L'EMPIRE DU (Géographie) vaste contrée de l'Amérique septentrionale, soumise aux rois du Mexique ; avant que Fernand Cortez en eut fait la conquête.

Lorsqu'il aborda dans le Mexique, cet empire était au plus haut point de sa grandeur. Toutes les provinces qui avaient été découvertes jusqu'alors dans l'Amérique septentrionale, étaient gouvernées par les ministres du roi du Mexique, ou par des caciques qui lui payaient tribut.

L'étendue de sa monarchie du levant au couchant était au moins de 500 lieues ; et sa largeur du midi au septentrion contenait jusqu'à près de 100 lieues dans quelques endroits. Le pays était par-tout fort peuplé, riche et abondant en commodités. La mer Atlantique, que l'on appelle maintenant la mer du Nord, et qui lave ce long espace du côté étendu depuis Penuco jusqu'à Yucatan, bornait l'empire du côté du septentrion. L'Océan, que l'on nomme asiatique, ou plus communément mer du Sud le bornait au couchant, depuis le cap Mindosin, jusqu'aux extrémités de la nouvelle Galice. Le côté du sud occupait cette vaste côte, qui court au long de la mer du Sud, depuis Acapulco jusqu'à Guatimala ; le côté du nord s'étendait jusqu'à Panuco, en y comprenant cette province.

Tout cela était l'ouvrage de deux siècles. Le premier chef des Mexiquains, qui vivaient d'abord en république, fut un homme très-habîle et très-brave ; et depuis ce temps-là, ils élurent, et déférèrent l'autorité souveraine à celui qui passait pour le plus vaillant.

Les richesses de l'empereur étaient si considérables, qu'elles suffisaient non-seulement à entretenir les délices de sa cour, mais des armées nombreuses pour couvrir les frontières. Les mines d'or et d'argent, les salines, et autres droits, lui produisaient des revenus immenses. Un grand ordre dans les finances maintenait la prospérité de cet empire. Il y avait différents tribunaux pour rendre la justice, et même des juges des affaires de commerce. La police était sage et humaine, excepté dans la coutume barbare (& autrefois répandue chez tant de peuples) d'immoler des prisonniers de guerre à l'idole Vitztzilipuzli, qu'ils regardaient pour le souverain des dieux. L'éducation de la jeunesse formait un des principaux objets du gouvernement. Il y avait dans l'empire des écoles publiques établies pour l'un et l'autre sexe. Nous admirons encore les anciens Egyptiens, d'avoir connu que l'année est d'environ 365 jours ; les Mexiquains avaient poussé jusques-là leur astronomie.

Tel était l'état du Mexique lorsque Fernand Cortez, en 1519, simple lieutenant de Vélasquez, gouverneur de l'île de Cuba, partit de cette île avec son agrément, suivi de 600 hommes, une vingtaine de chevaux, quelques pièces de campagne, et subjuga tout ce puissant pays.

D'abord Cortez est assez heureux pour trouver un espagnol, qui, ayant été neuf ans prisonnier à Yucatan, sait le chemin du Mexique, lui sert de guide et de truchement. Une américaine, qu'il nomme dona Marina, devient à-la-fais sa maîtresse et son conseil, et apprend bientôt assez d'espagnol, pour être aussi une interprête utile. Pour comble de bonheur, on trouve un volcan plein de souphre et de salpètre, qui sert à renouveller au besoin la poudre qu'on consommerait dans les combats.

Cortez avance devant le golfe du Mexique, tantôt caressant les naturels du pays, et tantôt faisant la guerre. La puissante république de Tlascala se joint à lui, et lui donne six mille hommes de ses troupes, qui l'accompagnent dans son expédition. Il entre dans l'empire du Mexique, malgré les défenses du souverain, qu'on nommait Montezuma : " Mais ces animaux guerriers sur qui les principaux Espagnols étaient montés, ce tonnerre artificiel qui se formait dans leurs mains, ces châteaux de bois qui les avaient apporté sur l'Océan, ce fer dont ils étaient couverts, leurs marches comptées par des victoires ; tant de sujets d'admiration, joints à cette faiblesse qui porte le peuple à admirer ; tout cela fit que quand Cortez arriva dans la ville de Mexico, il fut reçu de Montézuma comme son maître, et par les habitants, comme leur dieu. On se mettait à genoux dans les rues, quand un valet espagnol passait ".

