(Peinture) c'est cette partie oeconomique de la Peinture qui tient notre esprit attaché, et qui attire notre attention par l'art qu'a le peintre de varier dans les personnages d'un tableau, l'air, l'attitude, et les passions qui sont propres à ces personnages : tout cela demande nécessairement de la diversité dans l'expression, et la chose est pratiquable. Il y a par exemple une infinité de joies et de douleur différentes, que l'art sait exprimer par l'âge, par le sexe, par le tempérament, par le caractère des nations et des particuliers, par la qualité des personnes, et par mille autres moyens : mais cette diversité doit être vraie, naturelle, placée, et liée au sujet ; il faut que toutes les figures paraissent s'être rangées et posées d'elles-mêmes suivant leur caractère, sans travail et sans affectation. Nous ne manquons pas de modèles en ce genre, mais il n'y en a point de plus admirables que le tableau de la messe du pape Jules, celui d'Attila, et l'école d'Athènes ; trois chefs-d'œuvre de Raphaël, trois compositions sublimes qui n'appartiennent qu'à lui. Comme la diversité de la nature est infinie, la diversité de l'imitation peut l'être de même ; cependant il n'est pas possible de donner des règles pour enseigner l'art de diversifier les personnages d'un tableau, leurs attitudes, et leurs passions : c'est au génie à imaginer, les avis ne peuvent suppléer au génie. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.