S. f. (Art militaire) est un nombre considérable de troupes d'infanterie et de cavalerie jointes ensemble pour agir contre l'ennemi. Cette définition regarde les armées de terre. On peut définir celles de mer, qu'on appelle armées navales, la réunion ou l'assemblage d'un grand nombre de vaisseaux de guerre qui portent des troupes destinées à agir contre les vaisseaux ennemis. Voyez FLOTTE, VAISSEAU, etc.

On comprend dans ce qui compose l'armée, l'artillerie, c'est-à-dire le canon et les autres machines de guerre en usage dans l'attaque et la défense.

" Toutes les troupes d'une armée étant divisées en escadrons et en bataillons, ces différents corps de cavalerie et d'infanterie peuvent être considérés comme les éléments de l'armée, de même que les hommes le sont de tous les corps dont elle est composée. Ainsi la formation de l'armée ne dépend que de l'arrangement des bataillons et des escadrons : comme l'action la plus considérable qu'elle puisse faire, est celle de livrer bataille, on appelle ordre de bataille celui qui s'observe dans la position des bataillons et des escadrons de l'armée.

On place les bataillons et les escadrons à côté les uns des autres, par les mêmes motifs qui font placer les hommes de cette manière dans les différentes troupes : mais ces troupes ainsi placées dans l'ordre de bataille, ne sont point appelées troupes en rang, mais troupes en ligne ou en bataille ; et l'on ne dit point non plus un rang de troupes, mais une ligne de troupes.

On met les troupes les unes derrière les autres, par les mêmes raisons qui font placer ainsi les hommes dont elles sont composées : mais on ne se sert pas du terme de fîle par rapport à cet arrangement. Si celles qui sont postées les unes derrière les autres sont destinées à se suivre, et qu'elles soient en grand nombre, on les appelle troupes en colonne, l'on dit colonne de troupes, et non pas fîle de troupes. Si les troupes placées les unes derrière les autres ne sont pas destinées à se suivre, on ne les considère point par rapport à l'arrangement précédent, mais seulement par rapport aux autres troupes avec lesquelles elles sont en ligne. Ce dernier cas est beaucoup plus commun dans l'ordre de bataille que le premier.

Le nombre des lignes qu'on doit donner à l'armée n'est pas fixé, non plus que le reste de l'ordre de bataille : la différence des pays et des terrains où l'on doit combattre, et la disposition des ennemis, peuvent y occasionner des changements considérables. Ainsi il parait qu'on doit définir l'ordre de bataille : l'ordre et l'arrangement des bataillons et des escadrons d'une armée par rapport au terrain et aux desseins du général, et par rapport à l'arrangement que les ennemis ont pris ou qu'ils peuvent prendre.

On n'entreprend point ici de donner tous les différents ordres de bataille ou exécutés ou possibles : on se contentera pour en donner une idée, d'en supposer un qui soit le plus conforme aux maximes en usage, et qu'on regardait encore dans la guerre de 1701, comme des règles dont on ne devait point s'écarter. On est fondé à en user ainsi sur ce qui se pratique réellement lorsqu'on assemble une armée. On suppose d'abord un ordre à peu-près tel qu'on Ve le décrire, pour assigner et pour apprendre à chaque troupe le poste où elle doit être : on en fait un état dont on distribue des copies aux officiers principaux. Cet ordre n'est pas pour cela regardé comme quelque chose de fixe, et le général y fait dans la suite les changements qu'il juge à propos.

Voici les maximes qui dans les dernières guerres servaient de base à l'ordre de bataille. "

Principes ou maximes qui servent de fondement à l'ordre de bataille. Première maxime. " Former l'armée sur deux lignes de troupes.

