S. f. lacerna, lacernum, (Littérature) nom d'une sorte d'habit ou de capote des Romains ; j'en ai déjà parlé au mot habit des Romains ; j'ajoute ici quelques particularités moins connues.

La lacerne était une espèce de manteau qu'on mettait par-dessus la toge, et quand on quittait cette robe, par-dessus la tunique ; on l'attachait avec une agraffe sur l'épaule, ou par-devant. Elle était d'abord courte, ensuite on l'allongea. Les pauvres en portaient constamment pour cacher leurs haillons, et les riches en prirent l'usage pour se garantir de la pluie, du mauvais temps, ou du froid aux spectacles, comme nous l'apprenons de Martial.

Amphitheatrales nos commendamur ad usus,

Quùm tegit algentes nostra lacerna togas.

L'usage des lacernes était fort ancien dans les armées de Rome ; tous les soldats en avaient. Ovide, liv. II. des Fastes, Ve 745, nous apprend que Lucrèce pressait ses esclaves d'achever la lacerne de son mari Collatinus, qui assiégeait Ardée.

Mittendo est domino, nunc nunc properate, puellae,

Quà primùm nostrâ facta lacerna manu.

Mais sur la fin de la république, la mode s'en établit à la ville comme à l'armée ; et cette mode dura pour les grands jusqu'aux règnes de Gratien, de Valentinien et de Théodose ; qui défendirent aux sénateurs d'en porter en ville. Les femmes s'en servaient même le soir, et dans certains rendez-vous de galanterie, la clara lacerna d'Horace, satyr. VII. liv. II. Ve 48, c'est-à-dire le manteau transparent, vaut tout autant pour la leçon du texte, que la clara lucerna, la lampe allumée de Lambin.

Il y avait des lacernes à tout prix. Martial parle de quelques-unes qu'on achetait jusqu'à dix mille sexterces. Enfin si vous êtes curieux d'épuiser vos recherches sur ce sujet, voyez les auteurs de re vestiariâ Romanorum, et Saumaise dans ses notes sur Spartien et sur Lampridius. (D.J.)