S. f. (Histoire moderne) est une qualité ou titre d'honneur qu'on donne aux ambassadeurs et à d'autres personnes qu'on ne qualifie pas de celui d'altesse ; parce qu'ils ne sont pas princes, mais qu'ils sont au dessus de toutes les autres dignités inférieures. Voyez QUALITE.

En Angleterre et en France on ne donne ce titre qu'aux ambassadeurs : mais il est fort commun en Allemagne et en Italie. Autrefois ce titre était réservé pour les princes du sang des différentes maisons royales ; mais ils l'ont abandonné pour prendre celui d'altesse, parce que plusieurs grands seigneurs prenaient celui d'excellence. Voyez ALTESSE.

Les ambassadeurs ne sont en possession de ce titre que depuis 1593, quand Henri IV. roi de France envoya le duc de Nevers en ambassade auprès du pape, où il fut d'abord complimenté du titre d'excellence. Dans la suite on donna le même nom à tous les ambassadeurs résidents dans cette cour, d'où cet usage s'est répandu dans les autres. Voyez AMBASSADEUR.

Les ambassadeurs de Venise ne jouissent de ce titre que depuis 1636, temps auquel l'empereur et le roi d'Espagne consentirent à le leur donner.

Les ambassadeurs des têtes couronnées ne veulent point donner ce titre aux ambassadeurs des princes d'Italie, où cet usage n'est point établi.

La cour de Rome n'accorde jamais la qualité d'excellence à aucun ambassadeur quand il est ecclésiastique, parce qu'elle la regarde comme un titre séculier. Les règles ordinaires et l'usage du mot excellence ont varié un peu par rapport à la cour de Rome. Autrefois les ambassadeurs de France à Rome, donnaient le titre d'excellence à toute la famille du pape alors régnant, au connétable Colonne, au duc de Bracciano, et aux fils ainés de tous ces seigneurs, de même qu'aux ducs Savelli, Cesarini, &c.... mais à présent ils sont plus réservés à cet égard ; cependant ils traitent toujours d'excellence toutes les princesses romaines.

La cour de Rome de son côté, et les princes romains donnent ce même titre au chancelier, aux ministres et secrétaires d'état, et aux présidents des cours souveraines en France, aux présidents des conseils d'Espagne, au chancelier de Portugal, et à ceux qui remplissent les premières places dans les autres états, pourvu qu'ils ne soient point ecclésiastiques.

Le mot excellence était autrefois le titre que portaient les rois et les empereurs : c'est pourquoi Anastase le bibliothécaire appelle Charlemagne son excellence. On donne encore ce titre au sénat de Venise ; où après avoir salué le doge sous le titre de sérénissime, on qualifie les sénateurs de vos excellences.

Le liber diurnus pontif. rom. traite d'excellence les exarques et les patriciens. Voyez TITRE.

Les François et les Italiens ont renchéri sur la simple excellence, et en ont fait le mot excellentissime et excellentissimo, qui a été donné par plusieurs papes, rais, etc. mais le mot excellentissime n'est plus d'usage en France. Wiquefort et Chambers. (G)