POEME, (Poésie) on nomme ainsi, comme on l'a remarqué dans le Dictionnaire, les pièces de vers qu'on fait sur la naissance des rois et des princes, auxquels on promet par une espèce de prédiction, toute sorte de bonheur et de prospérités, prédiction que le temps dément presque toujours. Sophocle, loin de s'amuser à des poésies de ce genre également basses et frivoles, finit son Oedipe, ce chef-d'œuvre de l'art, par une réflexion toute opposée à celles des poèmes génethliaques. Voici la morale qu'il met dans la bouche du dernier chœur ; elle est digne des siècles les plus éclairés et les plus capables de goûter la vérité. " O Thébains, vous voyez ce roi, cet Oedipe, dont la pénétration développait les énigmes du sphinx ; cet Oedipe, dont la puissance égalait la sagesse ; cet Oedipe, dont la grandeur n'était point établie sur les faveurs de la fortune ! vous voyez en quel précipice de maux il est tombé. Apprenez, aveugles mortels, à ne tourner les yeux que sur les derniers jours de la vie des humains, et à n'appeler heureux que ceux qui sont arrivés à ce terme fatal ". (D.J.)