S. f. (Poésie) on nomme stance, un nombre arrêté de vers comprenant un sens parfait, et mêlé d'une manière particulière qui s'observe dans toute la pièce.

Une loi essentielle, c'est de ne point enjamber d'une stance à l'autre. Il est nécessaire de régler ses vers, en sorte que passant d'une stance à l'autre, on ne rencontre pas deux vers masculins, ou deux vers feminins consécutifs qui riment ensemble ; savoir, le dernier de la stance qu'on a lue, et le premier de celle qu'on Ve lire.

Il y a des stances régulières, et des stances irrégulières : on appelle stance irrégulière des stances de suite, qui ne sont pas assujetties à des régles déterminées. Le poète emploie indifféremment toutes sortes de stances. Le mélange des rimes y est purement arbitraire, pourvu toutefois de ne mettre jamais plus de deux rimes masculines ou féminines de suite.

Les stances sont de 4, 6, 8, 10, 12 et 14 vers. On fait aussi des stances de 5, de 7, de 9 et de 10 vers. Les stances de 4 vers font un quatrain ; 5 vers font un quintil ; 6, un sixain ; 8, un huitain ; 10, un dixain.

Il n'y a que les stances composées de sept, de neuf, de douze, de treize et de quatorze vers, qui n'ont pas un nom particulier. Il en faut dire un mot. Les stances de douze, se composent comme le dixain, ou stance de dix vers, à laquelle on ajoute deux vers, qui sont pour l'ordinaire de même rime que ceux qui les précèdent. Les stances de quatorze vers, sont des stances de dix vers, à la fin desquels on ajoute quatre vers, qu'on peut faire rimer avec ceux qui précédent. Ces sortes de stances, encore plus celles de treize et de seize vers sont très-rares. Les stances de sept vers, se composent d'un quatrain et d'un tercet, ou autrement d'un tercet et d'un quatrain ; dans la première manière, il doit se trouver un repos après le quatrième vers ; et dans la seconde manière, ce repos doit être après le troisième vers. Les stances de neuf vers, ne se composent que d'une façon, c'est-à-dire, que l'on fait un quatrain, suivi d'un quintil ; ainsi le repos dans cette stance, est placé après le quatrième vers. Exemple :

Je ne prends point pour vertu

Les noirs accès de tristesse

D'un loup-garou revêtu

Des habits de la sagesse ;

Plus légère que le vent,

Elle fuit d'un faux savant

La sombre mélancholie,

Et se sauve bien souvent

Dans les bras de la folie.

Les stances n'ont été introduites dans la poésie française, que sous le règne de Henri III. en 1580. Lingendes, dont les poésies ont beaucoup de douceur et de facilité, est le premier de nos poètes qui ait fait des stances. Les irrésolutions, les douces réveries s'accommodent assez à leur cadence inégale. Cependant leur matière peut être enjouée, et on arrange de telle façon les vers, que dans les sujets galants, chaque stance se termine par un masculin, et dans les tristes par un féminin : les rimes masculines étant moins languissantes que les féminines.

Stance vient de l'italien stanza, qui signifie demeure, parce qu'à la fin de chaque stance, il faut qu'il y ait un sens complet et un repos. Ce que le couplet est dans les chansons, la strophe dans les odes, les stances le sont dans les matières graves et spirituelles. (D.J.)