S. f. (Géographie) la latitude marque la distance d'un lieu à l'équateur, ou l'arc du méridien, compris entre le zénith de ce lieu et l'équateur. La latitude peut donc être ou septentrionale ou méridionale, selon que le lieu, dont il est question, est situé en-deçà ou au-delà de l'équateur ; savoir en-deçà, dans la partie septentrionale que nous habitons, et au-delà, dans la partie méridionale. On dit, par exemple, que Paris est situé à 48 degrés 50 minutes de latitude septentrionale.

Les cercles parallèles à l'équateur sont nommés parallèles de latitude, parce qu'ils font connaître les latitudes des lieux au moyen de leur intersection avec le méridien. Voyez PARALLELE.

Si l'on conçoit un nombre infini de grands cercles qui passent tous par les pôles du monde, ces cercles seront autant de méridiens ; et par leur moyen on pourra déterminer, soit sur la terre, soit dans le ciel, la position de chaque point par rapport au cercle équinoxial, c'est-à-dire la latitude de ce point.

Celui de ces cercles qui passe par un lieu marqué de la terre, est nommé le méridien de ce lieu, et c'est sur lui qu'on mesure la latitude du lieu. Voyez MERIDIEN.

La latitude d'un lieu et l'élévation du pôle sur l'horizon de ce lieu sont des termes dont on se sert indifféremment l'un pour l'autre, parce que les deux arcs qu'ils désignent, sont toujours égaux. Voyez POLE et ÉLEVATION.

Ceci paraitra facilement par la Pl. d'Astron. fig. 5. où le cercle H Z Q représente le méridien, H O l'horizon, A Q l'équateur, Z le zénith ; et P le pôle.

La latitude du lieu, ou sa distance de l'équateur, est ici l'arc Z A, et l'élévation du pôle ou la distance du pôle à l'horizon est l'arc P O ; mais l'arc P A, compris entre le pôle et l'équateur, est un quart de cercle, et l'arc Z O, compris entre le zénith et l'horizon, en est aussi un. Ces deux arcs P A, Z O, sont donc égaux, et ainsi ôtant de chacun d'eux la partie Z P qui leur est commune, il restera l'arc Z A, égal à l'arc P O, c'est-à-dire la latitude du lieu égale à l'élévation du pôle sur l'horizon de ce lieu.

On tire de-là une méthode pour mesurer la circonférence de la terre, ou pour déterminer au-moins la quantité d'un degré sur sa surface en la supposant sphérique. En effet, il n'y a qu'à aller directement du sud au nord, ou du nord au sud, jusqu'à ce que le pôle se soit élevé ou abaissé d'un degré, et mesurant alors l'intervalle compris entre le terme d'où on sera parti, et celui où on sera arrivé, on aura le nombre de milles, de taises etc. que contient un degré du grand cercle de la terre. C'est ainsi que Fernel, médecin de Henri II, mesura un degré de la terre ; il alla de Paris vers le nord en voiture, en mesurant le chemin par le nombre des tours de roue, et retranchant de la quantité de chemin une certaine portion, à cause des détours de la voiture et des chemins, il détermina par cette opération le degré à environ 57000 taises, et ce calcul grossier est celui qui s'approche le plus du calcul exact fait par l'Académie. Au reste, comme la terre n'est pas sphérique, il est bon de remarquer que tous les degrés de latitude ne sont pas égaux, et la comparaison exacte de quelques-uns de ces degrés peut servir à déterminer la figure de la terre. Voyez DEGRE et FIGURE DE LA TERRE.

Il s'agit maintenant de savoir comment on détermine la latitude, ou, ce qui revient au même, la hauteur ou l'élévation du pôle.

Cette connaissance est de la plus grande conséquence en Géographie, en Navigation et en Astronomie ; voici les moyens de la déterminer tant sur terre que sur mer.

Comme le pôle est un point mathématique, et qui ne peut être observé par les sens, sa hauteur ne saurait non plus être déterminée de la même manière que celle du soleil et des étoiles, et c'est pourquoi on a imaginé un autre moyen pour en venir à bout.

On commence par tirer une méridienne. Voyez au mot MERIDIENNE, la méthode qu'il faut suivre pour cela.

On place un quart de cercle sur cette ligne, de façon que son plan soit exactement dans celui du méridien : on prend alors quelque étoîle voisine du pôle, et qui ne se couche point, par exemple, l'étoîle polaire, et on en observe la plus grande et la plus petite hauteur. Voyez QUART DE CERCLE.