La ligne la plus proche des ennemis est appelée la première ligne ; celle qui suit immédiatement, la seconde ; celle qui suit la seconde, la troisième ; et ainsi de suite si l'on a un plus grand nombre de lignes : ce qui arrive lorsque le terrain ne permet pas que l'armée soit seulement sur deux lignes. "

II. maxime. " Garder quelques troupes outre celles qui composent les deux lignes, pour s'en servir au besoin, à porter du secours dans les endroits où il est nécessaire. Le corps composé de ces troupes, ou de bataillons et d'escadrons, est appelé réserve dans l'ordre de bataille. On en a Ve jusqu'à trois dans les grandes armées. Le poste le plus naturel des réserves est derrière la seconde ligne. "

III. maxime. " Mettre toute l'infanterie au milieu de l'armée. L'espace qu'elle occupe ainsi placée se nomme le centre. "

IV. maxime. " Placer la cavalerie également sur les deux flancs de l'infanterie. Cette cavalerie de chaque ligne se nomme alors ailes de cavalerie. "

V. maxime. " Laisser entre les bataillons un intervalle égal à leur front, et observer la même chose entre les escadrons ; en sorte que par cette disposition les lignes aient autant de vide que de plein : ce qui fait que les bataillons et les escadrons peuvent se mouvoir facilement, et exécuter les différents mouvements qui leur sont ordonnés par le général, sans que pour cela ils s'embarrassent les uns les autres. "

VI. maxime. " Placer les bataillons et les escadrons de la seconde ligne vis-à-vis les intervalles de ceux de la première, afin qu'en cas de besoin les troupes de la seconde ligne puissent secourir aisément celles de la première ; et que si les troupes de cette première ligne sont battues et mises en désordre, elles trouvent les intervalles de la seconde, par où elles peuvent se retirer sans causer de désordre à cette ligne, et qu'enfin elles puissent se rallier ou reformer derrière. "

VII. maxime. " Placer la seconde ligne environ à trois cens pas, ou cent cinquante taises de la première, afin que le feu des ennemis ne parvienne pas jusqu'à l'endroit qu'elle occupe. Dans le moment du combat, la seconde ligne s'approche davantage de la première ; mais à cent taises elle perd du monde, et elle en perd beaucoup plus à cinquante taises et à vingt-cinq. "

Observations sur les maximes précédentes. " Suivant ces maximes une armée doit avoir une très-grande étendue de la droite à la gauche, et très-peu de profondeur de la tête à la queue.

Pour connaître cette étendue, il faut savoir le nombre des bataillons et des escadrons dont la première ligne doit être composée, et quel doit être l'intervalle qui les sépare. Comme on connait l'espace qu'occupe un bataillon et un escadron, il ne s'agit plus que d'une simple multiplication pour savoir l'étendue du terrain de cette première ligne, et par conséquent celui du front de l'armée.

Si l'on objecte à cela que les bataillons et les escadrons peuvent être fort différents les uns des autres, et qu'ainsi le calcul qu'on vient d'indiquer ne peut être exact, on répondra à cette objection, que si ces troupes diffèrent considérablement entr'elles, c'est aux officiers à qui il importe particulièrement de connaître le terrain que l'armée doit occuper, de s'instruire de ces différences pour y avoir égard dans le calcul. Si ces différences ne sont pas considérables, ou si elles ne viennent que du nombre complet des troupes, on peut sans erreur sensible ajouter la moitié de la différence des plus fortes troupes aux plus petites, et regarder ensuite comme égales celles de la même espèce : autrement il faut calculer l'étendue de chaque troupe en particulier, et les additionner ensemble avec les intervalles convenables. Ce calcul est un peu plus long que le précédent : mais il faut convenir aussi qu'il n'a rien de difficile.

M. le maréchal de Puysegur propose dans son excellent livre de l'art de la guerre, pour déterminer exactement le terrain nécessaire à une armée, de régler au commencement de la campagne le nombre de rangs que les bataillons et les escadrons doivent avoir. Pour cela il faut examiner la force ou le nombre des hommes de chacune de ses troupes, et fixer ce qu'il peut y en avoir à chaque rang par le plus grand nombre des bataillons et des escadrons. S'il s'en trouve quelques-uns qui aient un front beaucoup plus grand que les autres, cet illustre général prétend qu'il faut leur donner un rang de plus, et en donner un de moins à ceux qui auront trop peu de front. De cette façon on pourrait regarder les bataillons et les escadrons, comme occupant toujours le même front, et faire le calcul du terrain que toute l'armée doit occuper avec une très-grande facilité.

A l'égard de la profondeur du terrain occupé par l'armée, elle ne contient que celle de deux bataillons ou de deux escadrons, avec la distance de deux lignes, qu'on peut régler de 150 taises ; ainsi cette profondeur n'aurait guère que 160 taises. On n'a point parlé des réserves dans ce calcul, parce qu'elles n'ont point de poste fixe et déterminé.

