(Géographie) on écrit aussi KAZEINIECK, CASEMIECH, CASEMICH, KASEMITH, etc. rivière de Syrie, qui a sa source dans les montagnes de l'Anti-liban, et se jette dans la mer de Phénicie, entre Tyr et Sidon. La pêche de la morue qui y est abondante en certains temps de l'année, lui donne une grande considération dans le pays : M. de la Roque dit l'avoir passé en allant de Seyde à Tyr.

Les voyageurs Français, les Missionnaires et plusieurs Géographes modernes, prétendent que le Kasemiech est l'Eleuthéros des anciens. L'auteur du voyage nouveau de la Terre-sainte n'en doute point : il dit, liv. V. ch. iv, que ce fleuve est très-remarquable par sa profondeur, par la rapidité de son cours, par les détours des montagnes au fond desquelles il serpente, (d'où vient qu'on le nomme Kasemiech, terme arabe, qui signifie séparation, partage) enfin par sa célébrité dans le premier livre des Macchabées, puisque ce fut jusques-là que l'illustre Jonathas poursuivit les généraux des troupes de Démétrius.

Malgré tant d'autorités, l'Eleuthéros des anciens ne peut être ni le Kasemiech, ni même aucune des rivières qui sont entre Tyr et Sydon, puisqu'il était au nord de cette dernière ville. Ptolomée lui donne 1 degré 20' de latitude plus qu'à Sydon ; et Josephe, Ant. jud. liv. XIV. ch. vij et VIIIe parlant des présents que Marc-Antoine fit à Cléopatre, observe que cet amant prodigue lui donna toutes les villes situées entre l'Egypte et l'Eleuthéros, à la réserve de Tyr et de Sydon ; ces deux villes étaient donc situées entre l'Eleuthere de l'Egypte, c'est-à-dire au midi de cette rivière. En un mot, on ne sait quel est le nom moderne de l'Eleuthéros, mais on voit que ce n'est point le Kasemiech de nos jours ; ce n'est pas non plus le fleuve saint du P. Hardouin, qui est le Kadisca, dont l'embouchure est à l'orient de Tripoli qu'il traverse.

(Le Chevalier DE JAUCOURT.)