(Histoire moderne) peuple de l'Asie orientale, qui habite les confins de la Sibérie, sur les bords de l'Océan oriental ; ils sont au nord de Korekis, et de la peninsule de Kamtchatka, qui est soumise à l'empire de Russie ; ils sont séparés du pays des Korekis, par la rivière Anadir, et vivent dans l'indépendance. Ces peuples habitent dans des cabanes sous terre, à cause de la rigueur du froid qui règne dans ce climat ; ils se nourrissent de poisson qu'ils pêchent dans la mer, ou de la chair des rennes, dont ils ont de grands troupeaux, et qu'ils emploient aux mêmes usages que l'on fait ailleurs des chevaux ; ils se font tirer par ces animaux attelés à des traineaux, et voyagent de cette manière. Ces peuples, ainsi que ceux de leur voisinage, n'ont ni idée de Dieu, ni culte, ni temps marqué pour faire des sacrifices ; cependant de temps à autre, ils tuent une renne ou un chien, dont ils fixent la tête et la langue au haut d'un pieu ; ils ne savent point eux-mêmes à qui ils font ces sacrifices, et ils n'ont d'autre formule que de dire ; c'est pour toi, puisse-tu nous envoyer quelque chose de bon.

Les Tchukotskoi n'ont point une morale plus éclairée que leur religion. Le vol est chez eux une chose estimable, pourvu que l'on ne soit point découvert. Une fille ne peut être mariée à moins qu'elle n'ait fait preuve de son savoir faire en ce genre. Le meurtre n'est pas non plus regardé comme un grand crime, à moins que ce ne soit dans sa propre tribu, alors ce sont les parents du mort qui se vengent sur le meurtrier. La polygamie est en usage parmi eux ; ils font part de leurs femmes et de leurs filles à leurs amis, et regardent comme un affront, lorsqu'on refuse leur politesse. Les Tchukotskoi sont de dangereux voisins pour les Korekis et pour les sujets de la Russie, chez qui ils font de fréquentes incursions.