S. m. pl. (Géographie) peuples sauvages de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, le long d'une grande rivière du même nom. Cette rivière des Illinais, qui vient du nord-est, ou est-nord-est, n'est navigable qu'au printemps ; elle a plus de cent lieues de cours, qui Ve au sud-quart-sud-est, et se décharge dans le Mississipi, vers le 39 deg. de latitude.

Le pays des Illinais est encore arrosé par d'autres grandes rivières ; on lui donne cent lieues de largeur, et beaucoup plus de longueur, car on l'étend bien loin le long du Mississipi. Il est par-tout couvert de vastes forêts, de prairies et de collines. La campagne et les prairies abondent en bysons, vaches, cerfs, et autres bêtes fauves, de même qu'en toute sorte de gibier, particulièrement en cygnes, grues, outardes et canards.

Les arbres fruitiers peu nombreux, consistent principalement en des espèces de néfliers, des pommiers, et des pruniers sauvages, qu'on pourrait bonifier en les greffant ; mais les Illinais ignorent cet art, ils ne se donnent pas même la peine de cueillir le fruit aux arbres, ils abattent les arbres pour en prendre le fruit.

Dans un si grand pays, on ne connait que trois villages, dont l'un peuplé de huit ou neuf cent Illinais, est à plus de 50 lieues du second.

Les Illinais vont tout nuds depuis la ceinture ; toute sorte de figures bizarres, qu'ils se gravent sur le corps, leur tiennent lieu de vêtement. Ils ornent leur tête de plumes d'oiseaux, se barbouillent le visage de rouge, et portent des colliers de petites pierres du pays de diverses couleurs. Ils ont des temps de festins et de danses, les unes en signe de réjouissance, les autres de deuil ; ils n'enterrent point leurs morts, ils les couvrent de peaux, et les attachent à des branches d'arbres.

Les hommes sont communément grands, et tous très-lestes à la course. La chasse fait leur occupation, pour pourvoir à leur nourriture, à laquelle ils joignent le blé d'inde ; et quand ils en ont fait la récolte, ils l'enferment dans des creux sous terre, pour le conserver pendant l'été. Le reste du travail regarde les femmes et les filles ; ce sont elles qui pilent le blé, qui préparent les viandes boucannées, qui construisent les cabanes, et qui, dans les courses nécessaires, les portent sur leurs épaules.

Elles fabriquent ces cabanes en forme de longs berceaux, et les couvrent avec des nattes de jonc plat, qu'elles ont l'adresse de coudre ensemble très-artistement, et à l'épreuve de la pluie. Elles s'occupent encore à mettre en œuvre le poil des bysons ou bœufs sauvages, à en faire des sacs et des ceintures. Ces bœufs sont bien différents de ceux d'Europe ; outre qu'ils ont une grosse bosse sur le dos vers les épaules, ils sont encore tout couverts d'une laine fine, qui tient lieu aux Illinais de celle qu'ils tireraient des moutons, s'ils en avaient dans leur pays.

Leur religion consiste à honorer une espèce de génie qu'ils nomment Manitou, et qui, selon eux, est maître de la vie et de la mort. Voyez MANITOU.

Je ne conseille pas au lecteur qui sera curieux d'autres détails, de les prendre dans le P. Hennepin, ni dans la relation de l'Amérique du chevalier Tonti, ouvrage supposé ; mais il y a quelque chose de mieux sur les Illinais ; c'est une lettre du P. Gabriel Marest, Jésuite missionnaire, qui est insérée dans le Recueil des lettres édifiantes, tom. XI. (D.J.)