Cependant, peu-à-peu, la cour de Montezuma s'apprivoisant avec leurs hôtes, ne les regarda plus que comme des hommes. L'empereur ayant appris qu'une nouvelle troupe d'Espagnols était sur le chemin du Mexique, la fit attaquer en secret par un de ses généraux, qui par malheur fut battu. Alors Cortez, suivi d'une escorte espagnole, et accompagné de sa dona Marina, se rend au palais du roi. Il emploie tout ensemble la persuasion et la menace, emmene à son quartier l'empereur prisonnier, et l'engage de se reconnaître publiquement vassal de Charles-Quint.

Montézuma, et les principaux de la nation, donnent pour tribut attaché à leur hommage, six cent mille marcs d'or pur, avec une incroyable quantité de pierreries, d'ouvrages d'or, et tout ce que l'industrie de plusieurs siècles avait fabriqué de plus rare dans cette contrée. Cortez en mit à part le cinquième pour son maître, prit un cinquième pour lui, et distribua le reste à ses soldats.

Ce n'est pas là le plus grand prodige ; il est bien plus singulier que les conquérants de ce nouveau monde, se déchirant eux-mêmes, les conquêtes n'en souffrirent pas. Jamais le vrai ne fut moins vraisemblable. Vélasquez offensé de la gloire de Cortez, envoye un corps de mille Espagnols avec deux pièces de canon pour le prendre prisonnier, et suivre le cours de ses victoires. Cortez laisse cent hommes pour garder l'empereur dans sa capitale, et marche, suivi du reste de ses gens, contre ses compatriotes. Il défait les premiers qui l'attaquent, et gagne les autres, qui, sous ses étendards, retournent avec lui dans la ville de Mexico.

Il trouve à son arrivée cent mille Américains en armes contre les cent hommes qu'il avait commis à la garde de Montézuma, lesquels cent hommes, sous prétexte d'une conspiration, avaient pris le temps d'une fête pour égorger deux mille des principaux seigneurs, plongés dans l'ivresse de leurs liqueurs fortes, et les avaient dépouillés de tous les ornements d'or et de pierreries dont ils s'étaient parés. Montézuma mourut dans cette conjoncture ; mais les Mexicains animés du désir de la vengeance, élurent en sa place Quahutimoc, que nous appelons Gatimozin, dont la destinée fut encore plus funeste que celle de son prédécesseur.

Le désespoir et la haine précipitaient les Mexicains contre ces mêmes hommes, qu'ils n'osaient auparavant regarder qu'à genoux ; Cortez se vit forcé de quitter la ville de Mexico, pour n'y être pas affamé. Les Indiens avaient rompu les chaussées, et les Espagnols firent des ponts avec les corps des ennemis qui les poursuivaient. Mais dans leur retraite sanglante, ils perdirent tous les trésors immenses qu'ils avaient ravis pour Charles-Quint, et pour eux. Cortez n'osant s'écarter de la capitale, fit construire des bâtiments, afin d'y rentrer par le lac. Ces brigantins renversèrent les milliers de canots chargés de Mexicains qui couvraient le lac, et qui voulurent vainement s'opposer à leur passage.

Enfin, au milieu de ces combats, les Espagnols prirent Gatimozin, et par ce coup funeste aux Mexiquains, jetèrent la consternation et l'abattement dans tout l'empire du Mexique. C'est ce Gatimozin si fameux par les paroles qu'il prononça, lorsqu'un receveur des trésors du roi d'Espagne le fit mettre sur des charbons ardents, pour savoir en quel endroit du lac il avait jeté toutes ses richesses. Son grand-prêtre condamné au même supplice, poussait les cris les plus douloureux, Gatimozin lui dit sans s'émouvoir : " Et moi suis-je sur un lit de roses ? "

Ainsi Cortez se vit, en 1521, maître de la ville de Mexique, avec laquelle le reste de l'empire tomba sous la domination espagnole, ainsi que la Castille d'or, le Darien, et toutes les contrées voisines.

