il y a presque autant de différence entre la grammaire et la rhétorique, qu'il s'en trouve entre l'art de faire des vers et celui d'inventer des poèmes ; ainsi l'on ne doit confondre la versification ni avec ce qu'on nomme la poésie des choses, ni avec ce qu'on appelle la poésie du style.

On pourrait n'ignorer rien des règles concernant la construction des vers, savoir exactement les noms, les définitions et les qualités propres à chaque genre de poésie, sans mériter pour cela le nom de poète, toutes ces connaissances n'étant que l'extérieur et l'écorce de la poésie, comme il ne suffit pas pour être éloquent de savoir les préceptes de la rhétorique. C'est le génie qui distingue le poète du versificateur. Princip. pour la lect. des poètes, tom. I. pag. 1. et 2.

Les règles de la versification grecque et latine sont contenues dans les méthodes appelées prosodies, nous avons sur la poésie française plusieurs ouvrages, entr'autres le traité du P. Mourgues, et celui de l'abbé de Châlons.