Il est difficîle de ne pas convenir qu'une étendue de 4592 taises, ou de deux lieues communes de France, telle qu'est celle du front de l'armée qu'on vient de supposer, est exorbitante par rapport à la profondeur de cette même armée. Aussi d'habiles généraux pensent-ils qu'il serait à propos de diminuer ce front en retranchant quelque chose de la grandeur des intervalles.

M. le maréchal de Puysegur est non-seulement de l'avis de ceux qui croient que les grands intervalles sont préjudiciables et qu'il faut les diminuer : mais il pense encore qu'il serait à-propos de faire combattre les troupes à lignes pleines, c'est-à-dire sans intervalle.

Il suppose, pour en démontrer l'avantage, 20 bataillons de 120 hommes de front sur six de hauteur, rangés à côté les uns des autres sans aucun intervalle, et que chaque bataillon occupe un espace de 40 taises de front : il suppose aussi 10 bataillons de pareille force, qui leur soient opposés et rangés à l'ordinaire avec des intervalles égaux à leur front : cela posé, il parait évident que les 20 bataillons battront sans difficulté les 10 opposés, et même 15 qui occuperaient un pareil front ; car lorsque deux troupes combattent l'une contre l'autre, l'avantage doit être du côté de celle qui a le plus de combattants qui agissent ensemble dans le même lieu. Il est arrivé cependant quelquefois que des lignes pleines ont été battues par des lignes tant pleines que vides : mais l'évenement en doit être attribué aux troupes de la ligne pleine, qui n'ont pas su entrer dans les intervalles de l'autre ligne, et attaquer le flanc des bataillons de cette ligne.

M. de Puysegur examine encore, si une armée rangée sur une seule ligne pleine sera placée plus avantageusement qu'une autre armée de pareil nombre de bataillons et d'escadrons rangée sur deux lignes tant pleines que vides. Il est clair qu'alors les deux armées occuperont le même front : mais il ne l'est pas moins que si des deux troupes qui ont à combattre, l'une joint tout son monde et l'autre le sépare, celle qui attaque avec tout le sien a incontestablement un avantage considérable sur la partie qu'elle attaque, et qu'elle doit battre en détail toutes celles de la troupe dont le monde est séparé.

S'il est difficîle de ne pas penser là-dessus comme l'illustre maréchal qui fait cette observation, on peut lui objecter, et il ne se le dissimule pas, que si la première ligne est rompue, la seconde vient à son secours pour en rétablir le désordre, et que la première peut alors se rallier derrière la seconde ; au lieu qu'en combattant à ligne pleine, si l'effort de cette ligne ne réussit pas, l'armée se trouve obligée de plier sans pouvoir se réformer derrière aucun autre corps qui la couvre et qui la protege. A cela M. le maréchal de Puysegur, d'accord avec le savant marquis de Santa-Crux, prétend que tout le succès d'une bataille dépend de l'attaque de la première ligne, et que si elle est rompue, la seconde ne peut guère rétablir le combat avec avantage. Ajoutez à cela, que cette seconde ligne s'avançant avec la même faiblesse dans son ordre de bataille que la première, elle sera battue avec la même facilité par la ligne pleine, qui a presque le même avantage sur cette ligne que sur la première ; on dit presque, parce qu'il n'est pas possible à la ligne pleine, de battre celle qui lui est opposée, sans déranger un peu son ordre, et que la seconde ligne arrivant dans ce moment, est en état d'attaquer la ligne pleine avec plus d'avantage que la première ne le pourrait faire. Il faut voir plus en détail dans l'ouvrage de M. le maréchal de Puysegur, tous les raisonnements par lesquels il démontre en quelque façon ce qu'il dit à l'avantage des lignes pleines. Ce détail n'est point de la nature de ce traité, et nous n'en avons dit un mot, que pour exciter les militaires à ne pas négliger l'étude d'un livre aussi utîle pour l'intelligence de leur métier, et dont ils peuvent tirer les plus grands avantages, pour en posséder parfaitement les principes. "

