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Catégorie : Littérature
adj. (Belles Lettres) terme consacré en Poésie pour signifier ce qui a été inventé par Anacréon, ou composé dans le goût et le style de ce poète.

Anacréon né à Téos, ville d'Ionie, florissait vers l'an du monde 3512. Il se rendit célèbre par la délicatesse de son esprit et par le tour aisé de sa poésie, où, sans qu'il paraisse aucun effort de travail, on trouve par-tout des grâces simples et naïves. Ses odes sont marquées à un coin de délicatesse, ou pour mieux dire de négligence aimable ; elles sont courtes, gracieuses, élégantes, et ne respirent que le plaisir et l'amusement : ce sont, à proprement parler, des chansons qu'il enfanta sur le champ dans un coup de verve inspiré par l'amour et par la bonne-chère, entre lesquels il partageait sa vie. Le tendre, le naïf, le gracieux, sont les caractères du genre anacréontique, qui n'a mérité le nom de lyrique dans l'antiquité, que parce qu'on le chantait en s'accompagnant de la lyre : car il diffère entièrement et par le choix des sujets et par les nuances du style, de la hauteur et de la majesté de Pindare. Nous avons une traduction d'Anacréon en prose par Mlle Lefèvre, connue depuis sous le nom de Mde Dacier, et trois en vers. L'une est de Longepierre, l'autre de M. de la Fosse : elles passent pour plus fidèles que celle de Gacon, qu'on lit néanmoins avec plus de plaisir, parce qu'elle est plus légère, et qu'il l'a enchassée dans un roman assez ingénieux des aventures galantes et des plaisirs d'Anacréon. Horace a fait plusieurs odes à l'imitation de ce poète, telles que celle qui commence par ce vers, O matre pulchrâ filia pulchrior ; et celle-ci, Lydia, dic per omnes, etc. et plusieurs autres dans le même gout. La conformité de caractère produisait entr'eux celle des ouvrages. Parmi nos poètes français, M. de la Mothe s'est distingué par ses odes anacréontiques, qui sont toutes remplies de traits d'esprit, d'un badinage leger, et d'une morale épicurienne. Nos bonnes chansons sont aussi autant d'odes anacréontiques.

La plupart des odes d'Anacréon sont en vers de sept syllabes, ou de trois pieds et demi, spondées ou ïambes, et quelquefois anapestes : c'est pourquoi l'on appelle ordinairement les vers de cette mesure anacréontiques. Nos poètes ont aussi employé pour cette ode les vers de sept et de huit syllabes, qui ont moins de noblesse, ou si l'on veut d'emphase, que les vers alexandrins, mais plus de douceur et de mollesse. (G)




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