S. m. (Arts) on appelle monument, tout ouvrage d'Architecture et de Sculpture, fait pour conserver la mémoire des hommes illustres, ou des grands événements, comme un mausolée, une pyramide, un arc de triomphe, et autres semblables.

Les premiers monuments que les hommes aient érigés, n'étaient autre chose que des pierres entassées, tantôt dans une campagne, pour conserver le souvenir d'une victoire, tantôt sur une sépulture pour honorer un particulier. Ensuite l'industrie a ajouté insensiblement à ces constructions grossières, et l'ouvrier est enfin parvenu quelquefois à se rendre lui-même plus illustre par la beauté de son ouvrage, que le fait ou la personne dont il travaillait à célébrer la mémoire. La ville d'Athènes était si féconde en monuments historiques, que par-tout où l'on passait, dit Cicéron, on marchait sur l'histoire ; mais toutes ces choses ont péri ; quelque nombreux et quelque somptueux que soient les monuments élevés par la main des hommes, ils n'ont pas plus de privilège que les villes entières, qui se convertissent en ruines et en solitudes. C'est pourquoi il n'y eut jamais de monument dont la magnificence ait égalé celle du tombeau de Thémistocle, en l'honneur de qui on dit, que toute la Grèce serait son monument. (D.J.)

MONUMENT, s. m. (Architecture) ce mot signifie en particulier un tombeau, quia monet mentem. Voyez TOMBEAU. Je me contenterai de donner en passant l'interprétation de quelques abréviations qu'on voit souvent gravées sur les monuments ; telles sont les suivantes.

Mais il serait inutîle ici de multiplier les exemples de cette espèce, parce qu'on ne manque pas d'ouvrages d'antiquaires auxquels on peut recourir pour l'intelligence de toutes les abréviations qu'on trouve sur les monuments antiques. (D.J.).

MONUMENT le, (Histoire d'Angleterre) il est ainsi nommé par les Anglais, et avec raison, car c'est le plus célèbre monument des modernes, et une des pièces des plus hardies qu'il y ait en Architecture : ce fut en mémoire du triste embrasement de Londres, qui arriva le 2 Septembre 1666, qu'on érigea cette pyramide, au nord du pont qui est de ce côté-là sur la Tamise, près de l'endroit où l'incendie commença ; c'est une colonne ronde de l'ordre toscan, bâtie de grosses pierres blanches de Portland. Elle a deux cent pieds d'élévation et quinze de diamètre ; elle est sur un piédestal de quarante pieds de hauteur, et vingt-un en carré. Au dedans est un escalier à vis de marbre noir, dont les barreaux de fer règnent jusqu'au sommet, où se trouve un balcon entouré d'une balustrade de fer, et qui a vue sur toute la ville. Les côtés du nord et du sud du piédestal ont chacun une inscription latine ; une de ces inscriptions peint la désolation de Londres réduite en cendres, et l'autre son rétablissement qui fut aussi prompt que merveilleux. Tout ce que le feu avait emporté d'édifices de bois, fut en deux ou trois ans rétabli de pierres et de briques sur de nouveaux plans plus réguliers et plus magnifiques, au grand étonnement de toute l'Europe, et au sortir d'une cruelle peste qui suivit l'année même de l'embrasement de cette capitale ; et rien ne fait tant voir la richesse, la force et le génie de cette nation, quand elle est d'accord avec elle-même, et qu'elle a de grands maux à réparer. (D.J.)