(Géographie) vaste contrée qui fait même la plus grande partie de l'Afrique, et celle qui s'avance davantage, tant vers l'orient que vers le midi principalement.

Les anciens reconnaissaient deux sortes d'Ethiopiens, ceux d'Asie et ceux d'Afrique. Hérodote les distingue en termes formels ; et voilà pourquoi dans les écrits de l'antiquité, le nom d'Ethiopie est commun à divers pays d'Asie et d'Afrique ; voilà pourquoi ils ont donné si souvent le nom d'Indiens aux Ethiopiens, et le nom d'Ethiopiens aux véritables Indiens. Dans Procope, par exemple, l'Ethiopie est appelée Inde. Voyez-en les raisons dans les observations de M. Freret.

Le Chusistan montre peut-être les premières habitations des Ethiopiens, pendant que l'Inde et l'Afrique nous apprennent leurs divisions : aussi M. Huet soutient fortement contre Bochart, que dans l'Ecriture l'Ethiopie est désignée par la terre de Chus. Voyez-en les preuves dans son histoire du paradis terrestre.

Les Grecs s'embarrassant peu de la science géographique, nommèrent Ethiopiens tous les peuples qui avaient la peau noire ou basanée : c'est pour cela qu'ils appelèrent les Colches Ethiopiens, et la Colchide Ethiopie. Mais Ptolomée est bien éloigné d'être tombé dans de pareils écarts : on lui doit au contraire la division la plus exacte et la plus méthodique qu'il y ait de l'ancienne Ethiopie. Voyez sa géographie, liv. IV. ch. VIIe VIIIe et IXe

L'Ethiopie est illustre dans l'antiquité à plusieurs égards ; et comme il ne se trouve guère sous le ciel aucun peuple (ainsi qu'il n'y a presque aucune grande maison) qui ne se fasse gloire à-présent, ou qui ne se soit autrefois vanté d'être plus ancien que ses voisins, les Ethiopiens disputèrent aux Egyptiens la primauté de l'ancienneté, et ils étaient fondés à la prétendre suivant M. l'abbé Fourmont. Voyez sa dissertation à ce sujet dans les Mémoires de l'académie des Belles-Lettres, tome VII.

Nos géographes ne s'accordent point sur les pays que l'on doit nommer l'Ethiopie ; il me parait seulement que l'opinion la plus reçue, fondée ou non, donne pour bornes à l'Ethiopie moderne la mer rouge, la côte d'Ajan et le Zanguébar à l'orient, le Monoèmugi et la Cafrerie au midi : le Congo à l'occident, la Nubie et l'Egypte au septentrion. Voyez la Méthode géographique de l'abbé Lenglet Dufresnoy.

Malgré la prodigieuse chaleur qui règne dans cette immense contrée, et malgré sa position sous la zone torride, elle est néanmoins par-tout habitée, contre l'opinion des anciens ; et les plus grandes rivières de l'Afrique, le Nil et le Niger, y ont leurs sources. Voyez les descriptions de l'Afrique de nos Voyageurs.

On divise tout ce vaste pays en deux parties générales, savoir la haute et la basse Ethiopie. La haute Ethiopie est la partie la plus septentrionale, et en même temps la plus orientale ; elle renferme la Nubie, l'Abyssinie, les Giaques ou Galles, et les côtes d'Abex, d'Ajan, et de Zanguebar. La basse Ethiopie s'étend le plus vers le midi et vers le couchant ; elle renferme le Monoèmugi, le Monomotapa, et les grandes régions de Biafara, de Congo, et des Cafres. Les Portugais ont découvert depuis environ deux siècles et demi cette basse Ethiopie, qui était presque entièrement inconnue aux anciens. Voyez l'Histoire de la découverte des Portugais en Afrique.

L'Ethiopie entière est entre le 23 degré de latitude septentrionale, et le 35 de latitude méridionale. Sa longitude est entre les degrés 33 et 85. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.