(Géographie) belle et grande province de France, avec titre de duché ; c'est l'un de ses plus importants gouvernements généraux, par sa situation sur la mer océane, dans le voisinage de l'Angleterre au septentrion, et dont elle n'est séparée que par le canal de la Manche. Elle est bornée à l'orient par la Picardie et l'île de France ; au midi, par la Beausse, le Perche et le Maine ; et au couchant, par la Bretagne. Elle a environ 60 lieues du levant au couchant, depuis Aumale jusqu'à Valogne : sa largeur du midi au septentrion, est de trente lieues, depuis Verneuil-sur-l'Aure, jusqu'à la ville d'Eu et Tréport. Son circuit est d'environ 240 lieues, dont la plus grande partie est en côtes de mer ; mais particulièrement le Cotantin qui avance dans la mer en manière de péninsule.

Ce pays du temps des empereurs Romains, faisait partie de la Gaule celtique ou lyonnaise ; ensuite les Francs ayant conquis les Gaules, ce même pays fit partie du royaume de Neustrie sous les rois Mérovingiens, et sous les Carlovingiens : après le partage fait entre les enfants de Louis le Débonnaire, cette province demeura à Charles le Chauve, roi de la France occidentale ; Charles le Simple son petit-fils, fut obligé de la céder en propriété à Rollon, chef des Normands ou Danois. Les successeurs de ce Rollon furent si puissants, que Guillaume, duc de Normandie, descendit en Angleterre et y fut couronné roi. Enfin, Philippe Auguste se rendit maître de la Normandie l'an 1203 sur Jean-Sans-terre, et la réunit à la couronne. Depuis ce temps-là, quelques-uns des rois de France jusqu'à la fin du quatorzième siècle, donnèrent à leur fils-ainé le titre de duc de Normandie, jusqu'à-ce que celui de Dauphin ait prévalu.

Cette province est une des plus riches, des plus fertiles, et des plus commerçantes du royaume ; elle est aussi celle qui donne le plus de revenu au roi. Il n'y croit presque point de vin, mais on y fait beaucoup de cidre et de poiré. Elle est arrosée de plusieurs rivières, dont les principales sont l'Orne, la Touque, la Rille, l'Eure, la Dive et la Seine. Les prairies et les pâturages en sont admirables ; la mer y est très-poissonneuse, et le poisson en est excellent.

Il se fait beaucoup de sel blanc dans l'Avranchin, le Cotantin et le Bessin, dont on sale les beurres du pays. Il s'y trouve plusieurs mines de fer, et quelques-unes de cuivre ; les verreries y sont en grand nombre ; son principal commerce consiste en laines, draperies, toiles, pêche, etc.

La Normandie comprend sous la métropole de Rouen, six évêchés ; l'on compte dans ses sept diocèses 80 abbayes, et 4289 paroisses. Les pairies et duchés de cette province qui subsistent, sont Eu ; Aumale, Elbeuf et Harcourt.

Je n'entrerai point dans le gouvernement civil et militaire de ce pays, encore moins dans les détails particuliers ; on a sur tout cela, une description historique et géographique en deux volumes in-4 °. avec figures ; je dirai seulement que c'est la province du royaume qui a produit le plus de gens d'esprit et de goût pour les Sciences. (D.J.)