S. m. (Histoire et Belles Lettres) discours ou paroles que l'on chante en l'honneur de la divinité.

Les premiers et les plus anciens cantiques furent composés en mémoire de quelques événements mémorables, et doivent être comptés entre les premiers monuments historiques.

" Le genre humain s'étant multiplié, dit un auteur moderne, et Dieu ayant fait éclater sa puissance en faveur du juste contre l'injuste, les peuples reconnaissants immortalisèrent le bienfait par des chants, qu'une religieuse tradition fit passer à la postérité. C'est de là que viennent les cantiques de Moyse, de Debora, de Judith ; ceux de David et des prophetes ". Voyez PSEAUME.

M. Fourmont prétend qu'il y a dans les pseaumes et dans les cantiques des Hébreux des dictions étrangères, des expressions peu usitées ailleurs, des phrases dont les mots sont transposés ; que leur style, comme celui de nos odes, en devient plus hardi, en parait plus pompeux et plus énergique ; qu'on y trouve des strophes, des mesures et différentes sortes de vers, et même des rimes. Voyez RIME.

Ces cantiques étaient chantés par des chœurs de musique, au son des instruments, et souvent accompagnés de danses, comme il parait par l'Ecriture.

La plus longue pièce qu'elle nous offre en ce genre, est le Cantique des cantiques, ouvrage attribué à Salomon ; et que quelques auteurs prétendent n'être que l'épithalame de son mariage avec la fille du roi d'Egypte ; mais les Théologiens prouvent que sous cet emblème il s'agit de l'union de Jesus-Christ avec l'Eglise.

" Quoique les Payens, dit encore l'auteur que nous avons déjà cité, se trompassent dans l'objet de leur culte, cependant ils avaient dans le fonds de leurs fêtes le même principe que les adorateurs du vrai Dieu. Ce fut la joie et la reconnaissance qui leur fit instituer des jours solennels pour célébrer les dieux auxquels ils se croyaient redevables de leur récolte. De-là vinrent ces chants de joie qu'ils nommaient dithyrambes, parce qu'ils étaient consacrés au dieu qui, selon la fable, eut une double naissance, c'est-à-dire à Bacchus.... Après les dieux, les héros enfants des dieux devinrent les objets de ces chants.... C'est ce qui a produit les poèmes d'Orphée, de Linus, d'Alcée, de Pindare, etc. " Voyez DITHYRAMBE et ODE. Cours de Bell. Lett. tome. II. p. 28. et 29.

Au reste ni parmi les Hébreux ni parmi les Payens les cantiques n'étaient pas tellement des expressions de la joie publique, qu'on ne les employât aussi dans les occasions tristes et lugubres ; témoin ce beau cantique de David sur la mort de Saul et de Jonathas, qu'on trouve au II. livre des Rais, ch. I. Ces sortes de cantiques ou d'élégies eurent tant de charmes pour les Hébreux, qu'ils en firent des recueils, et que longtemps après la mort de Josias ils répétaient les plaintes de Jérémie sur la fin tragique de ce roi. II. Paralip. ch. xxxv.

Les anciens donnaient encore le nom de cantiques à certains monologues passionnés et touchants de leurs tragédies, qu'on chantait sur le mode hypodorien et hypophrygien, comme nous l'apprend Aristote au xjx. de ses problèmes, à-peu-près comme certains monologues qui, dans quelques tragédies de Corneille, sont en stances de vers irréguliers, et qu'on aurait pu mettre en musique. Telles sont les stances du Cid, celles de Polieucte, qui sont très-belles, et celles d'Héraclius. Au reste l'usage de ces stances parait entièrement banni de nos tragédies modernes. Voyez STANCES. (G)