Eloquence

S. f. (Grammaire, Eloquence) L'interjection étant considérée par rapport à la nature, dit l'abbé Regnier (p. 534.) est peut-être la première voix articulée dont les hommes se soient servis. Ce qui n'est que conjecture chez ce grammairien, est affirmé positivement par M. le Président de Brosses, dans ses observations sur les langues primitives, qu'il a communiquées à l'académie royale des Inscriptions et Belles-lettres.

" Les premières causes, dit-il, qui excitent la voix humaine à faire usage de ses facultés, sont les sentiments ou les sensations intérieures, et non les objets du dehors, qui ne sont, pour ainsi dire, ni aperçus, ni connus. Entre les huit parties d'oraison, les noms ne sont donc pas la première, comme on le croit d'ordinaire ; mais ce sont les interjections, qui expriment la sensation du dedans, et qui sont le cri de la nature. L'enfant commence par elles à montrer qu'il est tout à la fois capable de sentir et de parler.

(Eloquence et Rhétorique) Ce mot dans son étymologie s'étend fort loin, signifiant en général tout homme qui harangue. Ici il désigne un homme éloquent qui fait un discours public préparé avec art pour opérer la persuasion.

Quelque sujet que traite un tel orateur, il a nécessairement trois fonctions à remplir ; la première est de trouver les choses qu'il doit dire ; la seconde est de les mettre dans un ordre convenable ; la troisième, de les exprimer avec éloquence : c'est ce qu'on appelle invention, disposition, expression. La seconde opération tient presque à la première, parce que le génie lorsqu'il enfante, étant mené par la nature, Ve d'une chose à celle qui doit la suivre. L'expression est l'effet de l'art et du gout. Voyez INVENTION, DISPOSITION, EXPRESSION.

LE (Eloquence, Poésie, Art oratoire) le pathétique est cet enthousiasme, cette véhémence naturelle, cette peinture forte qui émeut, qui touche, qui agite le cœur de l'homme. Tout ce qui transporte l'auditeur hors de lui-même, tout ce qui captive son entendement, et subjugue sa volonté, voilà le pathétique.

Il règne éminemment dans la plus belle et la plus touchante pièce qui ait paru sur le théâtre des anciens, dans l'Oedipe de Sophocle ; à la peinture énergique des maux qui désolaient le pays, succede un chœur de Thébains qui s'écrie.

S. f. (Art oratoire) figure de rhétorique par laquelle on fait allusion à la ressemblance du son qui se trouve entre différents noms ou différents mots, comme dans ces phrases. Is vère CONSUL est qui reipublicae saluti CONSULIT. Cum LECTUM petis de LETHO cogita. Elle a beaucoup de rapport à la figure appelée paronomase. Voyez PARONOMASE.
S. f. (Art oratoire) c'est-à-dire image, portrait, description, peinture : tantôt on appelle cette figure hypotypose, et tantôt éthopée. Elle peint les vices des hommes.

L'hypocrite en fraude fertîle

Dès l'enfance est pétri de fard ;

Il sait colorer avec art

Le fiel que sa bouche distille ;

Et la morsure du serpent

Est moins aiguë et moins subtile,

Que le venin caché que sa langue répand.

Rousseau.

Elle peint leurs vertus :