Des divisions de l'armée, appelées brigades. " S'il n'y avait point de division dans l'armée que celle des bataillons et des escadrons, c'est-à-dire si elle était seulement partagée en plusieurs parties par ces différentes troupes, ou bien en partie du centre et en ailes, on pourrait dire que la première de ces divisions donnerait de trop petites parties, et la seconde de trop grandes. Mais comme on a Ve par la formation des troupes en particulier qu'il ne convient pas de les composer, ni d'un trop petit nombre d'hommes, ni d'un trop grand ; il s'ensuit que les divisions de l'armée doivent être proportionnées de même d'un nombre de bataillons ou d'escadrons assez considérable pour produire de grands effets dans le combat, mais trop petit pour donner de l'embarras dans le mouvement de l'armée. Ce qu'on appelle division dans l'armée n'étant autre chose que l'union ou la liaison de plusieurs corps de troupes destinés à agir ensemble ; l'union de plusieurs bataillons ou escadrons peut donc être considérée comme une division de l'armée.

Chaque régiment peut aussi être considéré comme une division : mais comme les régiments sont très-différents en France les uns des autres par le nombre d'hommes dont ils sont composés, la division de l'ordre de bataille par régiments ne conviendrait pas ; c'est pour cela qu'on en joint plusieurs ensemble, qu'on met sous les ordres d'un même chef appelé brigadier ; et cette union de régiments, ou plutôt des bataillons ou des escadrons qu'ils composent, se nomme brigade d'armée ou simplement brigade. Voyez BRIGADIER. Il suit de-là qu'on doit définir la brigade un certain nombre de bataillons ou d'escadrons destinés à combattre et à faire le service militaire ensemble sous les ordres d'un chef appelé brigadier.

Les troupes d'une même brigade sont sur la même ligne dans l'ordre de bataille, et placées immédiatement à côté les unes des autres : elles ne sont point de différente espèce, mais seulement ou d'infanterie ou de cavalerie.

Toute l'armée est divisée par brigades : mais le nombre des bataillons ou des escadrons de chaque brigade n'est pas fixé. On regarde cependant le nombre de six bataillons ou celui de huit escadrons comme le plus convenable pour former les brigades : mais il y en a de plus fortes et de plus faibles.

Il y a encore quelques autres règles usitées dans la formation de l'ordre de bataille, par rapport au rang que les régiments ont entr'eux : mais on renvoye pour ce détail aux ordonnances militaires, qui fixent le rang de chaque régiment, et l'on se restreint à ce qu'il y a de plus essentiel et de plus général dans l'ordre de bataille.

Les brigades suivent entr'elles le rang du premier régiment qu'elles contiennent : les autres régiments sont regardés comme joints avec ce premier, et ne faisant en quelque façon que le même corps. Conformément au rang de ce régiment, on donne aux brigades les postes d'honneur qui lui conviennent ". Voyez POSTE D'HONNEUR. Essai sur la Castramétation par M. le Blond.

On a expérimenté en Europe, qu'un prince qui a un million de sujets, ne peut pas lever une armée de plus de dix mille hommes sans se ruiner. Dans les anciennes républiques cela était différent ; on levait les soldats à proportion du reste du peuple, ce qui était environ le huitième, et présentement on ne lève que le centième. La raison pourquoi on en levait anciennement davantage, semble venir de l'égal partage des terres que les fondateurs des républiques avaient fait à leurs sujets ; ce qui faisait que chaque homme avait une propriété considérable à défendre, et avait les moyens de le faire. Mais présentement les terres et les biens d'une nation étant entre les mains d'un petit nombre de personnes, et les autres ne pouvant subsister que par le commerce ou les arts, etc. n'ont pas de propriétés à défendre, ni les moyens d'aller à la guerre sans écraser leurs familles ; car la plus grande partie du peuple est composée d'artisans ou de domestiques, qui ne sont que les ministres de la mollesse et du luxe. Tant que l'égalité des terres subsista, Rome, quoique bornée à un petit état, et dénuée du secours que les Latins devaient lui fournir après la prise de leur ville, sous le consulat de Camille, levèrent cependant dix légions dans la seule enceinte de leur ville : ce qui, dit Tite-Live, était plus qu'ils ne peuvent faire à présent, quoiqu'ils soient les maîtres d'une grande partie du monde ; et la raison de cela, ajoute cet historien, c'est qu'à proportion que nous sommes devenus plus puissants, le luxe et la mollesse se sont augmentés. Voyez Tite-Live, Dec. I. liv. VII. consid. sur les caus. de la grand. des Rom. ch. IIIe p. 24.

