(Belles Lettres) surnom donné à Jupiter, qui sous ce titre était principalement adoré en Lybie, où il avait un temple magnifique. Voici ce que Quinte-Curce au livre quatrième de son histoire, nous apprend de la figure sous laquelle Jupiter y était représenté. " Le dieu qu'on adore dans ce temple, dit-il, est fait d'émeraudes et d'autres pierres précieuses ; et depuis la tête jusqu'au nombril, il ressemble à un bélier. Quand on veut le consulter, il est porté par quatre-vingt prêtres dans une espèce de gondole d'or, d'où pendent des coupes d'argent ; il est suivi d'un grand nombre de femmes et de filles qui chantent des hymnes en langue du pays ; et le dieu porté par ses prêtres les conduit en leur marquant par quelques mouvements où il veut aller ". Strabon dit qu'il rendait ainsi ses réponses par des signes, c'est-à-dire par quelques mouvements que les prêtres faisaient faire à sa statue ; mais ces prêtres expliquaient aussi verbalement la volonté du dieu, comme il arriva lorsqu'Alexandre alla lui-même le consulter. " Car ce prince s'étant avancé dans le temple, dit son historien, le plus ancien des sacrificateurs l'appela son fils, en l'assurant que Jupiter son père lui donnait ce nom, et qu'il lui promettait l'empire du monde ". C'était bien de quoi flatter la vanité et l'ambition de ce conquérant ; mais il pensa gâter tout le mystère par une étourderie ; car oubliant tout-à-coup sa divine origine, il s'avisa de demander à l'oracle, si les meurtriers de son père avaient été punis ; le prêtre se tira habilement de cet embarras. Ces sacrificateurs avaient été pour lors corrompus par les largesses d'Alexandre pour ajuster leurs réponses à ses désirs ; mais ils avaient témoigné plus d'intégrité dans une autre occasion où ils étaient venus se plaindre à Sparte contre Lysandre, qui à force de présents avait voulu tirer d'eux des réponses favorables au dessein qu'il méditait de changer l'ordre de la succession royale ; et sans-doute ce dernier trait n'avait pas peu contribué à accréditer leur oracle. Voyez ORACLES.

On n'est pas d'accord sur l'étymologie du nom d'Ammon ; quelques-uns le font venir du grec , sable, parce que le temple de Jupiter Hammon, était situé dans les sables brulans de la Lybie. D'autres le dérivent de l'égyptien anam, bélier ; et d'autres veulent qu'Hammon signifie le soleil, et que les rayons de cet astre soient figurés par les cornes avec lesquelles on représentait Jupiter. Car dans quelques médailles on trouve des têtes de Jupiter, c'est-à-dire un visage humain avec deux cornes de bélier au-dessous des oreilles.

Corne d'Hammon, terme d'histoire naturelle. Voyez CORNE. (G)