(Belles Lettres) en général se prend pour tout ce qui part de la faculté de la parole, et est dérivé du verbe dicère, dire, parler ; il est genre par rapport à discours oratoire, harangue, oraison.

Discours, dans un sens plus strict, signifie un assemblage de phrases et de raisonnements réunis et disposés suivant les règles de l'art, préparé pour des occasions publiques et brillantes : c'est ce qu'on nomme discours oratoire ; dénomination générique qui convient encore à plusieurs espèces, comme au plaidoyer, au panégyrique, à l'oraison funèbre, à la harangue, au discours académique, et à ce qu'on nomme proprement oraison, oratio, telles qu'on en prononce dans les collèges. (G)

Le plaidoyer est ou doit être l'application du droit au fait, et la preuve de l'un par l'autre ; le sermon, une exhortation à quelque vertu, ou le développement de quelque vérité chrétienne ; le discours académique, la discussion d'un trait de morale ou de littérature ; la harangue, un hommage rendu au mérite en dignité ; le panégyrique, le tableau de la vie d'un homme recommandable par ses actions et par ses mœurs. Chez les Egyptiens les oraisons funèbres faisaient trembler les vivants, par la justice sévère qu'elles rendaient aux morts ! à la vérité les prêtres égyptiens louaient en présence des dieux un roi vivant, des vertus qu'il n'avait pas ; mais il était jugé après sa mort en présence des hommes, sur les vices qu'il avait eus. Il serait à souhaiter que ce dernier usage se fût répandu et perpétué chez toutes les nations de la terre : le même orateur louerait un roi d'avoir eu les vertus guerrières, et lui reprocherait de les avoir fait servir au malheur de l'humanité ; il louerait un ministre d'avoir été un grand politique, et lui reprocherait d'avoir été un mauvais citoyen, etc. Voyez ELOGE. M. Marmontel.

Les parties du discours, selon les anciens, étaient l'exorde, la proposition ou la narration, la confirmation ou preuve, et la peroraison. Nos plaidoyers ont encore retenu cette forme ; un court exorde y précède le récit des faits ou l'énoncé de la question de droit ; suivent les preuves ou moyens, et enfin les conclusions.

La méthode des scolastiques a introduit dans l'éloquence une autre sorte de division qui consiste à distribuer un sujet en deux ou trois propositions générales, qu'on prouve séparément en subdivisant les moyens ou preuves qu'on apporte pour l'éclaircissement de chacune de ces propositions : de-là on dit qu'un discours est composé de deux ou trois points. (G)

La première de ces deux méthodes est la plus générale, attendu qu'il y a peu de sujets où l'on n'ait besoin d'exposer, de prouver et de conclure ; la seconde est réservée aux sujets compliqués : elle est inutîle dans les sujets simples, et dont toute l'étendue peut être embrassée d'un coup d'oeil. Une division superflue est une affectation puérile. Voyez DIVISION. M. Marmontel.

Le discours, dit M. l'abbé Girard dans ses synonymes français, s'adresse directement à l'esprit ; il se propose d'expliquer et d'instruire : ainsi un académicien prononce un discours, pour développer ou pour soutenir un système ; sa beauté est d'être clair, juste et élégant. Voyez DICTION, etc.

Accordons à cet auteur que ses notions sont exactes, mais en les restreignant aux discours académiques, qui ayant pour but l'instruction, sont plutôt des écrits polémiques et des dissertations, que des discours oratoires. Il ne fait dans sa définition nulle mention du cœur, ni des passions et des mouvements que l'orateur doit y exciter. Un plaidoyer, un sermon, une oraison funèbre, sont des discours, et ils doivent être touchans, selon l'idée qu'on a toujours eue de la véritable éloquence. On peut même dire que les discours de pur ornement, tels que ceux qui se prononcent à la reception des académiciens, ou les éloges académiques, n'excluent pas toute passion ; qu'ils se proposent d'en exciter de douces, telles que l'estime et l'admiration pour les sujets que les académies admettent parmi leurs membres ; le regret pour ceux qu'elles ont perdus ; l'admiration et la reconnaissance de leurs travaux et de leurs vertus. Voyez ELOQUENCE, ORAISON, RHETORIQUE. (G)

DISCOURS, (Belles Lettres) c'est le titre qu'Horace donnait à ses satyres.

Les critiques sont partagés sur la raison qu'a eu le poète d'employer ce nom qui semble plus convenir à la prose qu'à la poésie. L'opinion du père le Bossu parait la mieux fondée. Il pense que la simple observation des pieds et de la mesure du vers, en un mot, tout ce qui concerne purement les règles de la prosodie, telle qu'on la trouve dans Térence, Plaute, et dans les satyres d'Horace, ne suffit pas pour constituer ce qu'on appelle poésie, pour déterminer un ouvrage à être vraiment poétique, et comme tel distingué de la prose, à moins qu'il n'ait quelque ton ou caractère plus particulier de poésie qui tienne un peu de la fable ou du sublime.

C'est pourquoi Horace appelle ses satyres sermones, comme nous dirions discours en vers, et moins éloignés de la prose, quasi sermoni propiora, que les poèmes proprement dits. En effet, qu'on compare ce poète avec lui-même, quelle différence quand il prend l'essor et s'abandonne à l'enthousiasme dans ses odes ! aussi les appele-t-on poèmes, carmina. La même raison a déterminé bien des personnes à ne mettre Regnier, et Despreaux pour ses satyres, qu'au nombre des versificateurs ; parce que, disent-ils, on ne trouve dans ces pièces nulle étincelle de ce beau feu, de ce génie qui caractérise les véritables poètes. Voyez POEME et VERSIFICATION. (G)