Anciennement nos armées étaient une sorte de milice composée des vassaux et des tenans des seigneurs. Voyez VASSAL, TENANT, SEIGNEUR, SERVICE, MILICE. Quand une compagnie avait servi le nombre de temps qui lui était enjoint par son tenement ou par la coutume du fief qu'elle tenait, elle était licentiée. Voyez TENEMENT, FIEF, etc.

Les armées de l'Empire consistent en différents corps de troupes fournies par les différents cercles d'Allemagne. Voyez EMPIRE, CERCLE. La principale partie de l'armée Française, sous la première race, consistait en infanterie. Sous Pepin et Charlemagne elles étaient composées également d'infanterie et de cavalerie : mais depuis le défaut de la ligne Carlovingienne, les fiefs étant devenus héréditaires, les armées nationales, dit le Gendre, sont ordinairement composées de cavalerie.

Les armées du grand-seigneur sont composées de janissaires, de spahis, et de timariots.

ARMEE D'OBSERVATION, est une armée qui en protège une autre qui fait un siège, et qui est destinée à observer les mouvements de l'ennemi pour s'y opposer.

Suivant M. le maréchal de Vauban, lorsqu'on fait un siège, il faut toujours avoir une armée d'observation : mais elle doit être placée de manière qu'en cas d'attaque elle puisse tirer du secours de l'armée assiégeante, avec laquelle elle doit toujours conserver des communications.

ARMEE ROYALE, est une armée qui marche avec du gros canon, et qui est en état d'assiéger une place forte et bien défendue. On pend ordinairement le gouverneur d'une petite place, quand il a osé tenir devant une armée royale.

ARMEE A DEUX FRONTS, c'est une armée rangée en bataille sur plusieurs lignes, dont les troupes font face à la tête et à la queue, en sorte que les soldats des premières et des dernières se trouvent dos à dos. Cette position se prend lorsqu'on est attaqué par la tête et par la queue. (Q)

ARMEE NAVALE : on appelle ainsi un nombre un peu considérable de vaisseaux de guerre réunis et joints ensemble : lorsque ce nombre ne passe pas douze ou quinze vaisseaux, on dit une escadre.

Quelques-uns se servent du mot de flotte, pour exprimer une escadre ou une armée navale peu considérable : mais cette expression n'est pas exacte ; on la réserve pour parler de vaisseaux marchands qui sont réunis pour naviger ensemble. Voyez FLOTTE.

Une armée navale est plus ou moins forte, suivant le nombre et la force des vaisseaux dont elle est composée. La France en a eu de considérables à la fin du siècle dernier, et au commencement de celui-ci. En 1690, l'armée navale commandée par M. le comte de Tourville, vice-amiral de France, était de 116 voiles ; savoir 70 vaisseaux de ligne, depuis 100 canons jusqu'à 40 canons ; 20 brulots, 6 frégates, et 20 bâtiments de charge.

En 1704, l'armée navale commandée par M. le comte de Toulouse était de 50 vaisseaux de ligne, depuis 104 canons jusqu'à 54 canons ; de quelques frégates, brulots, et bâtiments de charge, avec 24 galeres.

Nous divisons nos armées navales en trois corps principaux, ou trois escadres, qu'on distingue par un pavillon qu'ils portent au mât d'avant ; l'une s'appelle l'escadre bleue, l'autre l'escadre blanche, et la troisième l'escadre bleue et blanche. L'escadre blanche est toujours celle du commandant de l'armée. Ces trois escadres forment une avant-garde, un corps de bataille, et une arriere-garde ; chaque vaisseau porte des flammes de la couleur de son escadre.

L'avant-garde est l'escadre la plus au vent, et l'arriere-garde, celle qui est sous le vent. Lors du combat ces trois escadres se rangent sur une même ligne, autant qu'il est possible ; de sorte que le commandant se trouve au milieu de la ligne. (Z)