(Géographie) ancienne et forte ville de France, capitale du pays Messin, avec une citadelle, un parlement et un évêché suffragant de Treves. Son nom latin est Divodurus, Divodurum Mediomatricorum, civitas Mediomatricorum, comme il parait par Tacite, par Ptolomée, par la table de Peutinger, et par l'itinéraire d'Antonin. Peut-être que les sources des fontaines que cette ville a dans ses fossés, ont occasionné le nom de Divodurum, qui veut dire, eau de fontaine ; du-moins, selon M. de Valais, diu en langue gauloise est une fontaine, et dur signifie de l'eau.

Quoi qu'il en sait, dans le quatrième siècle, cette ville commença à prendre le nom du peuple Médiomatrici, et ce nom fut adopté par les écrivains jusqu'à l'onzième siècle. Néanmoins dès le commencement du cinquième, le nom du peuple Médiomatrices et le nom de la ville furent changés en celui de Metis ou Metae, dont l'origine est inconnue.

Mets était illustre sous l'empire romain ; car Tacite (Histoire liv. IV.) lui donne le titre de socia civitas, ville alliée, et Ammian Marcellin l'estimait plus que Treves sa métropole.

En effet, Mets est une des premières villes des Gaules qui déposant son ancienne barbarie, se soit policée à la manière des Romains, et d'après leur exemple. Elle se signala par de magnifiques ouvrages, et donna à ses rues les mêmes noms que portaient les rues de Rome les plus fréquentées, comme nous l'apprenons des inscriptions du pays. Elle avait un amphithéâtre, ainsi qu'un beau palais dont parle Grégoire de Tours, et qui a servi dans la suite de demeure aux rois d'Austrasie pendant environ 170 ans. Elle fit construire ce bel aqueduc, dont les arches traversant la Moselle, s'élevaient plus de cent pieds au-dessus du courant de la rivière, ouvrage presque égal à ce qui s'était jamais fait de plus magnifique en Italie dans ce genre.

Mais cette ville, après avoir été très-florissante, fut entièrement ruinée par les Huns lorsqu'ils envahirent les Gaules sous Attila.

Les Francs, sous Childeric, s'emparèrent des pays de Mets et de Treves, et y dominaient du temps de Sidonius Apollinaris. Clovis en resta le maître, ainsi que des pays voisins. Elle continua d'être le siege des rois de la France orientale et d'Austrasie, et devint encore plus considérable que sous les Romains, parce que ces rois d'Austrasie étendaient leur domination jusqu'en Saxe et en Pannonie. Les habitants de Mets les reconnurent pour leurs maîtres. Après eux, ils agréèrent pour souverains les empereurs allemands, qui conquirent le royaume d'Austrasie.

Il est vrai que les évêques et les comtes qui étaient gouverneurs héréditaires de Mets y eurent beaucoup d'autorité, mais les empereurs seuls jouissaient du suprême domaine. Si les prélats de cette ville y battaient monnaie, ce droit leur était commun avec d'autres évêques et avec plusieurs abbés en France, qui pour cela ne prétendaient pas être souverains. Enfin il est constant que sous Charles-Quint Mets était une ville impériale libre, qui ne reconnaissait pour chef que l'empereur.

Les choses étaient en cet état l'an 1552, lorsqu'Henri II. par brigue et par adresse s'empara de Mets et s'en établit le protecteur. Charles-Quint assiégea bientôt cette ville avec une puissante armée, mais il fut contraint d'en lever le siege par la défense vigoureuse du duc de Guise. Cependant les évêques de Mets admirent la souveraineté des empereurs, reçurent d'eux les investitures, et leur rendirent la foi et hommage. Cet arrangement subsista jusqu'à l'an 1633, que Louis XIII. se déclara seigneur souverain de Mets, Toul et Verdun, et du temporel des trois évêchés, ce qui fut confirmé par le traité de Westphalie en 1648. On ne réserva que le droit métropolitain sur ces évêchés à l'archevêque de Treves, électeur de l'empire.

Il faut observer qu'il y a 200 ans que Metz était trois fois plus grande qu'elle n'est aujourd'hui. Elle ne contient guère actuellement que 20 mille ames.

Son évêché subsiste depuis le commencement du iv. siècle, et c'est un des plus considérables qui soient à la nomination du roi. L'évêque prend le titre de prince du saint empire, et jouit de 90 mille livres de rente ; son diocèse contient environ 620 paroisses.

Mets est la seule ville du royaume où les Juifs aient une synagogue, et où ils soient soufferts ouvertement. On eut bien de la peine en 1565 à accorder cette dernière grâce, comme on s'exprimait alors, à deux seules familles juives ; mais le besoin a engagé d'étendre insensiblement la tolérance, en sorte qu'en 1698 on comptait dans Mets 300 familles juives, dont l'établissement confirmé par Louis XIV. a produit de grands avantages au pays. C'est assez de remarquer, pour le prouver, que pendant la guerre de 1700, les Juifs de Mets ont remonté la cavalerie de chevaux, et ont fait naître en ce genre un commerce de plus de 100 mille écus de bénéfice par an à l'état. Il fallait donc, en tolérant les Juifs, n'y point joindre de clause infamante qui éloignât les principaux d'entr'eux de se réfugier à Mets ; telle est la condition qu'on leur a imposée de porter des chapeaux jaunes, pour les distinguer odieusement ; condition inutîle à la police, contraire à la bonne politique, et qui, pour tout dire, tient encore de la barbarie de nos ayeux.

Les appointements du gouverneur de Mets sont de 24 mille livres par an, les revenus de la ville de 100 mille, et sa dépense fixe de 50 mille.

Le pays se régit par une coutume particulière, qu'on nomme coutume de Mets ; et ce qui est fort singulier, c'est que cette coutume n'a jamais été ni rédigée, ni vérifiée.

Mets est située entre Toul, Verdun et Treves, au confluent de la Moselle et de la Seille, à 10 lieues de Toul, autant de Nancy N. O. 12. S. de Luxembourg, 13 E. de Verdun, 19 S. O. de Treves, 72 N. E. de Paris. Long. selon Cassini, 23. 42'. 45''. lat. 49. 7. 7.

Les citoyens de cette ville ne se sont pas extrêmement distingués dans les sciences ; cependant Ancillon, Duchat, Ferri et Foés les ont cultivés avec honneur.

Ancillon (David) et son fils Charles, mort à Berlin en 1727, ont eu tous deux de la réputation en Belles-Lettres.

Duchat (Jacob le) a fait voir dans ses écrits beaucoup de connaissance de nos anciens usages et des vieux termes de notre langue ; on lui doit la meilleure édition de Rabelais. Il est mort à Berlin en 1735, à 78 ans.

Ferri (Paul) en latin Ferrius, fit à 20 ans un Catéchisme de réformation, auquel le célèbre Bossuet crut devoir répondre. Ferri était l'homme le plus disert de sa province ; la beauté de sa taille, de son visage et de ses gestes relevaient encore son éloquence. Il est mort de la pierre en 1669, et on lui trouva plus de 80 pierres dans la vessie.

Foés, en latin Foesius (Anutius) ; décédé en 1596 à 68 ans, est un des grands Littérateurs qu'ait eu l'Europe en fait de médecine grecque. Les Médecins lui doivent la meilleure interprétation qu'ils aient en latin des œuvres d'Hippocrate, dont la bonne édition parut à Geneve en 1657, in-fol. (D.J.)