S. m. (Littérature) le mot est grec, latin et français. C'était une statue de Minerve, taillée dans la posture d'une personne qui marche. Elle tenait une pique levée dans sa main droite, et avait une quenouille dans sa main gauche ; c'est la description qu'en fait Apollodore : Tzetzès et Eustathe, en parlent à-peu-près de même. On dit qu'elle était descendue du ciel près de la tente d'Ilus, dans le temps qu'il bâtissait la forteresse d'Ilium, et que l'oracle, consulté sur cette statue, ordonna qu'on élevât un temple à Pallas dans la citadelle, et qu'on y gardât soigneusement cette statue ; parce que la ville de Troie. serait imprenable tant qu'elle conserverait ce précieux dépôt. Aussi les Grecs instruits de cet oracle, se vantèrent d'avoir enlevé le palladium ; cependant Enée éveillé par un songe, dans lequel Hector lui conseilla de chercher un asile, l'assurant qu'il serait fondateur d'un grand empire, se rendit à la citadelle, prit le palladium et la déesse Vesta d'une main, et tenant de l'autre son cher Ascagne, il se sauva au-travers des flammes jusqu'au bord de la mer. Là il s'embarqua avec ces tristes dépouilles, et aborda après mille traverses au port de Lavinie. Dès qu'il y fut arrivé, il y déposa dans un temple le palladium et le feu sacré ; l'un et l'autre furent ensuite transportés à Albe, et finalement à Rome, où l'on établit les Vestales, pour garder avec soin des choses si précieuses. La ruine de Troie. semblait être une bonne preuve de leur faiblesse ; mais pour cacher au peuple l'impuissance du feu sacré et du palladium, on en défendit la vue :

Nullique adspecta virorum

Pallas in abstruso pignus memorabîle templo.

Denis d'Halicarnasse confirme que les Grecs n'emportèrent de Troie. qu'un faux palladium, fait par Dardanus sur le modèle du véritable. Aussi les Romains étaient si persuadés qu'ils possédaient le vrai simulacre de Pallas, auquel ils attachaient le destin de Rome, que dans la crainte qu'on ne le leur enlevât, ils firent à l'exemple de Dardanus, plusieurs statues toutes semblables, qui furent déposées dans le temple de Vesta ; et l'original fut caché dans un lieu qui n'était connu que des ministres du temple et des prêtresses. Clément d'Alexandrie a embrassé ce sentiment dans des recherches assez curieuses qu'il a mises au jour sur le palladium, et qu'il serait trop long de transcrire ici.

Quoique les Romains se vantassent d'avoir la statue de Pallas tombée du ciel, et qu'ils la regardassent comme le gage de la durée de leur empire, fatale pignus imperii, plusieurs villes leur contestaient la gloire de posséder ce même palladium. La première était Liris, ancienne ville de la Lucanie, que Strabon croit avoir été une colonie de Troie.s, par la raison qu'on y voyait la statue de la Minerve iliade, . Lavinie, Luccrie, Daulis, Argos, Sparte, et plusieurs autres villes, se glorifiaient du même avantage ; mais les Iliens le leur disputèrent toujours. Ils prétendaient que le palladium n'avait jamais été enlevé de Troie. ; et que s'il était vrai qu'Enée pour le garantir de l'incendie, l'eut porté à Palaescepsis, il l'avait bientôt après remis en sa place. Enfin lorsqu'on leur objectait que suivant Homère, Diomède et Ulysse l'avaient enlevé, ils répondaient que ces deux capitaines n'avaient trouvé dans le temple de Minerve qu'un faux palladium, qu'on avait mis à la place du véritable, qui dès le commencement du siege de Troie., avait été caché dans un lieu inconnu.

Mais une chose fort curieuse sur le palladium, c'est le fait qui est rapporté par Appien d'Alexandrie, par Servius, par Julius Obsequents, et par S. Augustin, qui cite à ce sujet un passage de Tite-Live, qu'on ne trouve plus dans ce qui nous reste de ses ouvrages. Ce fait est que, sous le consulat de L. Sylla, et de L. Pompeius, Fimbria lieutenant de L. Valerius Flaccus, ayant pris et brulé Ilion sans aucun respect pour ses dieux, on trouva dans les cendres du temple de Minerve, le palladium sain et entier ; prodige dont les Iliens charmés conservèrent longtemps le souvenir sur leurs médailles.

Le palladium était encore un lieu d'Athènes, où l'on jugeait les meurtres fortuits et involontaires ; le nombre des juges se montait à cent. Tout le monde convient que Démophon y fut jugé le premier ; mais on ignore pour quel crime. (D.J.)