S. m. (Histoire moderne) grand bâtiment public destiné à loger les caravanes. Voyez CARAVANE.

Ce mot vient de l'arabe cairawan, ou du persan karwan, qui signifie caravane, et de serrai, hôtel ou grande maison, c'est-à-dire hôtellerie des voyageurs.

Ces caravanserais, ou, comme Chardin les appele, caravanserails, sont en grand nombre dans l'Orient, où ils ont été bâtis par la magnificence des princes des différents pays.

Ceux de Schiras et de Casbin en Perse passent pour avoir couté plus de soixante mille écus à bâtir ; ils sont ouverts à tous venans, de quelque nation et religion qu'ils soient, sans que l'on s'informe ni de leur pays, ni de leurs affaires, et chacun y est reçu gratis.

Les caravanserais sont ordinairement un vaste et grand bâtiment carré, dans le milieu duquel se trouve une cour très-spacieuse : sous les arcades qui l'environnent, règne une espèce de banquette élevée de quelques pieds au-dessus du rez-de-chaussée, où les marchands et voyageurs se logent comme ils peuvent eux et leurs équipages ; les bêtes de somme étant attachées au pied de la banquette. Au-dessus des portes qui donnent entrée dans la cour, il y a quelquefois de petites chambres que les concierges des caravanserais savent louer fort cher à ceux qui veulent être en particulier.

Quoique les caravanserais tiennent en quelque sorte lieu en Orient des auberges, il y a cependant une différence très-grande entr'eux et les auberges ; c'est que dans les caravanserais, on ne trouve absolument rien ni pour les hommes ni pour les animaux, et qu'il y faut tout porter ; ils sont ordinairement bâtis dans des lieux arides, stériles et déserts, où l'on ne peut faire venir de l'eau que de loin et à grands frais, n'y ayant point de caravanserai sans sa fontaine. Il y en a aussi plusieurs dans les villes où ils servent non-seulement d'auberge, mais encore de boutique, de magasin, et même de place de change.

Il n'y a guère de grandes villes dans l'Orient, surtout de celles qui sont dans les états du grand seigneur, du roi de Perse, et du Mogol, qui n'aient de ces sortes de bâtiments. Les caravanserais de Constantinople, d'Ispahan, et d'Agra, capitales des trois empires, sont surtout remarquables par leur magnificence et leur commodité.

En Turquie, il n'est permis qu'à la mère et aux sœurs du grand-seigneur, ou aux vizirs et bachas qui se sont trouvés trois fois en bataille contre les Chrétiens, de fonder des caravanserais. (G)