S. f. terme de Peinture. Dans les Arts et dans les talents, la facilité est une suite des dispositions naturelles. Un homme né poète répand dans ses ouvrages cette aisance qui caractérise le don que lui a fait la nature. Voyez FACILE. L'artiste que le ciel a doué du génie de la Peinture, imprime à ses couleurs la legereté d'un pinceau facîle ; les traits qu'il forme sont animés et pleins de feu. Est-ce à la conformation et à la combinaison des organes que nous devons ces dispositions qui nous entraînent comme malgré nous, et qui nous font surmonter les difficultés des Arts ? Est-ce dans l'obscurité des causes physiques de nos sensations que nous devons rechercher les principes de cette facilité ? Quelle qu'en soit la source, qu'il serait avantageux de l'avoir assez approfondie pour pouvoir diriger les hommes vers les talents qui leur conviennent, pour aider la nature, et pour faire de tant de dispositions souvent ignorées ou trop peu secondées, un usage avantageux au bien général de l'humanité ! Au reste la facilité seule, en découvrant des dispositions marquées pour un talent, ne peut pas conduire un artiste à la perfection ; il faut que cette qualité soit susceptible d'être dirigée par la réflexion. On nait avec cette heureuse aptitude, mais il faudrait s'y refuser jusqu'à ce qu'on eut préparé les matériaux dont elle doit faire usage. Il faudrait enfin qu'elle ne se développât que par degrés, et c'est lorsque la facilité est de cette rare espèce, qu'elle est un sur moyen pour arriver aux plus grands succès. Et qu'on ne croye pas que la patience et le travail puissent subvenir absolument au défaut de facilité : non. Si l'un et l'autre peuvent conduire par une route pénible à des succès, il manquera toujours à la perfection qu'on peut acquérir ainsi, ce qu'on désire à la beauté, lorsqu'elle n'a pas le charme des grâces. On admire dans Boileau la raison fortifiée par un choix laborieux d'expressions justes et précises. Bien moins captif, le talent divin et facîle de La Fontaine touche à-la-fais l'esprit et le cœur.

La facilité dont je dois parler ici, celle qui regarde particulièrement l'art de la Peinture, est de deux espèces. On dit facilité de composition, et le sens de cette façon de s'exprimer rentre dans celui du mot génie ; car un génie abondant est le principe fécond qui agit dans une composition facîle : Il faut donc remettre à en parler lorsqu'il sera question du mot GENIE. La seconde application du terme facilité est celle qu'on en fait lorsqu'on dit un pinceau facîle ; c'est l'expression de l'aisance dans la pratique de l'art. Un peintre, bon praticien, assuré dans les principes du clair-obscur, dans l'harmonie de la couleur, n'hésite point en peignant ; sa brosse se promene hardiment, en appliquant à chaque objet sa couleur locale. Il unit ensemble les lumières et les demi-teintes ; il joint celles-ci avec les ombres. La trace de ce pinceau dont on suit la route, indique la liberté, la franchise, enfin la facilité. Voilà ce que présente l'idée de ce terme, et je finis cet article en hasardant le conseil de se rendre sévère et difficîle même dans les études par lesquelles on prépare les matériaux de l'ouvrage ; mais lorsque la réflexion en a fixé le choix, de donner à l'exécution du tableau cet air de liberté, cette facilité d'exécution qui ajoute au mérite de tous les ouvrages des Arts. Article de M. WATELET.