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Catégorie parente: Beaux-arts
Catégorie : Poésie latine
S. m. (Poésie latine) chez les Grecs, c'est-à-dire cadence, et alors il se prend dans le même sens que le mot nombre. Voyez NOMBRE.

Il désigne encore en général la mesure des vers ; mais pour dire quelque chose de plus particulier, le rhythme n'est qu'un espace terminé selon certaines lais. Le mètre est aussi un espace terminé, mais dont chaque partie est remplie selon certaines lais.

Pour expliquer nettement cette différence, supposons un rhythme de deux temps. De quelque façon qu'on le tourne il en résulte toujours deux temps. Le rhythme ne considère que le seul espace : mais si on remplit cet espace de sons ; comme ils sont tous plus ou moins longs ou brefs, il en faudra plus ou moins pour le remplir : ce qui produira différents mètres sur le même rhythme, ou, si l'on veut, différents partages du même espace. Par exemple, si les deux temps du rhythme sont remplis par deux longues, le rhythme devient le mètre qu'on appelle spondée ; s'ils sont remplis par une longue et deux breves, le rhythme, sans cesser d'être le même, devient dactyle ; s'il y a deux breves et une longue, c'est un anapeste ; s'il y a une longue entre deux breves, c'est un amphibraque ; enfin, quatre breves feront un double pyrique. Voilà cinq espèces de mètres ou de pieds sur le même rhythme. Cours de Belles-lettres. (D.J.)

RHYTHME, (Prose) c'est comme dans la poésie la mesure et le mouvement ; l'un et l'autre se trouvent dans la prose, ainsi que dans la poésie. En prose la mesure n'est que la longueur ou la briéveté des phrases, et leur partage en plus ou moins de membres, et le mouvement résulte de la quantité de syllabes dont sont composés les mots. Les effets du rhythme sont connus dans la poésie. Sa vertu n'est pas moindre en prose. Il est impossible de prononcer une longue suite de paroles sans prendre haleine : quand celui qui parle pourrait y suffire, ceux qui l'écoutent ne pourraient le supporter : il a donc été nécessaire de diviser le discours en plusieurs parties : on a encore sous-divisé ces parties, et on y a inséré d'autres pauses de plus ou de moins de durée, selon qu'il était convenable, et de-là s'est formé ce qu'on peut appeler la mesure de la prose : c'est le besoin de respirer, c'est la nécessité de donner de temps-en-temps quelque relâche à ceux qui nous écoutent, qui a fait partager la prose en plusieurs membres, et ce partage, perfectionné par l'art, est devenu une des grandes beautés du discours ; mais cet embellissement ne peut se séparer du nombre, c'est-à-dire, de la quantité des syllabes. Les phrases ne peuvent plaire que lorsqu'elles sont composées de pieds convenables : c'est alors que la prose s'accommodant à toutes les variétés du discours, s'insinue dans les esprits, les remue, et les échauffe : c'est alors qu'elle devient une espèce de musique qui offre partout une mesure réglée, un mouvement déterminé et des cadences variées et gracieuses. D'abord l'oreille seule et le goût des écrivains avaient réglé le rhythme de la prose : ensuite l'art le perfectionna ; et on assigna à chaque style l'espèce de pied qui lui convenait davantage, soit pour le style oratoire, soit pour le style historique, soit pour le dialogue ; en un mot pour quelque espèce de style que ce fût, la mesure et le mouvement étaient déterminés par des règles, en prose ainsi qu'en poésie ; et ces règles étaient regardées comme si essentielles, que Ciceron n'en dispense pas même les orateurs qui avaient à parler sur le champ. (D.J.)

RHYTHME, s. m. (Musique) , peut se définir généralement, la proportion que les parties d'un temps, d'un mouvement, et même d'un tout ont les unes avec les autres : c'est, en musique, la différence du mouvement qui résulte de la vitesse ou de la lenteur, de la longueur ou de la briéveté respective des notes.

Aristide Quintilien divise le rhythme en trois espèces ; savoir, celui des corps immobiles, lequel résulte de la juste proportion de leurs parties, comme dans une statue bien faite. Le rhythme du mouvement local, comme dans la danse, la démarche bien composée, les attitudes des pantomimes ; ou enfin celui des mouvements de la voix et de la durée relative des sons dans une telle proportion que, soit qu'on frappe toujours la même corde, comme dans le son du tambour, soit qu'on varie les sons de l'aigu au grave, comme dans la déclamation et le chant, il puisse, de leur succession, résulter des effets agréables par la durée ou la quantité. C'est de cette dernière espèce de rhythme seulement que j'ai à parler dans cet article ; sur les autres voyez PANTOMIMES, DANSE, SCULPTURE.

