S. m. (Littérature) ce qu'on donne en spectacle entre les actes d'une pièce de théâtre, pour amuser le peuple, tandis que les acteurs reprennent haleine ou changent d'habits, ou pour donner le loisir de changer les décorations. Voyez COMEDIE.

Dans l'ancienne tragédie, le chœur chantait dans les intermèdes, pour marquer les intervalles entre les actes. Voyez CHOEUR, ACTE, etc.

Les intermèdes consistent pour l'ordinaire chez nous en chansons, danses, ballets, chœurs de musique, etc.

Aristote et Horace donnent pour règle de chanter pendant ces intermèdes des chansons qui soient tirées du sujet principal ; mais dès qu'on eut ôté les chœurs, on introduisit les mimes, les danseurs, etc. pour amuser les spectateurs. Voyez FARCES. Dictionnaire de Trevoux.

En France on y a substitué une symphonie de violons et d'autres instruments.

INTERMEDE, (Belles-lettres et Musique) c'est un poème burlesque ou comique en un ou plusieurs actes, composé par le poète pour être mis en musique ; un intermède en ce sens, c'est la même chose qu'un opéra bouffon. Voyez OPERA.

Nous avons peu de ces ouvrages ; Ragonde, Platée, et le Devin de village sont presque les seuls que nous nommons. Les Italiens en ont une infinité. Ils y excellent. C'est-là qu'ils montrent plus peut-être encore que dans les drames sérieux, combien ils sont profonds compositeurs, grands imitateurs de la nature, grands déclamateurs, grands pantomimes. Les traits de génie y sont répandus à pleines mains. Ils y mettent quelquefois tant de force, que l'homme le plus stupide en est frappé, d'autres fois tant de délicatesse, que leurs compositions ne semblent alors avoir été faites que pour un très-petit nombre d'ames sensibles et d'oreilles privilégiées. Tout le monde a été enchanté dans la Servante Maitresse de l'air a Serpina penserete ; il est pathétique, voilà ce qui n'a échappé à personne ; mais qui est-ce qui a senti que ce pathétique est hypocrite ? Il a dû faire pleurer les spectateurs d'un goût commun, et rire les spectateurs d'un goût plus délié.

INTERMEDE, (Chimie) les Chimistes prennent ce mot dans trois sens différents.

Premièrement ils désignent par le mot d'intermède un corps qu'ils interposent entre le feu employé à quelque opération et le sujet de cette opération ; dans ce sens le mot intermède est synonyme du mot bain, qui est pourtant beaucoup plus usité que le premier. Ainsi appliquer le feu à une cornue chargée d'une matière quelconque par l'intermède, avec ou moyennant l'intermède du sable, des cendres, de la limaille, de l'eau, c'est la même chose qu'exposer ce vaisseau à la chaleur d'un bain de sable, de cendres, de limaille, ou du bain-marie. (Voyez FEU, CHIMIE).

Secondement, ils appellent intermèdes certains corps qu'ils mêlent, par simple confusion, à certaines matières pour leur procurer une discontinuité, une agrégation plus lâche, ou telle autre altération non-chimique qui les dispose à éprouver plus efficacement, ou à mieux soutenir l'action du feu. Par exemple, ils mêlent à de la cire qu'ils veulent distiller, du sable, du chanvre, de la filasse ou autres corps semblables, et la distillation de la cire en devient plus aisée ; et même son analyse plus radicale, selon la prétention de certains chimistes. Voyez CIRE. J'appelle les intermèdes de ce genre faux ou mécaniques.

Traisiemement (& c'est ici le sens le plus usité et le plus propre) intermède signifie la même chose qu'agent ou moyen chimique de décomposition, moyen pris dans l'ordre des menstrues. C'est ainsi qu'on décompose le nitre par l'intermède de l'acide vitriolique, ou du vitriol ; le vitriol, par l'intermède de l'alkali fixe, etc. Ces intermèdes sont les vrais et uniques instruments de l'analyse menstruelle ; et ils ne sont autre chose que des menstrues, ou précipitants. Voyez MENSTRUE, MENSTRUELLE, ANALYSE, ECIPITATION (B) (B).