On appelle havre de barre, un havre dont l'entrée est fermée par un banc de roches ou de sable, et dans lequel on ne peut aborder que de pleine mer. Le havre de Goa est un havre de barre, quoique ce soit un des plus beaux ports du monde.
Le havre de toutes marées est celui où l'on n'est pas obligé d'attendre pour entrer ou pour sortir, la commodité de la marée, mais où l'on peut entrer également de haute et de basse mer.
Le havre d'entrée signifie la même chose ; c'est un havre où il y a toujours assez d'eau pour y entrer ou pour en sortir, même en basse marée.
Le havre brute ou crique est celui que la nature seule a formé, et auquel l'industrie des hommes n'a encore rien ajouté pour le rendre plus sur et plus commode ; les François qui navigent en Amérique, appellent cul-de-sac un avre de cette espèce.
Quelquefois le avre est resserré à son entrée par une longue digue qui s'avance dans la mer, ou même par deux digues qu'on appelle jetées. Voyez JETTEES. Quelquefois, surtout en Italie et dans le Levant, au lieu de jetées il y a un mole qui ferme le port. Voyez MOLE. (D.J.)
HAVRE-DE-GRACE (le), Géographie ville maritime de France dans la haute-Normandie, au pays de Caux, avec un excellent port, une citadelle, et un arsenal pour la marine. Elle doit son origine à François I. qui la fit bâtir et fortifier ; les Anglais la bombardèrent en 1694. Elle est à l'embouchure de la Seine, dans un endroit marécageux, à 12 lieues de Caèn, 18 N. O. de Rouen, 8 S. O. de Fécamp, 2 d'Harfleur, 45 N. O. de Paris. Long. 17. 40. 10. lat. 49. 29. 9.
M. et Mademoiselle de Scudery sont de cette ville ; M. de Scudery (Georges) y naquit en 1603. Favori du cardinal de Richelieu, il balança quelque temps la réputation de Corneille ; son nom est aujourd'hui plus connu que ses ouvrages, sur lesquels on sait les vers satyriques de Despréaux. Il mourut à l'âge de 64 ans.
Scudery (Magdelaine) sa sœur, est née en 1607 ; elle publia quelques vers agréables, et les énormes romans de Clélie, d'Artamène, de Cyrus, et autres, outre dix volumes d'entretiens. Elle remporta en 1671 le premier prix d'éloquence fondé par l'académie française ; elle a joui d'une pension du cardinal Mazarin, d'une autre du chancelier Boucherat sur le sceau, et d'une troisième de deux mille livres que Louis XIV. lui donna en 1683.
On nous a conservé son aventure dans un voyage qu'elle fit en Provence ; elle causait avec son frère dans l'hôtellerie de son roman de Cyrus, et lui demandait ce qu'il pensait qu'on devait faire du prince Mazart, un des héros du roman, dont le dénouement l'embarrassait. Ils convinrent de le faire assassiner ; des gens qui étaient dans la chambre voisine ayant entendu la conversation, crurent que c'était la mort de quelque prince appelé Mazart, dont on complotait la perte ; ils en avertirent la Justice du lieu ; M. et Mademoiselle de Scudery furent mis en prison, et eurent besoin de quelque temps pour prouver leur innocence : cette Dame mourut en 1701. (D.J.)