Supposons, par exemple, que la plus grande hauteur fût désignée par S O, et que la plus petite fût s O ; la moitié P S ou P s de la différence de ces deux arcs étant ôtée de la plus grande hauteur S O, ou ajoutée à la plus petite s O, donnerait P O la hauteur du pôle sur l'horizon, qui est, comme on l'a dit, égale à la latitude du lieu. On peut aussi trouver la latitude en prenant avec un quart de cercle, ou un astrolabe, ou une arbalestrille, etc. voyez ces mots, la hauteur méridienne du soleil ou d'une étoile. En voici la méthode.

Il faut d'abord observer la distance méridienne du soleil au zénith, laquelle est toujours le complément de la hauteur méridienne du soleil : et cela fait, il pourra arriver deux cas, ou bien que le soleil et le zénith du lieu se trouvent placés de différents côtés de l'équateur ; en ce cas, pour avoir la latitude, il faudra toujours soustraire la déclinaison connue du soleil de sa distance au zénith : ou bien le soleil et le zénith se trouveront placés du même côté de l'équateur, et alors il pourrait arriver encore que la déclinaison du soleil doive être ou plus grande ou plus petite que la latitude, ce qu'on reconnaitra en remarquant si le soleil à midi se trouve plus près ou plus loin que le zénith du pôle qui est élevé sur l'horizon. Si la déclinaison est plus grande, comme il arrive souvent dans la zone-torride, alors il faudra pour avoir la latitude, soustraire de la déclinaison du soleil la distance de cet astre au zénith du lieu ; mais si la déclinaison du soleil doit être plus petite que la latitude, (le soleil et le zénith étant toujours supposés d'un même côté de l'équateur) dans ce dernier cas, pour avoir la latitude, il faudra ajouter la déclinaison du soleil à la distance de cet astre au zénith.

Si le soleil ou l'étoîle n'ont point de déclinaison, ou, s'agissant du soleil, si l'observation se fait un jour où cet astre se meuve dans l'équateur, c'est-à-dire le jour de l'équinoxe, alors l'élévation de l'équateur deviendra égale à la hauteur méridienne de l'astre, et par conséquent cette hauteur sera nécessairement le complément de la latitude.

Cette dernière méthode est plus propre aux usages de la navigation, par ce qu'elle est plus praticable en mer ; mais la première est préférable sur terre.

La connaissance de la latitude donne le moyen de monter le globe horizontalement pour un lieu, c'est-à-dire de terminer l'horizon de ce lieu, pour répondre aux questions qu'on peut faire sur l'heure actuelle, sur le lever ou le coucher du soleil dans cet horizon un tel jour de l'année ; sur la durée des jours, des nuits, des crépuscules. On demande, par exemple, quelle heure il est à Tornéo de Laponie, lorsqu'il est midi à Paris le 10 Mai. Après avoir attaché sur le méridien le petit cercle horaire avec son aiguille, j'amène Tornéo sous le méridien, le trouvant à 66 1/2 d. de latitude, je donne au pôle autant d'élévation, je cherche dans le calendrier de l'horizon le 10 Mai, et j'aperçais qu'il répond au 19 degré du lion. J'amène sous le méridien ce point du ciel, que je remarque avec soin, et sous lequel est actuellement le soleil. Si après avoir appliqué l'aiguille horaire sur midi, c'est-à-dire sur la plus élevée des deux figures marquées XII. je fais remonter le globe à l'orient ; au moment que le 19 degré de l'écliptique joindra l'horizon, l'aiguille horaire montrera deux 1/2 heures pour le lever du soleil sur cet horizon. Le même point conduit de-là au méridien, et du méridien au bord occidental de l'horizon, exprimera la trace ou l'arc diurne du soleil sur l'horizon de Tornéo : l'aiguille horaire marquera 9 1/2 heures au moment que le 19 degré du taureau descendra sous l'horizon. J'apprents ainsi sur le champ, que la durée du jour le 10 Mai, est de 19 heures à Tornéo, et la nuit de cinq. La connaissance de la latitude d'un lieu donne encore celle de l'élévation de l'équateur pour l'horizon de ce lieu. Le globe monté horizontalement pour Paris, vous avez 49 degrés de distance entre le pôle et l'horizon, comme vous les avez en latitude entre l'équateur et le zénith ; or du zénith à l'horizon, il n'y a que 90 degrés de part et d'autre. Si de ces 90 vous retranchez les 49 de latitude, il reste 41, nombre qui exprime la hauteur de l'équateur sur l'horizon de Paris. La hauteur de l'équateur sur l'horizon est donc ce qui reste depuis la hauteur du pôle jusqu'à 90. Spectacle de la Nature, tome IV. pag. 400. Voyez GLOBE.

LATITUDE, en Astronomie, est la distance d'une étoîle ou d'une planète à l'écliptique ; ou c'est un arc d'un grand cercle perpendiculaire à l'écliptique, passant par le centre de l'étoile.