Le rhythme appliqué au son ou à la voix, peut encore s'entendre de la parole ou du chant. Dans le premier sens, c'est du rhythme que naissent le nombre et l'harmonie dans l'éloquence, la mesure et la cadence dans la poésie. Voyez ÉLOQUENCE, POESIE, METRIQUE, VERS, etc. Dans le second, le rhythme s'applique à la valeur des notes, et s'appelle aujourd'hui mesure. Voyez VALEUR DES NOTES, MESURES, TEMS. Quant au rhythme de la musique des anciens, voici à-peu-près l'idée qu'on en doit avoir.

Comme les syllabes de la langue grecque avaient une quantité et des valeurs beaucoup plus sensibles et mieux distinguées que celles de notre langue, et que les vers qu'on chantait étaient composés d'un certain nombre de pieds que formaient ces syllabes longues ou breves différemment combinées ; le rhythme du chant suivait régulièrement la marche de ces pieds, et n'en était proprement que l'expression. Il se divisait ainsi qu'eux en deux temps, l'un frappé et l'autre levé, et l'on en comptait trois genres, et même quatre et plus, selon les divers rapports de ces temps. Ces genres étaient l'égal, qu'ils appelaient aussi dactilique, où le rhythme était divisé en deux temps égaux : le rhythme double, trochaïque ou ïambique, dans lequel la durée de l'un des deux temps était double de celle de l'autre ; le sesquialtère, qu'ils appelaient aussi péonique, dont la durée de l'un des temps était à celle de l'autre en rapport de deux à trois ; et enfin l'épitrite moins usité, où le rapport des deux temps était de trois à quatre. Les temps de ces rhythmes étaient susceptibles de plus ou moins de lenteur par un plus grand ou moindre nombre de syllabes ou de notes longues ou brèves, selon le mouvement, et dans ce sens, un temps pouvait recevoir jusqu'à huit degrés différents de mouvement par le nombre des syllabes qui le composaient : mais les deux temps conservaient toujours entr'eux la proportion déterminée par le genre du rhythme.

Outre cela, le mouvement et la marche des syllabes, et par conséquent des temps et du rhythme qui en résultait, était susceptible d'accélération ou de ralentissement, selon l'intention du poète, l'expression des paroles, et le caractère des passions qu'il fallait exciter. Ainsi, de ces deux moyens combinés naissait une foule de modifications possibles dans le mouvement d'un même rhythme, qui n'avait d'autres bornes que celles au-deçà ou au-delà desquelles l'oreille n'est plus à portée d'apercevoir les proportions.

Le rhythme, par rapport aux pieds qui entraient dans la poésie qu'on mettait en musique, se partageait en trois autres genres ; le simple, qui n'admettait qu'une sorte de pieds ; le composé, qui résultait de deux ou plusieurs espèces de pieds, et le mixte, qui pouvait se résoudre en deux ou plusieurs rhythmes égaux ou inégaux, ou se battre arbitrairement à deux temps égaux ou inégaux, selon les diverses conditions dont il était susceptible.

Une autre source de variété dans le rhythme des anciens était les différentes marches ou successions de ce même rhythme, selon l'espèce des vers. Le rhythme pouvait être uniforme, c'est-à-dire, se battre toujours en deux temps égaux, comme dans les vers hexamètres, pentamètres, adoniens, anapestiques, etc. ou toujours inégaux, comme dans les vers purs ïambiques, ou diversifiés, c'est-à-dire mêlés de pieds égaux et d'inégaux, comme dans les scazons, les coriambiques, etc. Mais dans tous ces cas, les rhythmes, même semblables ou égaux, pouvaient être fort différents en vitesse, selon la nature des pieds. Ainsi, de deux rhythmes égaux en genre, résultants l'un de deux spondées, et l'autre de deux pyrriques, le premier aurait pourtant été double de l'autre en durée.

Les silences se trouvaient encore dans le rhythme ancien, non à la vérité comme les nôtres, pour faire taire seulement quelqu'une des parties, ou pour donner quelque caractère au chant ; mais uniquement pour remplir la mesure de ces vers appelés catalectiques, qui demeuraient courts faute d'une syllabe ; ainsi les silences ne pouvaient jamais se trouver qu'à la fin du vers pour suppléer à cette syllabe.

A l'égard des tenuès, ils les connaissaient sans doute, puisqu'ils avaient un mot pour les exprimer ; la pratique en devait cependant être fort rare parmi eux, du-moins cela peut-il s'inférer de la nature de leurs notes et de celle de leur rhythme, qui n'était que l'expression de la mesure et de la cadence des vers. Il parait aussi qu'ils ne connaissaient pas les roulements, les syncopes, ni les points, à moins que les instruments ne pratiquassent quelque chose de semblable en accompagnant la voix : de quoi nous n'avons nul indice.

