S. f. (Histoire moderne) ce terme a bien des significations ; c'est un ordre, un honneur militaire, une marque ou degré d'ancienne noblesse, la récompense de quelque mérite personnel. Voyez CHEVALIER et NOBLESSE.

Il y a quatre sortes de chevalerie ; la militaire, la régulière, l'honoraire, et la sociale.

La chevalerie militaire est celle des anciens chevaliers, qui s'acquérait par des hauts faits d'armes. Voyez CHEVALIER.

Ces chevaliers sont nommés milites dans les anciens titres : on leur ceignait l'épée et on leur chaussait les éperons dorés, d'où leur vient le nom de equittes aurati, chevaliers dorés.

La chevalerie n'est point héréditaire : elle s'obtient. On ne l'apporte pas en naissant comme la simple noblesse ; et elle ne peut point être révoquée. Les fils des rois et les rois même, avec tous les autres souverains, ont reçu autrefois la chevalerie, comme une marque d'honneur ; on la leur conférait d'ordinaire avec beaucoup de cérémonies à leur baptême, à leur mariage, à leur couronnement, avant ou après une bataille, etc.

La chevalerie régulière est celle des ordres militaires où on fait profession de prendre un certain habit, de porter les armes contre les infidèles, de favoriser les pélerins allant aux lieux saints, et de servir aux hôpitaux où ils doivent être reçus. Tels étaient jadis les Templiers, et tels sont encore les chevaliers de Malthe, etc. Voyez TEMPLIER, MALTHE, etc.

La chevalerie honoraire est celle que les princes confèrent aux autres princes, aux premières personnes de leurs cours, et à leurs favoris. Tels sont les chevaliers de la jarretière, du S. Esprit, de la taison d'or, de S. Michel, etc. Voyez JARRETIERE, etc. mais cette chevalerie est aussi une association à un ordre qui a ses statuts et ses règlements.

La chevalerie sociale est celle qui n'est pas fixe, ni confirmée par aucune institution formelle, ni réglée par des statuts durables. Plusieurs chevaleries de cette espèce ont été faites pour des factions, des tournois, des masquarades, etc.

L'abbé Bernardo Justiniani a donné au commencement de son histoire des ordres de chevalerie, un catalogue complet de tous les différents ordres, qui selon lui, sont au nombre de 92. Favin en a donné deux volumes sous le titre de théâtre d'honneur et de chevalerie. Ménénius publia les deliciae equestrium ordinum ; et André Mendo a écrit de ordinibus militaribus. Belloy a traité de leur origine ; et Gelyot, dans son indice armorial, nous en a donné les institutions. A ceux là on peut ajouter le père Menestrier sur la chevalerie ancienne et moderne ; le trésor militaire de Michieli ; la theologia regolare de Caramuel ; origines equestrium sive militarium ordinum de Miraeus ; et surtout l'historie chronologiche dell'origine de gl'ordini militari, et di tutte le relligioni cavaleresche de Justiniani : l'édition la plus ample est celle de Venise en 1692. 2 vol. in-folio. On peut voir aussi le père Honoré de Sainte-Marie, carme déchaussé, dans ses dissertations historiques et critiques sur la chevalerie ancienne et moderne ; ouvrage qu'il a fait à la sollicitation de l'envoyé du duc de Parme, dont le souverain Français, duc de Parme et de Plaisance, cherchait à ressusciter l'ordre de Constantin dont il se disait le chef. (G) (a)

C'est dans les lois du combat judiciaire, voyez CHAMPION, que l'illustre auteur de l'esprit des lois cherche l'origine de la chevalerie. Le désir naturel de plaire aux femmes, dit cet écrivain, produit la galanterie qui n'est point l'amour, mais le délicat, le leger, le perpétuel mensonge de l'amour. Cet esprit de galanterie dut prendre des forces, dit-il, dans le temps de nos combats judiciaires. La loi des Lombards ordonne aux juges de ces combats, de faire ôter aux champions les armes enchantées qu'ils pouvaient avoir. Cette opinion des armes enchantées était alors fort enracinée, et dut tourner la tête à bien des gens. De-là le système merveilleux de la chevalerie ; tous les romans se remplirent de magiciens, d'enchantements, de héros enchantés ; on faisait courir le monde à ces hommes extraordinaires pour défendre la vertu et la beauté opprimée ; car ils n'avaient en effet rien de plus glorieux à faire. De-là naquit la galanterie dont la lecture des romans avait rempli toutes les têtes ; et cet esprit se perpétua encore par l'usage des tournois. Voyez TOURNOIS. (O)

CHEVALERIE, (Jurisprudence) Le cas de chevalerie, c'est-à-dire quand le seigneur fait son fils chevalier, est un de ceux où il peut dans certaines coutumes lever la taille aux quatre cas. Voyez TAILLE AUX QUATRE CAS.

Aide de chevalerie, est la même chose que la taille qui se lève lorsque le seigneur fait son fils chevalier. Voyez AIDE.

CHEVALERIE, termes de Coutumes, se dit de quelques lieux, terres, ou métairies, chargés de logement de gens de guerre à cheval.

Chevalerie s'est aussi dit de certains fiefs ou héritages nobles, dont le tenancier devait au seigneur l'hommage lige. (A)