Pour mieux entendre cette notion, il faut imaginer une infinité de grands cercles qui coupent l'écliptique à angles droits, et qui passent par ses pôles. Ces cercles s'appellent cercles de latitude, ou cercles secondaires de l'écliptique ; et par leur moyen, ou peut rapporter à l'écliptique telle étoîle ou tel point du ciel qu'on voudra, c'est-à-dire déterminer le lieu de cette étoîle ou de ce point par rapport à l'écliptique ; c'est en quoi la latitude diffère de la déclinaison qui est la distance de l'étoîle à l'équateur, laquelle se mesure sur un grand cercle qui passe par les pôles du monde et par l'étoile, c'est-à-dire qui est perpendiculaire non pas à l'écliptique, mais à l'équateur. Voyez DECLINAISON.

Ainsi la latitude géographique est la même chose que la déclinaison astronomique, et elle est fort différente de la latitude astronomique.

La latitude géocentrique d'une planète, Pl. astr. fig. 26. est un angle connu P, T, R, sous lequel la distance de la planète à l'écliptique P, R, est vue de la terre T.

Le soleil n'a donc jamais de latitude, mais les planètes en ont, et c'est pour cela que dans la sphère on donne quelque largeur au zodiaque ; les anciens ne donnaient à cette largeur que six degrés de chaque côté de l'écliptique ou 12 degrés en tout ; mais les modernes l'ont poussée jusques à neuf degrés de chaque côté, ce qui fait dix-huit degrés en total.

La latitude héliocentrique d'une planète est l'angle P S R, sous lequel elle est vue du soleil S, la ligne R S, étant supposée dans le plan de l'écliptique, la plus grande latitude héliocentrique d'une planète est égale à l'inclinaison de l'orbite de cette planète avec l'écliptique. Cette latitude ou inclinaison à-peu-près constante à quelques petites altérations près, qui viennent de l'action des planètes les unes sur les autres. Voyez NEWTONIANISME, LUNE, etc.

Quand on a dit ci-dessus que le soleil n'a point de latitude, cela ne doit pas s'entendre à la rigueur ; car si on suppose un plan fixe qui passe par le soleil et par la terre, lorsqu'elle est dans une position quelconque, et qu'on pourra appeler le plan de l'écliptique, le soleil, ou plutôt la terre, aura un mouvement en latitude par rapport à ce plan. Voyez l'article ECLIPTIQUE à la fin.

Pour trouver la latitude et la longitude d'une étoile. Voyez l'article LONGITUDE.

Quand les planètes n'ont point de latitude, on dit qu'elles sont alors dans les nœuds de l'écliptique, ce qui veut dire dans l'intersection de leur orbite avec celle du soleil ; et c'est dans cette situation qu'elles peuvent souffrir des éclipses, ou être cachées par le soleil, ou bien passer sur son disque. Voyez NOEUD et ECLIPSE.

Cercle de latitude, est un grand cercle quelconque, qui passe par les pôles de l'écliptique.

Latitude septentrionale ascendante de la lune, se dit de la latitude de cet astre lorsqu'il Ve de son nœud ascendant vers sa limite septentrionale, ou sa plus grande élongation. Voyez LIMITE, LUNE, etc.

Latitude septentrionale descendante, c'est celle qu'a la lune lorsqu'elle retourne de sa limite septentrionale à son nœud descendant.

Latitude méridionale descendante, c'est celle qu'a la lune, lorsqu'elle Ve de son nœud descendant à sa limite méridionale.

Enfin latitude méridionale ascendante, se dit de la lune, lorsqu'elle retourne de sa limite méridionale à son nœud ascendant.

Et les mêmes termes ont lieu à l'égard des autres planètes. Voyez ASCENDANT et DESCENDANT.

Il y a dans les Transactions philosophiques quelques observations du docteur Halley, qui peuvent servir à prouver que les latitudes de quelques étoiles fixes s'altèrent à la longue, en particulier celles de Polilicium, de Sirius, Arcturus, d'où quelques astronomes concluent qu'il en peut être de même des autres étoiles, quoique leurs variations puissent être moins remarquables, parce qu'on les suppose à une plus grande distance de nous.

Ce qu'on peut assurer en général, c'est que la latitude de la plupart des étoiles fixes, ou leur distance écliptique, est sensiblement constante, au moins dans un certain nombre de siècles, sauf les petites irrégularités qui viennent de la nutation de l'axe de la terre. Voyez NUTATION et ECLIPTIQUE.

Parallaxe de latitude, voyez PARALLAXE.

Réfraction de latitude, voyez REFRACTION. Chambers. (O)