(Belles Lettres) mot latin dont on se servait en général pour signifier des vers, et dans un sens plus particulier, pour marquer un charme, ou formule d'expiation, d'exécration, de conjuration, etc. renfermée dans un petit nombre de mots, d'où l'on croyait que dépendait leur efficacité.

Carmina vel coelo possunt deducère lunam.

Voyez VERS, CHARME, etc.

Le P. Pezron fait venir ce mot de carm ou garm, qui chez les Celtes se prenait pour des cris de joie, et les vers que les Bardes chantaient avant le combat pour encourager les soldats ; et il ajoute qu'en grec signifie tout-à-la-fais combat et joie ; mais ce dernier mot n'est pas dérivé du celtique, que les Grecs ignoraient très-certainement : il a pour racine le grec même, , je me réjouis.

Quelques auteurs tirent de ce mot l'étymologie des vers ou pièces de poésies nommées par les Latins carmina, parce que, disent-ils c'étaient des discours mesurés et d'une forme déterminée telle que les charmes ou formules des enchanteurs. D'autres au contraire prétendent que ces formules ont été nommées carmina parce qu'elles étaient conçues en vers. On croyait alors, ajoutent-ils, que le langage mesuré et cadencé avait beaucoup plus de pouvoir que la prose, pour produire la guérison de certains maux, et autres effets merveilleux que promettaient les magiciens.

Vigenere dérive carmen de Carmenta, prophétesse, mère d'Evandre, parce qu'elle faisait ses prédictions en vers ; et d'autres prétendent que c'est précisément par cette dernière raison qu'on lui donna le nom de carmante, parce qu'avant elle on nommait tout discours en vers carmen. Voyez CARMENTALES. (G)