PRINCEPS, (Littérature) il est très-important de bien distinguer le seul des mots latins rex, princeps, ou regnum et principatus ; car il ne faut pas s'en laisser imposer par la synonymie de ces mots dans notre langue.

Chez les latins, les termes de principatus, regnum, principauté, royaume, sont ordinairement opposés ; c'est ainsi que Jules-César dit que le père de Vercingetorix avait la principauté de la Gaule, mais qu'il fut tué, parce qu'il aspirait à la royauté : c'est ainsi que Tacite fait dire à Pison, que Germanicus était fils du prince des Romains, et non pas du roi des Parthes : ou quand Suétone raconte, que peut s'en fallut que Caligula ne changeât les ornements d'un prince en ceux d'un roi ; ou quand Velleius Paterculus dit, que Maroboduus, chef d'une nation des Germains, se mit dans l'esprit de s'élever jusqu'à l'autorité royale, ne se contentant pas de la principauté dont il était en possession, avec le consentement de ceux qui dépendaient de lui.

Cependant ces deux mots se confondent souvent : car les chefs des Lacédémoniens, de la postérité d'Hercule, depuis même qu'ils furent mis sous la dépendance des Ephores, ne laissaient pas d'être toujours appelés rais.

Dans l'ancienne Germanie, il y avait des rois qui, au rapport de Tacite, gouvernaient par la déférence qu'on avait pour leurs conseils, plutôt que par un pouvoir qu'ils eussent de commander. Tite-Live dit, qu'Evandre Arcadien regnait dans quelques endroits du pays latin, par la considération qu'on avait pour lui, plutôt que par son autorité.

Aristote, Polybe et Diodore de Sicile, donnent le titre de rois aux suffetes ou juges des Carthaginois, et Hannon est ainsi qualifié par Solin. Il y avait dans la Troade une ville nommée Scepse, au sujet de laquelle Strabon raconte, qu'ayant reçu dans l'état les Milésiens, elle s'érigea en démocratie, de telle sorte pourtant, que les descendants des anciens rais, conservèrent et le titre de roi, et quelques marques d'honneur. Les empereurs romains au contraire, depuis qu'ils exerçaient tout ouvertement et sans aucun déguisement une puissance monarchique très-absolue, ne laissaient pas d'être appelés princes ou chefs de l'état. Il y a aussi des républiques où les principaux magistrats sont honorés des marques extérieures de la dignité royale. (D.J.)