S. m. (Histoire moderne) corps de cavalerie de la maison du Roi de France, de deux cent maîtres, destinée à la garde de la personne de Sa Majesté.

Henri IV. avant que d'être roi de France, agréa cette compagnie qui lui fut amenée de Navarre en 1570. C'était la compagnie d'ordonnance de ce prince. Tous les princes et seigneurs avaient, sous la permission et l'aveu de nos rais, de pareilles compagnies, qui formaient en ce temps-là le corps de la gendarmerie française ; elles étaient distinguées de la cavalerie légère, et par la qualité des personnes, et par l'espèce de leurs armes. C'est sur le pied de compagnie d'ordonnance qu'elle servit dès 1570, sous Henri alors prince, puis roi de Navarre en 1572, et ensuite roi de France en 1589 ; mais en 1593, Henri la créa ou l'établit sous le titre de chevaux-legers, et la substitua aux deux compagnies de cent gentilshommes chacune de sa maison, dits au bec de corbin, réservés seulement pour les grandes cérémonies. Il s'en servit pour sa garde ordinaire à cheval, et s'en fit capitaine. Elle fut même la première garde à cheval de la personne de nos rais.

L'uniforme des chevaux-legers est un habit écarlate, doublure rouge, parements de velours noir coupés, et poches en-travers galonnées d'or en plein, et brandebourgs d'or sur le tout ; boutons et boutonnières d'argent, ceinturon garni d'or et noir, veste couleur de chamois galonnée et bordée d'or à boutons d'argent, culotte et bas rouges, chapeau bordé d'or et d'argent, plumet blanc ; l'équipage du cheval, de drap écarlate, galonné d'or et bordé d'argent.

Cette compagnie est d'autant plus distinguée, que de tous temps elle a été composée de gentilshommes et de capitaines qui s'étaient signalés dans les différentes occasions. Ils ont tous les privilèges qui sont accordés aux commensaux de la maison du Roi ; et comme ils n'ont pas jugé à propos en 1629 de changer le nom de gendarmes en celui de carabiniers ou de mousquetaires, sur lesquels ils avaient alors le pas et la préséance, Louis XIII. les fit précéder par sa compagnie de mousquetaires, qu'il affectionnait plus que les autres ; mais, comme prince juste, il conserva aux chevaux-legers le premier poste de sa garde, dont elle jouit toujours, et marche immédiatement avant le Roi, de la personne duquel elle n'est séparée que dans les grandes cérémonies. Alors les cent suisses, plus les gardes de la prevôté de l'hôtel, qui les uns et les autres ne servent qu'à pied, marchent entre les chevaux-legers et le Roi. On remarque, à la gloire de cette compagnie, que jamais elle n'a été battue, et que les ennemis n'ont jamais pu lui enlever ni ses timbales, ni ses étendarts ; et lorsqu'elle a été forcée de céder à un nombre beaucoup plus supérieur que celui de son corps, elle s'est toujours retirée en bon ordre, sans pouvoir être entamée par une troupe ennemie.

Le Roi s'est toujours réservé le titre de capitaine de cette compagnie, qu'il commande en personne ; et le commandant qui le représente ne prend jamais, comme ils font dans les autres compagnies, la qualité de capitaine-lieutenant. Cette compagnie est donc, sous le Roi, composée d'un commandant, d'un lieutenant, de deux sous-lieutenans, de quatre cornettes, faisant huit officiers supérieurs ; de dix maréchaux des logis, dont deux aides majors en chef, de quatre brigades et d'un escadron. Elle monte à 210 chevaux-legers de la garde, dont plusieurs ont commission de capitaines de cavalerie, compris huit brigadiers, huit sous brigadiers, quatre porte-étendarts, quatre aides-majors de brigades qui sont arbitraires, et les dix anciens chevaux-legers de la garde, dispensés de service, qui jouissent des privilèges : plus deux fourriers ordinaires et extraordinaires, avec quatre trompettes et un timbalier. Les quatre étendarts sont de soie blanche, avec la foudre qui écrase les géants, et pour devise ces mots, sensere gigantes, brodés et frangés d'or.

Il y a une des quatre brigades détachée sur le guet, composée de cinquante chevaux-legers, compris deux brigadiers et deux sous-brigadiers, qui sert toujours à la garde ordinaire du Roi avec les officiers ; et de plus un chevau-leger qui Ve prendre tous les matins l'ordre de Sa Majesté, et le rapporte au corps de sa compagnie, et de même le soir Ve prendre le mot du guet. Lemau de la Jaisse, alm. milit. (G) (a)