S. f. (Architecture) c'est le frontispice ou la structure extérieure d'un bâtiment. On dit le frontispice d'une église, d'un temple, d'un monument public, etc. On dit la façade du côté des jardins, du côté de la rue, de la cour, du grand chemin, etc. On appelle encore façade latérale, le mur de pignon ou le retour d'un bâtiment isolé. C'est par la décoration de la façade d'un édifice, que l'on doit juger de l'importance de ce dernier ; du motif qui l'a fait élever, et de la dignité du propriétaire : c'est par son ordonnance que la capacité d'un architecte se manifeste, et que les hommes intelligens jugent de la relation qu'il a su observer entre la distribution des dedans, et celle des dehors, et de ces deux parties avec la solidité. L'on peut dire que la façade d'un bâtiment est à l'édifice, ce que la physionomie est au corps humain ; celle-ci prévient en faveur des qualités de l'âme ; l'autre détermine à bien juger de l'intérieur d'un bâtiment. Mais, de même qu'un peintre, un sculpteur doit varier les expressions de ses figures, afin de ne pas donner à un soldat le caractère d'un héros, ni aux dieux de la fable, des traits qui tiennent trop de l'humanité ; il convient qu'un architecte fasse choix d'un genre de décoration, qui désigne sans équivoque les monuments sacrés, les édifices publics, les maisons royales, et les demeures des particuliers : attention que nos modernes ont trop négligée jusqu'à présent. Tous nos frontispices, nos façades extérieures portent la même empreinte : celles de nos hôtels sont revêtues des mêmes membres d'architecture, et l'on y remarque les mêmes ornements qui devraient être réservés pour nos palais ; négligence dont il résulte non-seulement un défaut de convenance condamnable, mais encore une multiplicité de petites parties, qui ne produisent le plus souvent qu'une architecture mesquine, et un désordre dont se ressentent presque toutes les productions de nos jours, sans excepter les temples consacrés à la Divinité.

Malgré l'abus général dont nous parlons, nous allons citer les frontispices et les façades de nos bâtiments français les plus capables de servir d'autorités, et dont les compositions sont les plus exemptes des défauts que nous reprochons ici. De ce nombre sont, la façade du Louvre du côté de Saint Germain l'Auxerrais, par Claude Perrault, pour la décoration des palais des rois : la façade de Versailles, du côté des jardins, par Hardouin Mansard, pour les maisons royales : la façade du château de Maisons, par François Mansart, pour les édifices de ce genre : la façade du côté de la cour de l'hôtel de Soubise, par M. de la Mair, pour la demeure de nos grands seigneurs : la façade de la maison de campagne de M. de la Boissière, par M. Carpentier, pour nos belvéders et nos jolies maisons de campagne : les façades de la maison de M. de Janvri, fauxbourg Saint-Germain, par M. Cartaut, pour nos maisons particulières : la façade du bâtiment de la Charité, rue Taranne, par M. Destouches, pour nos maisons à loyer : le frontispice de l'église de Saint Sulpice, par M. de Servandoni, pour annoncer la grandeur et la magnificence de nos édifices sacrés : celui des Feuillans du côté de la rue Saint Honoré, pour la pureté de l'architecture, par François Mansart : celui de l'église de la Culture de Sainte Catherine, pour la singularité, par le P. de Creil. Enfin nous terminerons cette énumération par la décoration de la porte de Saint-Denis, élevée sur les desseins de François Blondel, comme autant de modèles qui doivent servir d'étude à nos architectes, attirer l'attention des amateurs, et déterminer le jugement de nos propriétaires. Voyez la plus grande partie des façades que nous venons de citer, et les descriptions qui en ont été faites, répandues dans les huit volumes de l'Architecture française. Voyez aussi les façades que nous donnons dans cet Ouvrage, Pl. d'Architecture. (P)