S. m. (Musique) ce mot vient de l'italien, et signifie une manière particulière de toucher successivement les différents tons dont un accord est composé, au lieu de les frapper à la-fais et en plein. Communément on monte de la tonique à la tierce, quinte, octave, ou septième, etc. d'où l'on redescend ensuite par les mêmes intervalles : cela fait l'harpegement complet d'un accord.

L'harpegement est soumis au doigter de l'instrument, sur les instruments qui ont un grand nombre de cordes, comme le clavecin, la harpe, le luth, etc. on ne change guère la marche d'un accord ; l'on monte et descend uniformément de la tierce à la quinte, de la quinte à l'octave, etc. mais sur les instruments de peu de cordes, comme le violon, le violoncelle, etc. le doigter oblige souvent, pour rendre un accord complet, de chercher une tierce ou une quinte dans l'octave au-dessus ou au-dessous.

On ne peut harpeger longtemps sur des instruments de peu de cordes ; le doigter s'y oppose : mais on se sert de cette manière fréquemment sur le clavecin, la harpe, le luth, et sur d'autres instruments qu'on pince.

On fait usage de l'harpegement dans les préludes et dans les morceaux de fantaisie, où un musicien s'abandonne aux idées que son génie lui inspire sur le champ : c'est-là où il peut montrer une science profonde dans l'art des modulations, des liaisons, des passages d'un ton à un autre, etc. L'harpegement devïent alors nécessaire sur les instruments qu'on touche ou qu'on pince. Les accords frappés en plein l'un après l'autre, offenseraient l'oreille à la longue. L'harpegement en ôte la sécheresse et la dureté.

On n'harpege presque jamais dans les accompagnements : le goût et la sagesse proscrivent tout ce qui pourrait distraire du chant et de son expression ; et le secret de ne point couvrir la voix consiste moins dans l'art de jouer doux, que dans celui de supprimer cette note de l'accord, qui en se faisant entendre, nuirait aux accens et à l'effet du chant. Aussi trouve-t-on dans les partitions d'un homme de goût les accords rarement remplis et le plus communément la quinte ne joue plus que la basse dès que la voix commence à chanter. Cette sagesse qui défend de remplir les accords dans les accompagnements, s'oppose à plus forte raison à l'harpegement.

Pour accompagner le récitatif, le compositeur n'écrit que la note de la basse ; mais celui qui accompagne du clavecin frappe l'accord en plein et à sec aussi souvent que cette note change ; et celui qui accompagne du violoncelle, donne le même accord par harpegement, pour aider et soutenir le chanteur dans le ton. Alors le compositeur doit chiffrer sa basse, du-moins dans les endroits difficiles. Voyez ACCOMPAGNEMENT, ACCORD, DOIGTER, LUTH, CLAVECIN, etc.