Détroit de (Géographie) célèbre dans l'Amérique septentrionale.

Ce fut en 1519, dans le commencement des conquêtes espagnoles en Amérique, et au milieu des grands succès des Portugais en Asie et en Afrique, que Ferdinand Magalhaens, que nous nommons Magellan, découvrit pour l'Espagne le fameux détroit qui porte son nom ; qu'il entra le premier dans la mer du Sud, et qu'en voguant de l'occident à l'orient, il trouva les îles qu'on nomme depuis Marianes, et une des Philippines, où il perdit la vie. Magellan était un portugais auquel on avait refusé une augmentation de paye de six écus. Ce refus le détermina à servir l'Espagne, et à chercher par l'Amérique un passage, pour aller partager les possessions des Portugais en Asie.

Le détroit de Magellan est selon Acosta, sur 42 degrés ou environ de la ligne vers le sud. Il a de longueur 80 ou 100 lieues d'une mer à l'autre, et une lieue de large dans l'endroit où il est le plus étroit.

Nous avons plusieurs cartes estimées du détroit de Magellan ; mais la meilleure au jugement de milord Anson, est celle qui a été dressée par le chevalier Narborough. Elle est plus exacte dans ce qu'elle contient, et est à quelques égards supérieure à celle du docteur Halley, particulièrement dans ce qui regarde la longitude de ce détroit et celle de ses différentes parties.

Les Espagnols, les Anglais, et les Hollandais ont souvent entrepris de passer ce détroit malgré tous les dangers. Le chevalier François Drake étant entré dans la mer du Sud, y éprouva une si furieuse tempête pendant cinquante jours, qu'il se vit emporté jusques sur la hauteur de cinquante-sept degrés d'élévation du pôle antarctique, et fut contraint par la violence des vents de regagner la haute mer.

Les difficultés que tous les Navigateurs conviennent avoir éprouvées à passer ce détroit, ont ensuite engagé quelques marins à essayer si vers le midi ils ne trouveraient point un passage moins long et moins dangereux. Brant hollandais prit sa route plus au sud, et donna son nom au passage qui est à l'orient de la petite île des états.

Enfin, depuis ce temps là on a découvert la nouvelle mer du Sud au midi de la terre de Feu, où le passage de la mer du Nord dans l'ancienne mer du Sud est très-libre, puisqu'on y est toujours en pleine mer. C'est ce qui a fait négliger le détroit de Magellan, comme sujet à trop de périls et de contre-temps. Néanmoins ce détroit est important à la Géographie, parce que sa position sert à d'autres déterminations avantageuses aux navigateurs. Voyez donc dans les Mém. de l'acad. des Scienc. année 1716, les observations de M. Delîle sur la longitude du détroit de Magellan, que M. Halley suppose être dans sa partie orientale, de 75 degrés plus occidentale que Londres ; et M. Delîle pense que M. Halley se trompe de 10 degrés. (D.J.)