Vossius dans son livre de poematum cantu et viribus rhythmi, relève beaucoup le rhythme ancien, et il lui attribuè toute la force de l'ancienne musique. Il dit qu'un rhythme détaché, comme le nôtre, qui ne représente point les formes et les figures des choses, ne peut avoir aucun effet, et que les anciens nombres poétiques n'avaient été inventés que pour cette fin que nous négligeons ; il ajoute que le langage et la poésie moderne sont peu propres pour la musique, et que nous n'aurons jamais de bonne musique vocale jusqu'à ce que nous fassions des vers favorables pour le chant, c'est-à-dire, jusqu'à ce que nous réformions notre langage, en y introduisant, à l'exemple des anciens, la quantité et les pieds mesurés, et en proscrivant pour jamais l'invention barbare de la rime.

Nos vers, dit-il, sont précisément comme s'ils n'avaient qu'un seul pied : de sorte que nous n'avons dans notre poésie aucun rhythme véritable ; et qu'en fabriquant nos vers, nous ne pensons qu'à y faire entrer un certain nombre de syllabes, sans presque nous embarrasser de quelle nature elles sont. J'ai peur que ceux qui se sont tant moqués de tous ces raisonnements de Vossius, ne fussent encore moins bons connaisseurs en musique que Vossius ne l'était lui-même. Voyez MUSIQUE. (S)

RHYTHME, (Médecine) ce mot est entièrement grec , il signifie littéralement cadence ; Hérophîle est le premier qui l'ait employé dans le langage de la Médecine, où il l'a transporté de la Musique ; il a prétendu exprimer par ce mot une espèce de modulation et de cadence, semblable à celle que produisent les instruments de musique, qui résulte des différents rapports de force, de grandeur, de vitesse, d'égalité et d'inégalité qu'on peut observer dans plusieurs pulsations ; ces rapports pouvant se trouver dans toutes les variations du pouls, on multiplie les rhythmes ou cadences à l'infini : c'est sur ce fondement que porte l'analogie que cet auteur a établie entre la musique et la doctrine du pouls ; analogie qu'il a poussée trop loin, et qui l'a fait tomber dans des détails aussi frivoles et minutieux que difficiles à concevoir.

Il y a un rhythme propre à chaque pouls qu'il appelle naturel ou enrhythme ; lorsque le pouls s'écarte de ce point, il devient arhythme, non pas que le rhythme disparaisse tout à fait, mais seulement qu'il s'altère. Il n'y a et ne peut y avoir qu'un seul pouls enrhythme, mais le pouls peut perdre sa cadence naturelle, c'est-à-dire être arhythme de trois façons principales ; 1°. quand le pouls privé du rhythme propre aux âges prend le rhythme de l'âge voisin, on l'appelle alors pararhythme ; 2°. lorsque le pouls arhythme prend le rhythme d'un autre âge quelconque, on lui donne alors l'épithète de héterorhythme ; 3°. enfin, il est enrhythme lorsque sa cadence est différente de celle de tous les âges ; ce pouls peut se subdiviser en un grand nombre d'autres. Ce que nous avons dit de l'âge peut s'appliquer aux saisons, aux tempéraments, aux constitutions particulières ; et enfin à toutes les circonstances essentielles ; le pouls persistant dans l'état qui leur est analogue est enrhythme ; il devient arhythme lorsqu'il sort de cet état, et prend les autres titres suivant la manière dont il s'en éloigne.

Le rhythme peut avoir lieu avec égale ou inégale proportion ; c'est-à-dire lorsque le temps de la dilatation de l'artère est égal à celui de la contraction, ou lorsque ces deux temps sont inégaux ; dans ce dernier cas les excès d'inégalité peuvent être fixes, réglés ou indéterminés ; ainsi le temps de la distention peut être double, triple, quadruple, etc. ou être à ce temps comme 5, 8, 12, 15, ou d'autres nombres quelconques sont à 1, 2, 3, 4, etc. ce qui, comme l'on voit, peut donner lieu à une infinité de caractères ; mais ils sont encore plus multipliés, si l'on a égard aux différents excès d'inégalité qui ne suivent aucune proportion constante, aucun ordre déterminé. Dépourvus des ouvrages dans lesquels Hérophîle avait exposé sa doctrine, nous n'avons que des connaissances très-imparfaites que nous devons aux extraits obscurs que Galien en a donné, on peut consulter son grand traité du pouls ; de differ. puls. lib. I. cap. ix. et l'abrégé que nous en avons donné à l'article POULS (doctrine de Galien sur le).




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