(Géographie) on ne trouve pas dans les dictionnaires le mot indigène, mais il devrait, ce me semble, être reçu depuis longtemps dans notre langue. On appelait indigenae, chez les anciens latins, les premiers habitants d'un pays ; que l'on croyait n'être point venus s'y établir d'un autre lieu. Indigena est formé d'indu, employé anciennement pour in, comme on le voit quelquefois dans Lucrèce, et de geno, au lieu duquel on dit gigno, mais d'où genus et genitus sont formés. Ce mot s'exprime en grec par , qui a été engendré dans cette terre.
Les payens ignorant leur première origine, se figurèrent que les premiers hommes avaient été engendrés par la terre ; et en conséquence, ils se crurent une production de cette terre qu'ils habitaient. Les Germains ne donnaient à leur dieu Tuiscon, père de Mannus, l'un et l'autre fondateurs de leur nation, qu'une origine commune avec les arbres de leurs forêts. Les Athéniens, qui affectaient de se dire , ou nés d'eux-mêmes, ne se prenaient pas dans un autre sens. Mais sans nous arrêter à réfuter leurs erreurs, c'est assez de dire que par le mot indigène nous entendons les naturels d'un pays, ceux qui y sont nés, pour les distinguer de ceux qui viennent ensuite s'y établir. C'est ainsi que les Hottentots étaient indigènes par rapport aux Hollandais, qui ont commencé la colonie au cap de Bonne-Espérance ; et la postérité de ces mêmes Hollandais est devenue indigène dans ce pays-là par rapport aux nouvelles familles qui iront l'augmenter. (D.J.)