S. m. (Architecture) Les ouvriers disent qu'il y a du regain à une pierre, à une pièce de bois, etc. lorsqu'elle est plus longue qu'il ne faut pour la place à laquelle elle est destinée, et qu'on en peut couper. Daviler. (D.J.)

REGAIN, (Agriculture) On appelle regain la deuxième herbe qui vient dans la plupart des prés quelques mois après qu'on les a fauchés. Il y en a même dont le fonds est si bon et la situation si favorable pour les arrosements, qu'on y fauche l'herbe jusqu'à trois fois par an. Les regains sont abondants quand l'été est pluvieux ; et ce n'est que par le secours des pluies ou des canaux qu'on peut espérer une deuxième récolte dans les prairies seches. Quant aux prairies humides, surtout celles qui sont dans le voisinage de quelque rivière, on y donne tous les arrosements qu'on veut, en faisant écouler de l'eau dans les prés sitôt que le premier foin en est enlevé. Mais l'abondance du regain, ainsi que celle du premier foin, dépend beaucoup des soins qu'on se donne pour fertiliser les prairies. On fauche ordinairement les regains à la mi-Septembre ; et ce second fauchage est d'autant plus utile, qu'outre la nouvelle herbe, on enlève aussi celle qui peut être échappée à la faux lors de la première fauchaison.

Aussi-tôt que le regain est recueilli, on a coutume d'y mener paitre les bestiaux pendant l'automne et l'hiver, jusqu'au temps que l'herbe doit recommencer à pointer ; mais il y a des gens entendus en agriculture qui ne permettent pas qu'on laisse des bestiaux dans leurs prés à foin plus de huit ou quinze jours après qu'ils sont dépouillés, afin que ces animaux n'aient que le temps de pâturer ce qui est échappé au faucheur. Ils prétendent que par ce ménagement ils retirent de leurs prés le double du foin qu'ils retireraient en pâturage s'ils y laissaient les bestiaux pendant l'automne et l'hiver.

Le mot regain vient manifestement de la particule redondante re, et de gain, qui en vieux français signifiait récolte. Le regain est donc une seconde récolte avantageuse au propriétaire. Les Normands disent revoin, et Ménage croit que c'est le véritable mot employé pour refoin, qui veut dire un second foin. Les coutumes de Berry et de Nivernais se servent du terme revivre, parce que les prés semblent revivre une seconde fais. (D.J.)