S. f. (Littérature) expression nouvellement introduite dans la langue, pour désigner certains lieux communs dont nos poètes, dramatiques surtout, embellissent, ou pour mieux dire, défigurent leurs ouvrages. S'ils rencontrent par hasard dans le cours d'une scène, les mots de misere, de vertu, de crime, de patrie, de superstition, de prêtres, de religion, etc. ils ont dans leurs porte-feuilles une demi-douzaine de vers faits d'avance, qu'ils plaquent dans ces endroits. Il n'y a qu'un art incroyable, un grand charme de diction, et la nouveauté ou la force des idées, qui puissent faire supporter ces hors d'œuvre. Pour juger combien ils sont déplacés, on n'a qu'à considérer l'embarras de l'acteur dans ces endroits ; il ne sait à qui s'adresser ; à celui avec lequel il est en scène, cela serait ridicule : on ne fait pas de ces sortes de petits sermons à ceux qu'on entretient de sa situation ; au parterre, on ne doit jamais lui parler.

Les tirades quelque belles qu'elles soient, sont donc de mauvais goût ; et tout homme un peu versé dans la lecture des anciens les rejettera, comme le lambeau de pourpre dont Horace a dit : Purpureus late qui splendeat unus et alter assuitur pannus ; sed non erat his locus. Cela sent l'écolier qui fait l'amplification.

TIRADE, en Musique ; lorsque deux notes sont séparées par un intervalle disjoint, et qu'on remplit cet intervalle par plusieurs autres notes qui passent diatoniquement de l'une à l'autre, cela s'appelle une tirade.

Les anciens nommaient en grec , et en latin ductus, ce que nous appelons aujourd'hui tirade ; et ils en distinguaient de trois sortes. 1°. Si les sons se suivaient en montant, ils appelaient cela , ductus rectus : 2°. s'ils se suivaient en descendant, c'était , ductus revertens : 3°. que si après avoir monté par bémol, ils redescendaient par béquarre, cela s'appelait , ductus circumcurrents. On aurait bien à faire, aujourd'hui que la musique est si prodigieusement composée, si l'on voulait donner des noms à tous ces différents passages. (S)