S. f. (Architecture) manière de terrasse d'où l'on découvre une belle vue ; on appelle aussi plate-forme, la couverture d'une maison sans comble, et couverte en terrasse de pierre, de ciment, ou de plomb.

PLATE-FORME DE FONDATION, (Architecture hydraulique) pièces de bois plates, arrêtées avec des chevilles de fer sur un pilotage, pour asseoir la mâçonnerie dessus, ou posées sur des racinaux dans le fond d'un réservoir, pour y élever un mur de douve. On construit ainsi une plate-forme sur un pilotage ; on enfonce, le plus qu'il est possible, des pieux de bon bois de chêne rond, ou d'aulne, ou d'orme ; on remplit tout le vide avec des charbons, et par-dessus les pieux on met d'espace en espace des poutres de huit à neuf pouces, que l'on cloue sur la tête des pieux coupés d'égale hauteur. Ayant attaché sur ces poutres de grosses planches de cinq pouces d'épaisseur, on a une espèce de plancher qui est ce qu'on appelle la plate-forme. Daviler. (D.J.)

PLATE-FORME, en terme de guerre, est une élévation de terre où l'on place le canon pour tirer sur l'ennemi. Voyez REMPART, BATTERIE.

La plate-forme est aussi un lieu préparé avec des madriers ou des planches de bois, pour recevoir et placer le canon que l'on veut mettre en batterie, soit sur des remparts, soit à un siège.

Pour faire une plate-forme, on commence à bien égaliser le terrain qu'elle doit occuper. Ensuite on place les gistes, qui sont cinq piéces de bois qu'on range dans l'espace fixé par la plate-forme, de manière qu'ils puissent porter et soutenir les planches ou madriers qui la composent. On arrête les gistes dans les endroits, où on les place par des piquets que l'on enfonce à côté de part et d'autre. On couvre les gistes des madriers qui sont taillés, de manière que la plate-forme étant achevée à sept pieds et demi de largeur à l'endroit où elle touche le parapet ou l'épaulement de la batterie, 13 pieds à son extrémité, et 18 ou 20 pieds de longueur.

Le premier de ces madriers, c'est-à-dire celui qui touche le pied du parapet à 9 à 10 pouces de largeur et autant d'épaisseur, on le nomme heurtoir, parce que lorsqu'on tire le canon les roues de l'affut viennent d'abord heurter ou frapper contre ; d'où ensuite elles se reculent par l'effort que la poudre imprime au canon vers la culasse. Pour que ce recul soit moins considérable, on élève un peu plus la plate-forme sur le derrière que sur le devant.

On construit aussi quelquefois les plate-formes, sans se servir de gistes. Pour cela, après que le terrain est préparé, on pose d'abord le heurtoir au pied de l'épaulement, puis les madriers dans l'ordre qu'on vient de dire, observant toujours que la plate-forme soit plus élevée à son extrémité qu'auprès du parapet.

Les mortiers ont aussi des plate-formes comme le canon ; elles doivent être encore plus solides, c'est-à-dire construites avec plus de soin, pour qu'elles ne s'affaissent point dans le service du mortier. M. Bélidor prétend que pour tirer longtemps sans être obligé de rétablir les plate-formes, il faut pour leur construction en tirer trois madriers de huit pouces de largeur sur six de longueur. Il faut en placer un qui réponde au milieu de la plate-forme, et les deux autres de manière qu'ils déterminent sa largeur à droite et à gauche, tous à-peu-près perpendiculaires à l'épaulement de la batterie. Sur ces madriers, on en pose d'autres de travers ou parallèlement à l'épaulement ; il faut que leur superficie soit bien unie et qu'aucun ne se trouve plus élevé que l'autre. (Q)

PLATE-FORMES DE COMBLE, (Charpenterie) pièces de bois plates, assemblées par des entretoises ; en sorte qu'elles forment deux cours, ou deux rangs, dont celui de devant reçoit dans ses pas entaillés par embrevement les chevrons d'un mur, et qui portent sur l'épaisseur des murs. Quand ces plate-formes sont étroites, comme dans les médiocres murs, on les nomme sablières. (D.J.)

PLATE-FORME, (Horlogerie) plaque ronde, remplie de cercles, dans lesquels sont divisés les nombres dont on peut avoir besoin dans l'Horlogerie : cette plate-forme sert pour diviser les roues. (D.J.)

PLATE-FORME DES JUIFS, (Critique sacrée) la vulgate a fort bien rendu ce mot par celui des Latins, solarium. C'était une espèce de terrasse construite au haut des maisons des Hébreux, exposée au soleil, et même tout-autour d'un mur à hauteur d'appui, pour empêcher qu'on ne tombât de-là dans la rue. Moïse qui n'oublia rien de la police des villes, l'avait ainsi ordonné dans le Deutéronome, chap. xxviij. 8. On couchait ordinairement sur ces terrasses, comme nous le voyons par l'exemple de Saul, I. Rais, ix. 25. Il y avait au milieu de cette plateforme, une ouverture qui répondait à la salle qui était au-dessous ; et c'est par cette ouverture qu'on avait oublié de fermer d'une balustrade, que le roi Ochosias tomba dans la salle à manger, IV. Rais, j. 2. On pouvait descendre de ces plate-formes par des escaliers qui étaient en-dehors de la maison ; c'est ce qu'on voit dans l'évangîle où il est dit, que ceux qui portaient le paralytique, ne pouvant le faire entrer par la porte à cause de la foule, le portèrent sur la plate-forme, par l'ouverture de laquelle ils le descendirent dans la salle où était J. C. et notre Seigneur ayant Ve leur foi, dit au paralytique : " mon fils, vos péchés vous sont pardonnés ". Marc, IIe 4. Quant aux plate-formes des Romains, nous en avons parlé dans la description de leurs bâtiments. (D.J.)