S. m. (Musique) assemblée de voix et d'instruments qui exécutent des morceaux de musique. On le dit aussi pour exprimer la musique même qu'on exécute. Les Indes galantes sont gravées en concert, c'est-à-dire qu'elles sont disposées dans la gravure pour former des concerts. (B)

On ne se sert guère du mot concert que pour une assemblée d'au-moins quatre ou cinq musiciens, et pour une musique à plusieurs parties, tant vocale qu'instrumentale. Quant aux anciens, comme il parait qu'ils ne connaissaient pas la musique à plusieurs parties, leurs concerts ne s'exécutaient probablement qu'à l'unisson ou à l'octave. (S)

On fait des concerts d'instruments sans voix, dans lesquels on n'exécute que des symphonies. Dans quelques villes considérables de province, plusieurs particuliers se réunissent pour entretenir à leurs dépens des musiciens qui forment un concert. On dit le concert de Marseille, de Toulouse, de Bordeaux, etc. Celui de Lyon est établi en forme par lettres patentes, et a le titre d'académie royale de Musique. Il est administré par des directeurs élus par les particuliers associés, et c'est un des meilleurs qu'il y ait en province. Par un des statuts de cet établissement, chaque concert doit finir par un motet à grand chœur. Il n'est guère de ville en Europe où on ait tant de goût pour les Arts, dont les habitants soient aussi bons citoyens, et où les grands principes des mœurs soient si bien conservés : l'opulence ne les a point détruits, parce qu'elle n'y fleurit que par le travail et l'industrie. Le Commerce seul fait la richesse de la ville de Lyon, et la bonne foi est le grand ressort de cette utîle et honnête manière d'acquérir.

Le 24 Aout, veille de S. Louis, on élève auprès de la grande porte des Tuileries, du côté du jardin, une espèce d'amphithéâtre : tous les symphonistes de l'opéra s'y rendent ; et à l'entrée de la nuit on forme un grand concert composé des plus belles symphonies des anciens maîtres français. C'est un hommage que l'académie royale de Musique rend au Roi. On ignore pourquoi l'ancienne musique, beaucoup moins brillante que la nouvelle, et par cette raison moins propre aujourd'hui à former un beau concert, est pourtant la seule qu'on exécute dans cette occasion : peut-être croit-on devoir la laisser jouir encore de cette prérogative, dans une circonstance où personne n'écoute. (B)

CONCERT SPIRITUEL, (Histoire moderne) spectacle public dans lequel on exécute, pendant les temps que tous les autres spectacles sont fermés, des motets et des symphonies. Il est établi dans la salle des suisses des Tuileries. On y a fait construire des loges commodes et un grand orchestre ; et ce spectacle a été plus ou moins fréquenté, selon le plus ou le moins d'intelligence des personnes qui en ont été chargées. Anne Daveau, dit Philidor, ordinaire de la musique du Roi, en donna l'idée en 1725. C'est un spectacle tributaire de l'académie royale de Musique : elle l'a régi pendant quelque temps elle-même, et il est actuellement affermé à M. Royer, maître à chanter des Enfans de France.

C'est le plus beau concert de l'Europe, et il peut fort aisément devenir le meilleur qu'il soit possible d'y former, parce que par son établissement il n'est point borné à de simples symphonies ou à des motets ; on y peut faire exécuter des cantates, des airs italiens des excellents maîtres, des morceaux de chant neufs et détachés, etc. En 1727 on y donna avec succès la cantate du Retour des dieux sur la terre, dont les paroles sont de M. Tanevot, et la musique de M. Colin de Blamont ; et en 1729, la cantate qui a pour titre la Prise de Lerida, et plusieurs ariettes italiennes y attirèrent beaucoup de monde.

Lorsqu'il parait à Paris quelque joueur d'instruments de réputation, et quelque cantatrice ou chanteur étrangers, c'est-là qu'on est sur de les bien entendre. Le nombre de bons instruments dont ce concert est composé, les chœurs qui sont choisis parmi les meilleurs musiciens des églises de Paris, les actrices de l'opéra les plus goutées du public, et les voix de la chapelle et de la chambre du Roi les plus brillantes qu'on a le soin d'y faire paraitre, le rendent fort agréable aux amateurs de la Musique ; et lorsqu'on a l'art de varier les morceaux qu'on y exécute, le public y court en foule.

Ce n'est que là, au reste, et à la chapelle du Roi, qu'on peut jouir des beaux motets de M. Mondonville. Ce célèbre compositeur dans ce genre de musique, est au concert spirituel ce que M. Rameau est à l'opéra : il a saisi dans ses compositions sacrées la grande manière que cet illustre artiste a portée dans ses ouvrages dramatiques ; mais il l'a saisie en homme original ; il a Ve la lumière dès qu'elle a paru ; et il a composé de façon qu'on juge sans peine qu'il était capable de se frayer de nouvelles routes dans son art, quand même M. Rameau ne les aurait pas ouvertes avant lui. Voyez CHANT. (B)