(Géographie) province maritime d'Angleterre à l'orient et à l'entrée de la Manche, dans les diocèses de Cantorbery et de Rochester. Elle a 160 milles de circuit, contient environ 12 cent 48 mille arpens, et 39 mille 242 maisons.

Suivant la différence de son terroir, on la divise en trois parties ; savoir, les dunes où, selon le proverbe, on a santé sans richesses ; les endroits marécageux, où l'on a richesses sans santé ; et les parties méditerranées, où l'on a santé et richesses. Une partie de cette province est pleine de bois-taillis, une autre abonde en grains, une autre en pâturages. Il y a des houblonnières qui rapportent plus que les meilleurs vignobles, et l'on y voit des laboureurs qui retirent annuellement un millier de livres sterling de leurs terres. On y trouve les eaux médicinales de Tunbridge, d'excellentes cerises, et des pommes renettes (gold-pepins) égales aux meilleures de la Normandie,

Les rivières qui l'arrosent sont la Tamise, qui la sépare du comté d'Essex, le Medway, la Stoure, etc. Le saumon du Medway est estimé, et les truites de Forwich, près de Cantorbery le sont encore davantage pour leur goût et leur grandeur.

Les principales villes sont Rochester, Maidstone, Douvres, Sandwich, Romney, Queensborough, Hyeth, Folkentone, etc. C'est aussi dans cette province que se trouvent les principaux d'entre les cinq ports (qui sont présentement au nombre de huit), dont les quatre de Kent sont Douvres, Sandwich, Romney, Hyeth.

Quand Guillaume I. conquit l'Angleterre, il confirma les anciens privilèges du comté de Kent, que l'on nomme Gavelkind. Les trois principaux de ces droits sont, 1°. que les hoirs mâles partagent également les biens de terre ; 2°. que tout héritier à l'âge de 15 ans peut vendre et aliéner ; 3°. que nonobstant la conviction du père atteint de quelque crime capital, le fils ne laisse pas d'hériter de ses biens.

Enfin cette province peut se vanter de ne le pas céder à d'autres en production d'hommes célèbres : c'est assez de nommer l'immortel Harvey, Philippe Sidney, François Walsingham, Jean Wallis et Henri Wotton.

Sidney est connu par sa valeur, par les beaux emplois dont Elisabeth l'honora, et par son arcadie. Il mourut d'une blessure qu'il reçut au combat de Zutphen en 1586, âgé de 32 ans.

Walsingham, ministre et favori de la même reine, a laissé d'excellents ouvrages de politique, qui ont été traduits en Français, et imprimés à Amsterdam en 1705 in -4°. Il finit ses jours en 1598 entre les bras de la pauvreté.

Wallis est un des plus grands mathématiciens de l'Europe. Ses ouvrages ont été recueillis en trois volumes in-folio. Il possédait la Musique des anciens à un degré éminent, et avait un talent particulier pour déchiffrer les lettres écrites en toutes sortes de chiffres : il se rendit par-là non-seulement utîle à sa patrie, mais aux princes étrangers qui étaient liés à l'Angleterre, dont il reçut des marques glorieuses de reconnaissance. Comblé de gloire et d'années, il finit sa carrière à Oxford en 1703, âgé de 87 ans.

Wotton, fils du chevalier Thomas Wotton, créé chevalier lui-même par Jacques VI. se distingua par son esprit, ses ambassades dans les cours étrangères, et des ouvrages rassemblés en un volume sous le titre de reliquae Wottonianae. Il mourut en 1639, âgé de 71 ans.

(Le Chevalier DE JAUCOURT.)