L'empire du Mexique se nomme aujourd'hui la nouvelle Espagne. Ce fut Jean de Grijalva, natif de Cuellar en Espagne, qui découvrit le premier cette vaste région, en 1518, et l'appela nouvelle Espagne. Vélazquez, dont j'ai parlé, lui en avait donné la commission, en lui défendant d'y faire aucun établissement. Cette défense les ayant brouillés, Cortez fut chargé de la conquête, et ne tarda pas à faire repentir Vélasquez de son choix.

Ce grand pays est borné au nord par le nouveau Mexique, à l'orient par le golfe du Mexique, et par la mer du Nord, au midi par l'Amérique méridionale, et par la mer du Sud, et à l'occident encore par la mer du Sud.

Cette contrée est divisée en 23 gouvernements, qui dépendent tous du viceroi du Mexique, dont la résidence est dans la ville de Mexico, de sorte qu'il a plus de 400 lieues de pays sous ses ordres. Le roi d'Espagne lui donne cent mille ducats d'appointements, à prendre sur les deniers de l'épargne, outre son casuel, qui n'est guère moins considérable, si l'avarice s'en mêle. L'exercice de sa viceroyauté est ordinairement de cinq ans.

Voilà toute l'histoire de l'empire du Mexique ; mais je ne conseille à personne de se former l'idée de la conquête qu'en firent les Espagnols, sur les mémoires d'Antonio de Solis. (D.J.)

MEXIQUE, province de, (Géographie) province principale de l'Amérique septentrionale dans l'empire du Mexique ou la nouvelle Espagne. Elle est bornée au nord par la province de Panuco, à l'orient par cette même province de Panuco, et par celle de Tlascala, au midi par la mer du Sud, et à l'occident par la province de Méchoacan. Les deux principaux lieux de cette province, en prenant du nord au midi, sont Mexico et Acapulco. Ce dernier est un bourg avec un port sur, où les vaisseaux des Philippines abordent d'ordinaire vers les mois de Décembre et de Janvier, et en partent dans le mois de Mars. Il arrive souvent des tremblements de terre dans ce bourg. (D.J.)

MEXIQUE, le lac de, (Géographie) ou lac de Mexico. On donne ce nom à un grand lac du Mexique, dans lequel est bâtie la ville de Mexico. Ce lac est double ; l'un est formé par une eau douce, bonne, saine, et tranquille ; et l'autre a une eau salée, amère, avec flux et reflux, selon le vent qui souffle. Tout ce lac d'eau douce et salée peut avoir cinquante-deux lieues de circuit.

Il y avait autrefois environ quatre-vingt bourgs ou villes sur les bords de ce lac, et quelques-unes contenaient trois à quatre mille familles ; présentement il n'y a pas trente bourgs ou villages dans cette étendue de terrain ; et le plus grand bourg contient à peine quatre cent cabanes d'Espagnols ou d'Indiens. On prétend que la seule entreprise des travaux pénibles auxquels on occupe les Mexiquains, pour empêcher l'eau du lac d'inonder la ville de México, en a fait périr un million dans le dernier siècle : on ne peut épuiser le récit des différentes manières dont les Espagnols se sont joués de la vie des Amériquains.

MEXIQUE, le golfe du, (Géographie) grand espace de mer sur la côte orientale de l'Amérique septentrionale. Il a au nord la côte de la Floride et l'île de Cuba qui est à son embouchure, au midi la presqu'île d'Incostan et la nouvelle Espagne, et à l'occident la côte du Mexique, qui lui a donné son nom. M. Buache a mis au jour en 1730 une bonne carte du golfe du Mexique.

MEXIQUE, nouveau, (Géographie) grand pays de l'Amérique septentrionale, découvert en 1553 par Antoine Despejo, natif de Cordoue et qui était venu demeurer à Mexique. Ce pays est habité par des Sauvages. M. Delîle le place entre le 28 et le 29 degré de latit. septentrionale ; il l'étend au nord jusqu'à Quivira, et à l'orient jusqu'à la Louisiane ; au midi, il lui donne pour bornes la nouvelle Espagne : et à l'occident la mer de Californie.