(Belles Lettres) c'est un couplet de vers, ou petite pièce de poésie dont le sens se trouve renfermé dans deux vers, l'un hexamètre, et l'autre pentamètre : tel est ce fameux distique que Virgile fit à l'occasion des fêtes données par Auguste.

Nocte pluit totâ, redeunt spectacula mane ;

Divisum imperium cum Jove Caesar habet.

Et celui-ci bien plus digne d'être connu :

Unde superbit homo, cujus conceptio casus,

Nasci poena, labor vita, necesse mori ?

Ce mot est formé du grec , deux fais, et de , vers.

Les distiques de Caton sont fameux, et plus admirables par l'excellente morale qu'ils renferment, que par les grâces du style. Voyez ce qu'en dit Vigneul Marville, tom. I. pag. 54. et 55. (G)

Les élégies des anciens ne sont qu'un assemblage de distiques ; et à l'exception des métamorphoses, c'est la forme qu'Ovide a donnée à tous ses autres ouvrages. Le nom de distique est demeuré affecté à la poésie grecque et latine. Voyez VERS.

Quelques-uns de nos poètes ont écrit en distiques. Ce sont communément ceux qui ont pensé vers-à-vers. On dit de Boileau qu'il commençait par le second vers, afin de s'assurer qu'il serait le plus fort. Cette marche est monotone et fatiguante à la longue : elle rend le style lâche et diffus, attendu qu'on est obligé souvent d'étendre, et par conséquent d'affoiblir sa pensée, afin de remplir deux vers de ce qui peut se dire en un : elle est surtout vicieuse dans la poésie dramatique, où le style doit suivre les mouvements de l'âme, et approcher le plus qu'il est possible de la marche libre et variée du langage naturel. En général, la grande manière de versifier, c'est de penser en masse, et de remplir chaque vers d'une portion de la pensée, à-peu-près comme un sculpteur prend ses dimensions dans un bloc pour en former les différentes parties d'une figure ou d'un grouppe, sans altérer les proportions. C'est la manière de Corneille, et de tous ceux dont les idées ont coulé à pleine source. Les autres ont imaginé, pour ainsi dire, goutte-à-goutte, et leur style est comme un filet d'eau pure à la vérité, mais qui tarit à chaque instant. Voyez STYLE, VERS, etc. Article de M. MARMONTEL.