LAHOR PROVINCE DE, (Géographie) autrefois royaume, à présent province de l’empire du grand mogol, dans l’Indoustan. Pline nomme quatre fleuves qui l’arrosent ; savoir l’Acésinès, le Cophès, l’Hydaspe, et l’Hypasie : les voyageurs modernes leur ont donné tant de noms particuliers, qu’on ne peut plus les discerner les uns des autres. C’est donc assez de dire, que ces quatre fleuves ont leurs sources dans les montagnes du Nord, et composent l’Indus, où ils se vont rendre, après avoir pris le nom de l’Inde dans un long espace de pays.

Les quatre fleuves dont on vient de parler, fertilisent merveilleusement la province de Lahor. Le ris y croit en abondance, aussi-bien que le blé et les fruits ; le sucre y est en particulier le meilleur de l'Indoustan. C'est aussi de cette province que l'on tire le sel de roche, qu'on transporte dans tout l'empire. On y fait des toiles fines, des pièces de soie de toutes les couleurs, des ouvrages de broderie, des tapis pleins, des tapis à fleurs, et de grosses étoffes de laine.

Enfin, quoique le pays de Lahor soit plutôt une province qu'un royaume, c'est une province de l'Indoustan si considérable, qu'on la divise en cinq sarcats ou provinces, dans lesquelles on compte trois cent quatorze gouvernements, qui rendent en total au grand mogol deux carols, 33 lacks, et cinq mille roupies d'argent. La roupie d'argent (car il y en a d'or) vaut 38 sols de France. Le lack vaut 100 mille roupies, et le carol vaut cent lacks, c'est-à-dire dix-neuf millions. Il résulte de-là, que l'empereur du Mogol retire de la province de Lahor 44 millions 279 mille 500 livres de notre monnaie. (D.J.)

LAHOR, (Géographie) grande ville d'Asie dans l'Indoustan, capitale de la province du même nom. D'Herbelot écrit Lahawar, et Lahaver ; Thevenot écrit Lahors. C'était une très-belle ville, quand les rois du Mogol y faisaient leur résidence, et qu'ils ne lui avaient pas encore préféré Dehly et Agra. Elle a été ornée dans ces temps-là de mosquées, de bains publics, de karavanseras, de places, de tanquies, de palais, de jardins, et de pagodes. Les voyageurs nous parlent avec admiration d'un grand chemin bordé d'arbres, qui s'étendait depuis Lahor jusqu'à la ville d'Agra, c'est-à-dire l'espace de 150 lieues, suivant Thevenot. Ce cours était d'autant plus magnifique, qu'il était planté d'arbres, dont les branches aussi grandes qu'épaisses, s'élevaient en berceaux, et couvraient toute la route. C'était un ouvrage d'Akabar, embelli encore par son fils Géhanguir : Lahor est dans un pays abondant en tout, près du fleuve Ravy, qui se jette dans l'Indus, à 75 lieues O. de Multan, 100 S. de Dehly, et 150 N. O. d'Agra. Long. suivant le P. Riccioli, 102 30. lat. 32. 40. (D.J.)