S. m. (Littérature) prêtre de la déesse Isis. On trouve les isiaques représentés vêtus de longues robes de lin, avec une besace, une clochette et une branche d'absynte marine à la main. Ils portaient quelquefois la statue d'Isis sur leurs épaules, et se servaient du sistre dans leurs cérémonies. Voyez SISTRE.

Après avoir ouvert le temple de la déesse au lever du soleil, ils se prosternaient devant elle et chantaient ses louanges ; ensuite ils couraient une partie du jour pour demander l'aumône, revenaient le soir adorer de nouveau la statue d'Isis, l'accommoder, la couvrir, et refermer son temple.

Ils ne se couvraient les pieds que d'écorce fine de la plante appelée papyrus ; ce qui a fait croire à plusieurs auteurs qu'ils allaient nuds pieds. Ils étaient vêtus de lin, parce qu'Isis passait pour avoir appris aux hommes à cultiver et à travailler cette plante. Ils ne mangeaient ni cochon ni mouton, se piquaient d'une grande austérité, et ne salaient jamais leurs viandes, pour être plus chastes. Ils mêlaient beaucoup d'eau dans leur vin, et se rasaient très-souvent la tête ; c'est ce que nous disent Plutarque et Diodore de Sicile.

Mais l'histoire romaine nous apprend que ces prêtres mendiants de leur profession, et si vertueux en apparence, se servaient souvent du voîle de la religion pour pratiquer des intrigues criminelles. Ils s'insinuaient adroitement dans les maisons la besace sur l'épaule, et sous prétexte de quêtes pour leurs besoins, ils rendaient aux dames secrètement des billets, et leur donnaient des rendez-vous de la part de leurs amants.

Ils étaient d'autant plus propres à ce commerce, qu'on les en soupçonnait moins, et que les temples d'Isis étaient les lieux où les femmes galantes faisaient le plus volontiers leurs stations. Aussi Ovide dit aux hommes : " Ne fuyez point le temple de la génisse du Nil ; elle enseigne aux dames à faire ce qu'elle a fait pour Jupiter ".

Nec fuge Niliacae memphitica templa juvencae,

Multas illa facit, quod fuit ipsa Jovi.

Et ailleurs il dit au garde de sa maîtresse : " Ne vas point t'informer de tout ce qui se peut pratiquer dans le sanctuaire de l'égyptienne Isis ".

Nec tu Niligenam fieri quid possit ad Isim

Quaesieris.

En un mot, les prêtres isiaques étaient très-bien assortis à ces temps de la dépravation des mœurs. On sait l'histoire de Pauline, qui fut violée dans un des temples d'Isis par Mundus, lequel s'était couvert de la peau d'un lion, afin de passer plus surement pour être le divin Anubis. (D.J.)